mardi 23 décembre 2014

Entre la peste et le choléra....

Bonjour les gens...

Qui dit fêtes de fin d’année dit aussi... accidents de la route. Il parait que les grands sorciers du pays ont besoin de sang frais à cette période, et par conséquent  placent leurs djoundjous kalaba sur tous les grands axes histoire d'effrayer quelques chauffeurs qui ne manqueront pas de finir sur le bas coté, la voiture renversée ou complètement broyée. Enfin, ça c'est la version des marabouts et des églises de réveil. La version pragmatique, celle à laquelle j’adhère le plus, veut que les gens lèvent le coude encore plus que d' habitude, ce qui en soit est déjà un exploit, et avec le trafic important dû aux fêtes, le taux d'accidents de la route augmente logiquement.


Du coup, on aurait presque envie de se terrer chez soi pour attendre que la pression diminue. Encore que... un camion de sable a fini sa course récemment dans la maison de quelqu'un, sur la nouvelle route à Bonaberi. Tu dors tranquillement dans ton lit, et tu te réveilles au paradis. Et ce n'est pas à cause d'un AVC. Malchance. On n'est à l'abri nulle part en fait.
Le problème c'est qu'en Décembre, on est amenés à voyager régulièrement. Entre les mariages, les baptêmes, les amis mbenguistes qui veulent à tout prix aller en pèlerinage à Kribi ou à Limbé, les occasions de prendre la route sont nombreuses. Et on a beau redoubler de vigilance et être très prudents, quand on a des grumiers qui tentent des dépassements hasardeux à des virages, la mort n'est jamais très loin. On fait comment alors?

J'ai longtemps cru que la solution était toute trouvée entre Douala et Yaoundé : prendre l'InterCity! Rapide, confortable, très ponctuels à ses débuts, et surtout sûr. En prime, un service novateur : la location de tablettes tactiles avec des films, des documentaires, de la musique et consort, à mille francs pendant le trajet. Elle est pas belle la vie? Elle l'a été, au début en tout cas. Et puis les camerouniaiseries ont pris le dessus. L'absence d'infrastructures et la vétusté des équipements ont rattrapé violemment l'équipe marketing de Camrail qui a mis sur pied cette offre pour les voyageurs.

Premier obstacle : l'unicité de la voie. Si un train marchandise tombe en panne, vous êtes obligés d'attendre qu'on le dépanne pour qu'il libère la voie. Si il est en retard, vous devez encore patienter, le temps qu'il passe. Je pense que les habitués de l'InterCity doivent déjà connaitre la chanson : immobilisés une dizaine de minutes au moins à une gare et l'hôtesse qui annonce l'excuse dans les hauts parleurs "Croisement"... Ne rêvez pas que l'InterCity sera prioritaire un jour sur les trains marchandises, qui sont le réel gombo de Bolloré au Cameroun. Pour la petite anecdote, il était même prêt, ce cher français, à supprimer les trains passagers qui s'arrêtent dans tous les petits villages bassa'a là, qui sont très enclavés.Aucun intérêt pécuniaire pour lui. Heureusement que les grands sorciers bassa'a ont dit à ses gars que le train marchandises serait prié de prendre les airs et d'éviter de toucher le sol bassa'a. On ne tente jamais les grands sorciers.
 Ce qu'il faut savoir, c'est que le transport de passagers par train au Cameroun est certes géré par Camrail mais il est resté sous le contrôle de l’État, à qui tout est refacturé. C'est l' État qui investit, et le ministère des transports est entièrement impliqué dans tous les processus. Comme nous sommes au Cameroun et qu'on sait comment ça se passe, je vous laisse imaginer les frais de mission, les jetons de présence, et tout l'argent que les agents du ministère des transports se font allègrement sur le dos de l'InterCity. Et pendant ce temps, on roule sur une voie, en faisant en 3h40 dans le meilleur des cas un trajet qui pourrait être fait en deux heures si il y avait les infrastructures et le matériel nécessaires.... Et dans les pires des cas, on dort en route. Littéralement.

Et puis le système de vente des billets... Une véritable honte en 2014. ll est... manuel. Quand vous arrivez au guichet, un agent camrail, muni de son bic, se met à remplir un ensemble de choses qui prennent quand même du temps. Résultat : des files interminables pour acheter son billet, et généralement, des embarquements en catastrophe. A la pauvre hôtesse de gérer dans le train pour faire payer ceux qui n'ont pas pu payer en gare et leur trouver des places assises.


En vérité, quand j'ai un rendez vous important à Yaoundé pour lequel il faut que je sois ponctuelle, je préfère prendre le bus. Je prie avant d'embarquer, je prie pendant tout le trajet, mais je suis quasiment sûre d'arriver à temps. Surtout avec une compagnie comme Touristique. Et même si on a une panne en route, je peux toujours faire du stop (non en fait, je ne fais pas de stop moi). Mais dans le train, quand on cale en brousse au milieu de nulle part, bah, on est calés et on ne peut qu'attendre.
Quand je n'ai aucune pression, je prends le train. Au moins, là, je dors tranquille et puis je ne m'ennuie pas. Mine de rien, ils ont quand même essayé à une époque de faire quelque chose de convenable et essaient toujours. Mais pas facile quand les cartes ne sont pas vraiment en main. 
Finalement, l'intention était louable mais comme beaucoup de choses dans ce pays, les pré-requis n'étaient pas là. Au final, on se retrouve avec un système médiocre....

En tout cas, on attend 2035, n'est ce pas?
Bonne fêtes et soyez prudents!


mercredi 5 novembre 2014

Je t'aime... moi non plus. Et les enfants alors?

Hello les gens!

L'autre jour, je discutais avec un cousin éloigné que je n'ai pas vu depuis plus d'un an, qui a une fille du même âge que mon fils à peu près, deux ans. Je lui demandais comment allait la petite, et il m'a répondu qu'il n'en savait rien.
J'ai été surprise, car je ne me souvenais pas de lui comme d'un lâche irresponsable. Je me souviens avoir trouvé la petite et sa nounou plusieurs fois chez lui dans la semaine, du temps où je le voyais encore régulièrement, parce qu'il tenait à passer du temps avec sa fille, même en étant séparé de sa mère. Elle avait encore six mois. Il achetait des packs d'eau, du lait, qu'il allait déposer chez la mère. C'était la prunelle de ses yeux.
Qu'est ce qui a bien pu se passer en un an?

"Sa mère m'a fait comprendre que c'était la petite ET elle ou rien. Et comme je n'ai jamais eu l'intention de l'épouser, elle m'a dit d'oublier ma fille."

Et voilà. Une petite fille qui va passer toute son enfance à poser des questions à sa mère sur son père, à se demander pourquoi ce dernier l'a abandonnée et si elle n'était pas digne de lui. Et bien entendu, la probabilité pour que sa mère lui dépeigne un portrait horrible de son géniteur est proche de 1.

Ont-ils songé à l'équilibre de cette petite fille avant de la mettre au milieu de ce qui ressemble finalement à une sordide histoire de fesses qui a mal tourné? Je ne pense pas.

J'ai demandé à mon cousin pourquoi il ne se battait pas pour voir son enfant. Le Cameroun c'est peut être le Cameroun, mais j'ai déjà entendu de nombreux cas allés en justice où le droit de visite a été imposé à la mère, qui garde la main jusqu'à ce que l'enfant ait sept ans. Après, le combat est à armes égales. En prime, il a reconnu l'enfant. Il m'a répondu, repris en échos par tous les membres de la famille présents "On ne bagarre pas pour un enfant. Quand elle grandira, elle me cherchera et me trouvera. Je serai toujours là pour elle. Mais je ne vais pas lutter avec sa mère". Cette philosophie, curieusement partagée par un grand nombre de personnes au Cameroun, reste incompréhensible pour moi. Et si tu meurs entre temps? Et si ta fille meurt entre temps? Les précieux moments perdus ne peuvent jamais être rattrapés. Alors pourquoi ne pas se battre? Expliquez moi aussi parce que je n'y comprends rien.

Et la mère alors...
Un exemple typique d'une folie qui prend quand même beaucoup de camerounaises hein...
Depuis quand on piège un homme avec un enfant, surtout de nos jours?
Pour la petite histoire, mon cousin était déjà marié quand il a rencontré la mère de sa fille, sa femme vivant à Mbeng. Dès le départ donc, il était entendu qu'entre les deux que ce serait un échange de bons procédés et de fluides corporels sans plus. Malheureusement, la belle s'est prise à rêver d'être calife à la place du calife et il n'a pas respecté la consigne que je donne à tous mes frères qui ne veulent pas garder leur affaire dans leur slip quand leur moitié n'est pas dans les parages : Protèges toi et SURTOUT.... ne titularises jamais une remplaçante dans le remplacement.
Vous comprenez le truc? Un but sort. Quand vous prenez une carte d'abonnement chez une femme en particulier, sachez qu'elle va vouloir la place de la titulaire à la longue.
Pardon, je ne fais pas une ode à l'infidélité. Je n'encourage pas la bordellerie masculine. Zéro tolérance de mon coté. Mais je donne un conseil précieux à mes frères. Être fidèles, c'est l'idéal mais quand vous trompez, faites le intelligemment et débrouillez vous pour qu'il n y ait pas de retour de boomerang. Vous êtes innocents jusqu'à ce que votre femme l'apprenne.
Les purs bandits l'ont compris et n'ont pas de maîtresse attitrée et régulière. Mais ils sont peu nombreux. C'est eux qu'on appelle les gars bien, ceux qui sont très sérieux là, à qui on donne le bon Dieu sans confession....
Les autres s'exposent au niais. Peu de femmes restent froides au point de rester indéfiniment dans leur "couloir" lorsqu'elles ont un amant régulier marié. Plus vous venez, plus elle gagne en confiance, et plus elle se voit sur le trône. Peu importe comment elle y arrive, la fin justifie les moyens. Elle va voir votre femme, la narguer... Et souvent, elle essaie de vous piéger....avec un enfant.
Et c'est ce qui s'est passé avec mon cousin. Sa titulaire au poste de remplaçante lui a annoncé qu'elle était enceinte. Mieux, elle a elle même averti la femme de son gars. Qui après quelques semaines d'énervement, a fini par pardonner à son mari et à lui dire que le bébé était la bienvenue chez...eux.
Pas du tout du goût de la mère de la petite qui serré les dents pendant quelques mois, puis a fini par lâcher sa bombe : tu divorces et tu m'épouses ou tu oublies ta fille!

C'est ridicule à souhait. Irresponsable. Voire méchant.
Un enfant a besoin de ses deux parents pour bien grandir. Même séparés. Une figure paternelle et une figure maternelle. Quand votre histoire a mal tourné, il faudrait songer avant tout à cet enfant, qui a 50% de gènes qui viennent de quelqu'un. A moins que ce quelqu'un ne soit un criminel pédophile, vous n'avez aucun droit de priver cet enfant de la moitié de ses gènes.
Enfin, c'est ma position.

Qui visiblement, n'est pas celle de bon nombre de mes compatriotes.

D'abord même c'est toute la situation qui est rocambolesque et qui illustre à souhait à quel point la société camerounais est ... torve.

Il y a aussi cette affaire de divorces là. Certes il ne faut pas se marier pour divorcer, mais c'est parfois la meilleure issue possible. Mais alors, la gestion de cette histoire là est généralement navrante, en particulier pour les enfants. Un cas de divorce où la garde est partagée et se passe avec le minimum de couacs? Rare. Très rare.

On a les cas de l'homme qui veut SES enfants. La vérité est que dans notre société, avec l'homos camerounus bantou bien machiste et consort, la personne qui s'occupe des enfants, généralement, c'est la femme. Oui, de temps en temps, il peut faire le papa gentil et jouer au foot avec ses enfants, mais le suivi régulier, c'est la mère. C'est comme ça que notre société a réparti les tâches non? L'homme c'est l'homme et la femme c'est la femme.
Vraiment, ceux qui ont des théories différentes là... Il faut revenir dans votre pays voir comment ça se passe chez les gens. Vous serez surpris. Ou pas.
En cas de divorce donc, en toute logique, la mère devrait obtenir la garde tout en laissant les enfants aller chez leur père, le weekend et durant les vacances par exemple. Sauf si elle est incapable.
Dans ce pays, certains hommes décident à ce moment d'avoir la garde, juste pour faire chier leur ex-femme. Wonderful.
Surtout quand c'est la femme qui veut partir. Alors là... Vous allez voir papa devenu poule se battre becs et ongles pour obtenir la garde, exclusive s'il vous plaît. Parfois vous avez affaire à quelqu'un qui n'est même pas au courant des besoins de ses enfants. Qui ne sait pas quelles sont leurs allergies. Leurs goûts alimentaires. Vestimentaires. Qui n'a aucune idée de leur programme académique. Mais il les veut... parce qu'il sait que c'est le seul moyen de pression qu'il exerce encore sur son ex-femme. Et pire, on trouve des juges qui leur donnent raison, surtout si, malchance, les enfants ont plus de sept ans.

Il y a eu des milliers de cas comme ça. Les enfants qui finissent par rester chez leur père, qui continue curieusement de mener sa vie comme il l'entend. De rentrer à des heures indues, faire la tournée des bars avec ses potes, de s'en remettre aux domestiques, à une petite de passage, à ses soeurs/cousines ou sa mère pour s'occuper d'enfants dont la mère est pourtant vivante et ne demande qu'à les récupérer. Zéro suivi.

Et si la mère obtient la garde, il démissionne. Il ne les voit plus, et il ne paie pas de pension alimentaire. "Elle les a voulus, qu'elle les garde!"

Une fois j'ai entendu, dans un cas de ce genre où le monsieur, alcoolique patenté, et coureur de jupons avec une pléthore d'enfants illégitimes a décidé de ne jamais voir ses enfants et de ne jamais les accepter en weekend chez lui sauf si ils rentrent définitivement : "C'est normal non? Ce sont ses enfants. Il ne peut pas aller chez les yambassas pour les voir, il les veut chez lui". (Le concerné était d'une autre tribu). Quid de leur bien être? De leur suivi? C'était une femme qui parlait......

On a aussi le cas de la femme qui intoxique les enfants. "Ton père est sorcier, ton père ne nous aime pas. Ton père préfère les enfants de l'autre femme". Niveau de bassesse maximal. Tout pour pousser les enfants à haïr leur géniteur.

Tiens, un autre cas qui m'a atterrée ces derniers jours. Monsieur X se marie à madame Y, qui quitte l'Allemagne où elle exerce en tant que médecin pour le rejoindre aux USA où il vit et a plutôt un très bon poste dans une société pétrolière. Après quelques années et deux enfants, divorce. Sale divorce on va dire. La femme, qui n'exerçait plus (vous connaissez l'affaire compliquée des équivalences aux USA là, non?), obtient une costaude pension alimentaire et la garde des enfants. Seul hic, le monsieur décide de ne pas payer. Et s'expatrie quelque part en Afrique de l'Ouest. Finalement, la femme décide de retourner en Allemagne où elle peut reprendre son travail de médecin et s'occuper dignement de ses enfants, vu que monsieur refuse de payer la pension et qu'elle n'arrive pas à exercer aux états-unis. Elle introduit une demande de passeport. Et le monsieur refait surface pour... s'y opposer! Enlèvement de mineurs, il dit. Ses enfants doivent rester aux US. Les enfants étant américains, un juge décide qu'il est dans leur intérêt de rester sur le territoire. Pendant ce temps, la mère n'arrive toujours pas à exercer son métier, et monsieur se la coule douce dans un autre pays, en ricanant parce qu'il a réussi à "faire payer" à son ex-femme "ce qu'elle lui a fait". En attendant, les enfants aussi sont dans la galère avec leur mère qui n'a pas de revenus. Aux dernières nouvelles, elle songerait à rendre publique son histoire pour que son ex-conjoint la laisse repartir en Allemagne avec les enfants.


Au final, les camerounais et les camerounaises savent se rendre nuisibles. Bon, vous me direz, ce n'est pas propre au Cameroun, mais quand même, il y a des situations bizarres dans ce pays hein?
Quand je pense qu'il y a des gens qui feraient tout pour avoir des enfants qui n'y arrivent pas, et il y en a d'autres qui en ont mais ne peuvent pas oublier leur rage vengeresse pour songer avant tout à maintenir un semblant d'équilibre pour ces enfants qui n'ont rien demandé.....

Enfin bref, c'est compliqué....


jeudi 16 octobre 2014

Quand les valeurs ne sont plus là.

Bonjour les gens!

J'ai commencé la rédaction de cet article il y a plusieurs semaines, juste après les évènements relatés. Mais la colère sur le coup, et l'énervement, en avaient fait surtout un amas d'insultes et de gros mots. J'ai donc préféré me calmer avant de revenir vous relater les faits. Vous en saisirez la gravité.

Un matin, 6h30.
Comme d'habitude, à cette heure, un petit embouteillage a commencé à se former à la sortie d'un quartier résidentiel de Douala. Classique. Les routes de Douala ne suffisent plus pour toutes les voitures. Mais bon, c'est partout pareil. Il y a des embouteillages à Paris, New York, Lagos, Londres, donc ça n'a rien d'une spécificité camerounaise.
Une policière est postée à un carrefour, et est chargée de régler la circulation. C'est loin d'être une tâche facile. Les camerounais sont têtus, surtout les pilotes de motos. Elle doit à chaque fois recadrer les conducteurs, les menacer du doigt voire bloquer leur véhicule pour qu'ils obtempèrent. Moi aussi, si je faisais ce métier, je deviendrais forcément désagréable à force de gérer des individus aussi réfractaires à l'ordre que nous pouvons l'être.
A un moment, une voiture veut forcer et sort du rang, alors qu'elle a demandé aux voitures de son coté de s'arrêter. Elle vocifère des mots par très gentils au chauffeur et lui demande de s'arrêter immédiatement. Le chauffeur arrête sa voiture en travers de la route et descend, visiblement très remonté.
"Vous vous prenez pour qui à m'empêcher de passer. Je suis colonel de l'armée camerounaise".
En civil, dans sa voiture personnelle.
Après les ambulances, les véhicules des pompiers, de la police, les délégations escortées, voici un nouveau type de véhicule prioritaire : les voitures personnelles banalisées des colonels en civil qui accompagnent leurs enfants à l'école.
La policière ne se démonte pas et lui rappelle qu'il doit respecter les consignes de celui qui règle la circulation. Visiblement, ça ne plait pas à monsieur le colonel. Et PAF!! Une gifle. Et puis deux. Et puis trois. Et sous le regard ébahi des passants, notre bon colonel se met à taper la policière qui lui aurait "manqué de respect", allant même jusqu'à lui arracher ses galons. Lorsque les collègues de la policière rappliquent et lui demandent de décliner son identité, il refuse catégoriquement et continue la bastonnade.

Pensez vous à une fiction? Non, pas du tout.
Cette scène s'est bien déroulée à Ndogbong un matin au cours du mois de Septembre 2014. Ce matin là, le colonel XXX a bloqué la route et frappé la policière sous le regard de tous les passants, moto taxis inclus, en créant par la même occasion un embouteillage monstre qui s'est éternisé jusqu'à une heure avancée de la matinée. Seule l'arrivée du commissaire sur les lieux, alerté par les motos taxis (qui avaient peur d'intervenir face au colonel) a sauvé la pauvre policière. Ils sont ensuite partis "entre grands" régler l'affaire au commissariat du coin. A ce jour, je n'ai aucune idée de la suite, si il y a eu une quelconque plainte ou des sanctions prises.

Bienvenue au Cameroun. Mon pauvre pays.

Toutes sortes d'insultes se bousculaient dans ma tête quand j'ai entendu cette histoire. Pour ce colonel qui devrait être la honte de l'armée camerounaise. Pour tous les passants qui ont assisté passivement à la scène, sans intervenir fermement par peur de représailles. C'était quand même un "colonel". Une arme est vite sortie.

La symbolique de ce geste est tellement forte qu'à ce jour, j'en suis toujours choquée.

1 Il a frappé un officier de police, en service, en tenue, qui ne faisait que faire son travail. Est ce là le degré de respect qu'on attend des camerounais vis à vis de la police? Cette police sur qui on compte pour faire régner un semblant d'ordre? Je devine déjà les argumentations hasardeuses que certains pourraient sortir : comment les policiers ne font jamais leur travail, comment ils n'arrivent pas à appréhender les bandits, comment ils arnaquent les gens sur la route, comment la policière a du lui dire quelque chose de déplacé... Peu importe! Il faut savoir dissocier les individus de la fonction, et des institutions, et le respect est de mise. Frapper un policier c'est frapper la police toute entière et ce geste est inacceptable.

2 Frappez les femmes! C'est normal! C'est l'attitude à avoir! Voilà le message qui a été envoyé à tous les passants ce jour là. Il a levé la main sur une femme, qu'il ne connaissait ni d'Adam ni d'Eve. Pire, dans le contexte camerounais où la violence aux femmes est malheureusement banalisée, et où les épouses, filles et sœurs doivent parfois subir les coups de leurs maris, pères et frères, il a réussi à pousser le bouchon en allant s'en prendre à une femme avec qui il n'a aucun lien. Se serait-il permis la même chose si au lieu d'une femme policier, il avait affaire à un policier bien baraqué capable de lui démonter la mâchoire en une deux? Lâcheté quand tu nous tiens.



3 C'est un colonel. Haut gradé de l'armée camerounaise. Quelle honte! Ma parole, quelle honte!
Alors qu'il devrait prêcher par l'exemple en raison de son rang, il montre le plus mauvais exemple qui soit à toute la population.
Premièrement en refusant de se plier aux règles de la conduite comme tout le monde. Le phénomène est devenu tellement banal au quotidien qu'on ne s'offusque même plus de voir des voitures personnelles rouler à contresens sans être inquiétées le moins du monde. Le pass? Un béret de la police ou de l'armée posé à l'avant. La police, la gendarmerie et l'armée sont les instigatrices d'un désordre hors du commun sur les routes où ils estiment n'avoir pas à respecter les règles comme le commun des mortels même quand ils ne sont pas en fonction. Si vous pensez que c'est normal, alors je dis NON, NON et NON. Quand ils sont en tenue et en fonction, oui, si ils sont dans un véhicule de l'armée ou de la sureté nationale signalé par la plaque d'immatriculation adéquate oui. Mais pas dans les autres cas. C'est faire la promotion du désordre et ce n'est pas ce qu'on attend des hommes en tenue.
Deuxièmement, quel est ce colonel, qui, pendant que les autres sont au front à se battre contre Boko Haram et à mourir, a pour fait d'arme de frapper une femme sous les yeux des passants?
Ce genre d'attitude est le résultat de décennies de clientélisme et de favoritisme. L'éthique est passée à la poubelle, l'honneur et le respect de son rang ne signifient rien pour tous ces individus qui se retrouvent catapultés à des positions où leurs qualités humaines ne les auraient jamais emmenés. On n'a plus peur de poser des actes d'une telle gravité, car on sait que la même personne, les mêmes circuits vicieux qui nous ont menés à ce niveau nous y maintiendront, peu importe les conneries qu'on fait. Et c'est ainsi que ce colonel a pu frapper cette policière, sans s'inquiéter le moins du monde de tous ceux qui pourraient aussi être derrière elle.
Vraiment le message est fort, très fort.

Dans un pays normal, il y aurait pu y avoir des répercussions. Le tollé général soulevé par cette affaire aurait valu à ce colonel de pacotille au minimum une suspension. Mais au Cameroun, il ne faut pas trop rêver. Au mieux, on lui a touché un ou deux mots en privé, comme on tirerait gentiment les oreilles à un enfant un peu trop têtu. On a sans doute demandé à la policière de se calmer (porter plainte à qui? à un colonel?) et de ne plus "mal parler" aux gens en route. Voilà. Et dans la foulée de ce triste évènement, deux corps essentiels à la vie camerounaise se sont vus trainer dans la boue. Car rassurez vous, c'est à la fois la police et l'armée qui ont prouvé, par la gestion de cet incident, que les valeurs qui devraient leur être propres ont foutu le camp.

Je rêve vraiment d'un jour où tous ces gens de la police, de l'armée et de la gendarmerie auront conscience du devoir qu'est le leur. Il ne s'agit pas seulement de faire régner la terreur au quartier, parce qu'on est dans l'armée. Il ne s'agit pas seulement de profiter de tous les avantages liés à cette fonction. Il y a une attitude qui va avec : de la dignité, de la responsabilité, l'exemplarité.
"Le rang ne confère ni privilège ni pouvoir. Il impose la responsabilité"

Un jour peut être, nous le comprendrons dans ce fichu pays.

mardi 30 septembre 2014

Ma voiture avait les vitres teintées....


 Saviez vous que les vitres fumées/teintées étaient interdites sur les voitures au Cameroun? Si si. Avec une exception pour les hommes en tenue et les membres du gouvernement, ce qui se comprend. Qu'est ce qu'un rutilant land cruiser comme ceux de nos gens là sans ses vitres fumées? C'est aussi ce mystère qui fait la beauté de la chose. On voit un costaud mastodonte passer à toute vitesse, avec une plaque d'immatriculation bien particulière, mais on ne peut qu'essayer de deviner qui se trouve derrière les vitres totalement noires : le ministre lui même, sa femme, ses enfants, ou un collaborateur? Aaaah la boss attitude...
La loi date d'il y a longtemps, très longtemps. Années 80 par là. Difficile à croire n'est ce pas, quand on voit le nombre de voitures avec les vitres noires à Douala et Yaoundé. Et ce ne sont plus seulement les grosses voitures. Tout le monde s'y est mis, sauf les taxis. 





Moi meme j'avoue que j'aimais ça. Je pouvais mater les beaux gosses en route en toute impunité, sans être prise en flagrant délit de voyeurisme. Je pouvais chanter à tue-tête sans risquer d'être ridicule. Avec les vitres fumées, je me sentais rassurée, comme dans ma propre intimité.Bon, vous constaterez que j'ai employé le passé. Parce que ça, vraiment, c'était avant....

Il était une fois Boko Haram. Une bande de gars dont on ne sait trop ce qu'ils veulent qui a commencé le désordre au Nigéria ET . Là, le ministre de la défense a décidé de réactiver la loi, ce qui se comprend également. Au moins, les personnes recherchées ne pourront pas se cacher dans des voitures civiles et circuler en toute impunité dans les villes.
Sauf que la communication et la sensibilisation ont été plus que timides à ce propos et que je n'en avais jamais entendu parler, alors que j'écoute la radio tous les matins. Le résultat est que je continuais à me balader gaillardement derrière mes vitres fumées.

Un matin donc de ce mois de Septembre, alors que je suis de repos, me voici sur la route. A un endroit de la ville de Douala, je trouve un attroupement de policers. L'un d'eux siffle et me demande de m'arrêter, ce que je fais de bon coeur. Mes papiers sont en règle et je n'ai rien à me reprocher....

Le type s'approche et je baisse la vitre. Il se présente...... "Officier Machin truc de la légion chose machin. Papiers du véhicule et permis de conduire s'il vous plait". Je m'exécute. Il contrôle tout, minutieusement, puis, me sort : "madame, savez vous pourquoi on vous a demandé de vous arrêter?"
Moi : "Euh... contrôle de routine?".
Lui : "Non. Vous avez des vitres fumées, et d'après la loi numéro XXXXX datant du XXXXX, c'est interdit au Cameroun, je vais donc devoir vous demander de descendre du véhicule afin que nous puissions l'emporter en fourrière."
Magie noire. Ndem total.
Bien sûr, j'ignorais totalement que c'était le cas. Moi je n'aime pas me créer des problèmes surtout pas avec la police du Cameroun qui sait souvent se montrer imbécile. Si j'avais été informée, j'aurais pris des dispositions pour faire retirer le fumage des vitres.
J'arrête le moteur et je soupire. Puis je dis la vérité : je ne savais pas.
"Ah bon? Mais je ne savais pas! Comment se fait-il que les vitres fumées soient interdites et qu'il y ait autant de véhicules avec les vitres fumées" D'ailleurs, au moment où je parle, trois véhicules passent à la queue leu leu avec des vitres fumées. Le policier me rétorque :" Mais madame, nous ne pouvons pas être partout à la fois. Quand nous aurons fini avec vous, nous allons nous occuper des autres usagers qui passeront".
Bien sûr faire emporter ma voiture en fourrière ne m'arrange pas du tout. Perte de temps, perte d'argent. Mais jamais, au grand jamais, je ne sortirai d'argent de ma poche pour corrompre un policier camerounais. Question de principes. J'ai donc tenté la négociation,qui était plutôt mal partie, vu que je ne comptais pas donner de pot-de-vin.
'Monsieur le policier, c'est quand même un peu anormal non? Vous venez de m'apprendre l'existence d'une loi que j'ignorais...."
"...Nul n'est censé ignorer la loi madame"
" Je comprends bien. Mais cette loi est très vieille d'après ce que vous me dites, avant même que je naisse et tout le monde a toujours passé outre.Quand les mauvaises habitudes s'installent et qu'on veut y rémédier, la logique voudrait qu'on commence par une phase de sensibilisation. Or, il n'y en a pas eu, et vous me parlez déjà de fourrière...."
Le policier sourit de toutes ses dents, alors qu'un autre de ses collègues se rapproche déjà.
"Madame, la loi c'est la loi. Vous devez la connaitre. Il y a eu une phase de sensibilisation je suis navré si vous n'avez pas suivi. Vous devez écouter les mauvaises chaines de radio qui passent les musiques au lieu de suivre les infos. Donc je vous demande, on fait comment?"

Comme comment, a dit Jean Njeunga. Je les voyais arriver comme le TGV, ce policier et son collègue qui était déjà posté derrière lui, persuadés qu'ils étaient d'avoir trouvé leur pigeon.
Il regarde mon permis.
"Hein madame XXXX, on fait comment?"
" Bah écoutez. Je vais donc sortir de la voiture et vous laisser emporter l'emporter en fourrière. C'est dommage mais je n'y peux rien."
Le collègue s'approche et se baisse pour me regarder puis se releve en parlant au policier qui m'a arrêtée.
" Madame XXXX fait la dure. Je vais donc devoir conduire ce véhicule à la fourrière". Alors que je prends mes affaires pour sortir du véhicule, le policier se baisse et fait l'erreur que j'attendais qu'il commette depuis.
"Non, laisses, on va trouver un arrangement avec madame XXXX. Vous n'avez pas vingt mille là???...."

Erreur for mboutoukou na dame for ndosss.
Si je suis hors la loi, avec des vitres fumées. Ce n'est pas bien et si la règle est que ma voiture doit aller en fourrière, c'est normal qu'elle y aille. Par contre, si le policier veut en profiter pour prendre de l'argent, ce qui est encore plus répréhensible que mes vitres fumées, alors ça fait 1-1, avantage pour moi. Dès cet instant j'étais en paix avec moi même et sûre de repartir tranquillement avec ma voiture.
"Vingt mille pour faire quoi????"
"On peut s'arranger comme ça..." Genre ca va rendre mes vitres transparentes à ses yeux.
"Je n'ai pas."
"OK. Sortez de la voiture et suivez nous."
Me voici qui sort donc de ma voiture, je prends mon sac à main, sort mon téléphone et lance un appel.

Bon, les amis, il y a une règle malheureuse dans ce pays : il faut avoir des contacts. Pour quasiment tout.Trouver un travail, faire avancer un dossier. Le Cameroun marche sur la tête. Mais ça, vous le savez tous n'est ce pas?

J' ai appelé un ami, à Yaoundé, affilié en quelque sorte à la DGSN à un niveau suffisamment élevé pour faire un bel effet. Il décroche à la première sonnerie et n'a pas le temps de parler que je lui ai déjà expliqué tout le problème. "Ils m'ont demandé de l'argent, tu te rends compte??? Donc c'est comme ça que la police camerounaise est???". Comme si je ne savais pas. Mais en vérité, j'ai ma position sur la corruption à laquelle je me tiens. Je n'encourage pas et je refuse de participer, même si je suis fautive et ca me permettrait de m'en sortir. Par contre le trafic d'influence aka sissia.... Jetez moi la première pierre et venez vivre au pays avec moi.

Alors que je suis au téléphone, je suis les deux hurluberlus vers un kiosque de PMUC un peu plus loin où le QG était installé, avec une femme officier, visiblement le chef de l'opération, en train de relever les différentes informations des voitures arrêtées. Et c'est là que j'ai aussi eu le loisir de me rendre compte qu'il s'agit d'une vaste opération, avec une bonne vingtaine d'autres voitures personnelles aux vitres fumées comme les miennes parquées, et les propriétaires affligés en train de discuter avec les policiers.
Mon ami au téléphone me demande de lui passer le policier qui a pris mon dossier. Je tends donc le téléphone au policier qui le prend quasiment en souriant. Le sourire s'estompe après dix secondes.
-"Pardon, je n'ai pas pris de dossier. Il y a un officier ici, c'est lui qui a pris ça. Moi je n'ai fait qu'obéir aux ordres." Et il me rend mon téléphone comme si c'était un morceau de charbon brûlant.
Je reprends le téléphone.
-"Passes moi l'officier qui est sur les lieux et prends le nom de celui qui t'a demandé de l'argent."
Je donne le téléphone à l'officier qui le prend et me demande qui est au téléphone.
"C'est Yaoundé madame."
Elle le prend et se met de coté. Au début, elle parlait un peu fort, puis son ton a tout doucement commencé à muer.
"Non, ce n'est pas ça monsieur, je n'ai pas demandé d'argent je n'étais pas là.... Non monsieur, ce n'est pas ça... Chef, vous n'avez pas besoin d'en arriver là..." Puis elle s'éloigne encore un peu plus pour commencer à plaider sa cause.
Pendant ce temps, j'ai eu le loisir  de discuter avec une autre victime, un camerounais anglophone qui m'a expliqué avoir débarqué des Etats Unis 48 heures plus tôt.
"How am I supposed to know? It's my wife's car and it's the first time i'm driving it here in Douala. They asked me 70k..."
Moi on ne m'a demandé que vingt mille parce que je conduis le gnama gnama. Comme le pauvre monsieur avait une lexus, les enchères ont augmenté... Je lui ai donné le seul conseil que je pouvais lui donner à ce moment : Menaces les. Si un mbom qui roule en lexus flambant neuve (pas une occasion congelée à vue d'oeil) vous dit qu'il va aller voir votre supérieur, vous avez envie de croire. Même si il ment. Tout est dans la persuasion.
L'officier est revenue après dix bonnes minutes.
"Le dossier de la dame est où?" Son collègue le lui montre.
"Rendez le lui".
Me voici donc qui reprend mon dossier tranquillement. Il va sans dire que les autres conducteurs à coté qui négociaient pour récupérer leurs dossiers se sont du coup énervés.
"Rendez moi aussi mon dossier ça veut dire quoi?" "Comme on t'a menacée au téléphone tu viens rendre hein, nous on fait comment?" "Je veux aussi mon dossier"
Et l'officier de répliquer, avec un fort accent beti :"pardon ne me dérangez pas. Vous savez que qui m'a d'abord appelée. c'est même quoi?" Et un de ses collègues de lui dire :"tu te justifies même pourquoi? On ne rend pas pour vous."
Je me suis éloignée rapidement, non sans repasser devant celui qui m'avait arrêtée. Il a jeté le visage au champ. Je voulais lui demander son nom mais j'ai laissé tomber. Le taux de chômage est déjà suffisamment élevé dans ce pays. J'ai rapidement démarré, et je suis partie illico presto chez un garagiste pour faire retirer le fumage. Il ne faut pas tenter le diable deux fois.

Les leçons de ce petit incident?
1- On est quelqu'un derrière quelqu'un au Cameroun
2- Il y a des lois cachées dans ce pays qui mettent chaque individu potentiellement hors la loi sans qu'il ne le sache. Je suis sûre que cette histoire de vitres fumées n'est est qu'une parmi tant d'autres. Un beau jour, on va se mettre à arrêter les filles en mini-jupe et ventre dehors au nom d'une loi datant de la période de l'indépendance.

Et pour finir... Avis aux propriétaires de voitures...
Si vous ne saviez pas qu'on n'a pas le droit d'avoir des vitres fumées, maintenant vous savez. Et vous savez aussi ce qui vous reste à faire.

Ciao!


mercredi 27 août 2014

Rentrer au Cameroun en minimisant les risques


Hello les gens,

Ça fait un bon bout hein ?! Ce n’est pas que je manque de temps (ce qui est un peu vrai), c’est surtout qu’au final trop d’inspiration tue l’inspiration : quand je regarde l’actualité camerounaise de ces derniers mois, et les évènements dont j’ai eu à être témoin ici au pays, vraiment j’ai au bas mot dix sujets que j’aurais souhaité aborder avec vous.

De Boko Haram, aux bouleversements au sein des chatons, à l’affaire Eto’o/Nathalie, aux conneries que les églises de réveil nous sortent ici tous les jours, il y a beaucoup, beaucoup à dire… Mais plutôt que de m’engager dans un sujet de congossa sans aucun réel intérêt finalement, j’ai opté pour un sujet pratique à destination de ceux qui souhaitent rentrer s’installer au pays mais ont peur de le faire, en particulier ceux qui vivent en France. Les autres pourront toujours s’en inspirer même si je doute fort qu’un système aussi « généreux » que celui de la France existe encore quelque part sur cette terre.

Bon, première chose à savoir : si vous voulez partager avec vos copains/copines françaises, c’est pour vous là bas. Le système français et moi on n’a plus rien à se dire, si vous allez vendre la mèche, c’est vous-même que ça cassera, moi je suis déjà installée à Douala.
Deuxième chose : C’est une collection d’infos provenant de différentes personnes dont peut être moi même. Peut-être. Peut-être pas. Vous comprenez ? Focalisez-vous sur le message et non sur les acteurs.
Maintenant que c’est dit, nous pouvons parler sérieusement.



Qui n’a pas envie de rentrer ? Même les plus fervents critiques du Cameroun, du régime camerounais et de la mentalité camerounaise rêvent en secret de rentrer vivre au Cameroun. Mais il y a un lot d’inquiétudes qui jaillit généralement dans l’esprit du panaméen dès que le sujet est abordé. Un petit florilège….

« Est-ce que je vais pouvoir maintenir un certain niveau de vie ? parce que j’ai quand même gouté à Mbeng hein et même si ma maison au pays sera deux fois plus grande, je suis quand même habitué à certains petits plaisirs : l’eau chaude, le cinéma, la pizza, les voyages… »

« Le cousin de l’ami de l’autre a tout plaqué en France pour rentrer au Cameroun. Aujourd’hui, cinq ans après, il regrette tellement qu’il va souvent à l’aéroport pleurer en regardant les avions air France s’envoler vers le paradis qu’il a quitté. Je ne veux pas aussi regretter après»

« Le Cameroun, c’est le Cameroun. Je peux être une victime du système et perdre mon emploi au bout de quelques années. Dans ce cas, comment je fais ? Au Cameroun, il n’y a pas les assedics pour les chômeurs… »

« Hum Popol est vieux, non seulement il a gâté le pays et n’a toujours pas désigné de successeur. Il peut mourir d’un jour à l’autre et le Cameroun va plonger dans la guerre civile. Dans ce cas, je risque de tout perdre, y compris ma vie… »

Bref, je pourrais m’étendre dessus indéfiniment. Le but de ce post est d’essayer de vous faire comprendre que si ces inquiétudes sont légitimes, vous n’avez pas besoin d’attendre l’offre en or qui n’arrivera jamais pour mettre toutes les chances de votre coté. Il y a de nombreuses formules qui peuvent vous permettre de rentrer au Cameroun en ayant quelques garanties au cas où…
1-      Les congés sans solde
Si vous avez accumulé un nombre minimal d’années d’expérience, vous pouvez demander un congé sabbatique (condition d’expérience : six ans dont trois dans la même société) ou un congé pour création d’entreprise (condition : deux années successives dans la même société).
Dans le premier cas, il s’agit de onze mois au cours desquels vous avez la liberté de faire ce que vous voulez, pourvu que ça ne constitue pas une compétition déloyale vis-à-vis de votre entreprise, et dans le deuxième cas, d’une année renouvelable une fois, au cours de laquelle vous vous consacrez à une entreprise que vous allez créer. Il n y a aucune contrainte sur la localisation géographique de l’entreprise créée.
L’avantage de ces congés est que votre employeur peut difficilement vous les refuser, à moins de justifier que l’entreprise va trop mal pour pouvoir se passer de vous, ou d’être prête à aller aux prud’hommes. A l’issue de votre congé, si vous ne démissionnez pas entre temps, vous pouvez retrouver votre précédent poste ou son équivalent, avec le même salaire.
Profitez en donc. Si vous avez peur de ne pas tenir dans l’environnement camerounais, donnez-vous une période déterminée au cours de laquelle vous allez mettre les choses en pause en France et rentrer pour tester le Cameroun. Il m’a fallu moins d’un an pour comprendre que ma décision du retour était la meilleure que je puisse prendre, et je ne doute pas que ça puisse être le cas de certains d’entre vous. Et pour ceux qui réalisent qu’ils ne peuvent plus vivre dans leur pays d’origine après y avoir passé quelques mois, ils pourront toujours faire demi tour et s’épargner plus tard le remord de ne même pas avoir essayé.
Vous pouvez même vous permettre le luxe de travailler exactement dans le même secteur que celui de votre entreprise en France. Il faudrait vraiment que vous soyez malchanceux pour qu’ils prennent la peine de vous espionner au Cameroun pour découvrir ce que vous y faites réellement. Soyez évasifs sur ce que vous comptez faire de vos congés, et faites attention aux multinationales.
Le principal inconvénient, évidemment, est la suspension du salaire. Mais, c’est normal, sauf quand on tient à avoir le beurre et l’argent du beurre. Auquel cas, il faut avoir un enfant au moins, et appliquer ce que je vais vous dire au point 2

2-      Le congé parental
Lorsqu’on a un enfant de moins de trois ans en France (ou qu’on a adopté un enfant de moins de seize ans), et qu’on a une ancienneteté d’au moins un an dans son entreprise, on a la possibilité de mettre sa carrière professionnelle entre parenthèses pour s’en occuper, avec le soutien de l’Etat. C’est ce qu’on appelle le « congé parental d’éducation », que l’employeur n’a pas le droit de refuser, quelque soit la situation. Il existe deux versions de congé parental, le congé partiel, ou le congé total. C’est cette dernière version qui pourrait vous intéresser.
D’une durée initiale d’un an, renouvelable deux fois, jusqu’au troisième anniversaire de l’enfant, ce congé s’adresse aux hommes comme aux femmes : vive l’égalité des sexes ! Pendant cette période, théoriquement, vous ne devez pas travailler, sauf en tant qu’assistant(e) maternel(le). Mais encore une fois, qui viendra vérifier au Cameroun ce que vous y faites ? Bon, si vous êtes chez Total en France, il va de soi que vous devriez éviter de travailler pour Total au Cameroun.
De la même façon que pour les congés évoqués au point 1, dès que vous le souhaitez, vous pouvez reprendre votre place dans l’entreprise, exactement au même poste ou équivalent, et avec le même salaire.
Là où cette formule devient intéressante pour le bandit(es) que vous êtes, c’est lorsque l’Etat entre en jeu…  Si vous avez un enfant, et que vous prenez votre congé parental à la suite du congé maternité, vous avez une allocation de la caisse des affaires familiales s’élevant à environ 500 euros pendant les six premiers mois du congé. Si vous avez plus d’un enfant, vous obtenez environ 800 euros, et ce jusqu’à la fin du congé. Cette somme peut beurrer les épinards de façon conséquente lorsqu’on est installés au Cameroun…
La seule contrainte est qu’il faut quelques fois remonter en France avec les enfants pour prouver que vous existez bien, mais je ne pense pas que ça pose réellement problème aux anciens mbenguistes qui aiment bien se « décamerouniser » de temps en temps.
Evidemment que ce n’est pas juste… Ca creuse un peu plus le déficit de la France, mais on s’en fout, pas vrai ? Ce n’est rien comparé à ce que la France gagne en exploitant le Cameroun, et je suis très sérieuse en écrivant ces lignes.
Alors, mon conseil à tous les jeunes couples qui construisent leur famille, faites un enfant, puis un deuxième, et TIREZ VOUS. Vous voulez vraiment élever vos enfants dans un environnement où il est si difficile de leur inculquer les valeurs de respect des ainés à l’africaine?  Vous aurez jusqu’à ce que le dernier ait trois ans pour prendre une décision ferme. Si vous souhaitez conserver un pied à terre en France, vous n’aurez pas à réfléchir à comment payer ce loyer là, grâce à la CAF, qui n’hésitera pas non plus à vous donner une allocation logement si cela s’avère nécessaire. Exploitez le système à fond pour rentrer au pays en douceur. Que le français qui n’est pas content se renseigne sur le mécanisme du franc CFA avant de nous faire la morale.

Voilà donc mes petits conseils. Je sais bien qu’ils ne permettent pas de cerner le problème sous tous ses angles, mais c’est déjà un début, et j’espère sincèrement que quelques uns d’entre vous verront le retour autrement qu’un fantasme irréalisable grâce à ces options, bien que chaque cas soit particulier.

A bientôt!


lundi 14 juillet 2014

Cinq conseils pour ne pas sentir que le zouazoua a augmenté...





Ce Samedi, comme d’habitude, je me rends à la station service pour mon tour hebdomadaire. Alors que j’avais déjà préparé mon portefeuille à s’alléger de façon conséquente, je réalise qu’il est encore plus léger que d’habitude, pour la même quantité d’essence. Un petit coup d’œil à la pancarte affichée dans la station, et je soupire. Oui, on a augmenté le prix de l’essence. Après des mois de bras de fer avec le FMI, l’Etat camerounais a fini par craquer et a baissé sa subvention qui permettait au carburant de rester au prix qu’on connaissait.


Bon, les habituels sont déjà montés au créneau hein… Les syndicats de transporteurs, les partis politiques d’opposition, associations de consommateurs, etc.… Mais on sait généralement comment ça finit. C’est vrai qu’un monsieur qui répond au doux et tendre nom de Delors Magellan Kamgaing (j’aime trop ses prénoms hein) avait réussi à faire annuler l’augmentation des tarifs de l’électricité en faisant une grève de la faim, ce qui m’avait surprise en premier parce que je voyais bien le BIR camerounais venir le ramasser et le fouetter jusqu’à ce qu’il mange….
Mais je ne crois pas que nos dirigeants vont se faire avoir deux fois. Je vois plutôt le schéma classique se reproduire : on va crier, grogner, marcher, menacer de grève, et grever même, les ministres sapeurs pompiers vont être envoyés sur le terrain, des enveloppes vont circuler pour motiver certains et tout va retomber comme un soufflé… Et puis les camerounais vont faire ce qu’ils ont l’habitude de faire depuis des décennies : se débrouiller !

Le prix du taxi a augmenté. Le prix de la moto aussi. Le tarif est déjà passé à 250 francs pour un trajet de jour et 300 la nuit. Le SMIC camerounais est de combien encore là ? Moins de 30.000 francs CFA. Ça signifie qu’il est formellement interdit au SMICARD camerounais de prendre le taxi chaque jour pour aller au travail (ou la moto) sous peine de n’avoir plus rien en fin du mois pour payer un quelconque loyer, l’électricité, la nourriture etc.…
Maintenant qu’on a compris qu’on vient encore de s’en prendre plein la gueule, le moment est venu de chercher les solutions de secours. Et je vais humblement vous proposer les solutions que j’ai envisagées :

1-      Se remettre au sport
250 francs, c’est un sachet d’eau et un pain de cent chargé de quelque chose, ou quelques beignets. Ça, c’est le carburant du corps humain. Une fois ingurgité, vous pouvez engager une petite frappe, qui vous permettra en prime de travailler votre rythme cardiaque. La marche, c’est excellent pour la santé et ça vous permettrait même d'économiser sur des éventuels frais d'hospitalisation plus tard. Certes, un kilomètre à pied, ça use les souliers, et il faudrait prévoir un budget chaussures plus élevé que précédemment mais les marchés central, mboppi et consort à Douala doivent regorger d’articles solides à même de chausser dignement pendant quelques mois nos nouveaux marcheurs. En plus, la pluie a la mauvaise habitude de tomber comme si elle voulait noyer les gens donc il faut aussi penser à acheter une bonne bâche pour vous en recouvrir lors de vos séances de frappe en plein déluge...
Sinon si vous avez un peu d’argent, vous pouvez aussi acheter un vélo. 
Pédalez, au picasso, pédalez, pédalez…..
Gardez la forme, c’est important.

2-      Devenez fonctionnaire
Comme mesure palliative proposée par l’Etat, il y a l’augmentation du salaire des fonctionnaires. Chouette ! Tout le monde n’a donc qu’à devenir fonctionnaire ou militaire. Les 9/10 de la population camerounaise qui ne travaille pas pour l’état n’a qu’à postuler ! S’il a proposé il y a quelques années d’embaucher 20.000 nouveaux fonctionnaires, ce n’est pas ajouter trois zéros et en embaucher vingt millions qui peuvent dépasser notre président.
De surcroit, vous n’ignorer pas que l’Etat, justement, est le plus grand consommateur de carburant du pays. Les prado, land cruiser et autres carrosses rutilants pour lesquels on privatise souvent les routes camerounaises là ne fonctionnent pas à l’eau. Dans l’administration camerounaise, il y a un mot magique qui met du baume au cœur de tous : BON. Bons d’essence. Bons de zouazoua. Bons pour le paradis. Est-ce que les « vrais » fonctionnaires paient même leur essence eux même ?? Donc c’est une pierre deux coups. En devenant fonctionnaire, vous voyez votre salaire de base augmenter de cinq pour cent, et en plus vous ne payez pas le carburant si par hasard vous commencez à être à un bon niveau. Elle n’est pas belle la vie.
Il faut juste compter sur la probabilité de devenir fonctionnaire ou d’être nommé ministre. 1 sur 100.000. Rien que ça. L’espoir et le tchoko font vivre.

3-      Devenez commerçant
Même si le piment que vous vendez a été cultivé dans votre arrière cour et ne parcourt que les cinq cent mètres qui la séparent de l’entrée de votre domicile pour être vendu, vous allez pouvoir en multiplier le prix par deux, voire trois. 
Ce weekend, le cageot de tomate a été augmenté de trois mille francs. Vous savez, n’est ce pas, qu’il y a des cageots VIP qui sont transportées depuis leur lieu de récolte jusqu’aux marchés principaux seuls dans les camions qui les transportent. D'ailleurs les camions sont climatisés à l'arrière pour entretenir le beau teint bien rouge de ces tomates juteuses. C’est ce qui explique une augmentation de 3000 francs alors que le litre d’essence a augmenté de 80 francs. Oui, oui, chaque cageot de tomate nécessite donc 3000/80 soit dans les environs de trente litre d’essence de l’achat des intrants à sa commercialisation.
En vérité, l’essence qui augmente c’est simplement l’occasion pour certains de pratiquer des prix rédhibitoires avec une parfaite excuse : l’essence ! Profitez en également et enrichissez vous sur le dos des autres misérables camerounais.

4-      Apprenez à courir vite
On monte dans un taxi. On arrive à destination. On descend et à l’extérieur on fait semblant de fouiller ses poches pour en sortir les pièces, et puis… hop… bip bip. Le résultat n’est pas garanti car certains chauffeurs aussi ont pu développer de véritables aptitudes en course de vitesse mais cela reste envisageable.

5-      Développez le covoiturage
En d’autres termes devenez un taxi clando ! Et ecolo avec ça…
Si vous avez une voiture, et vous vous sentez prêt à la remiser au garage pour engager le point numéro un et frapper pour épargnez vos poches, alors songez à ceci! Transportez des gens, à un tarif avantageux qui fera de vous un concurrent de premier choix des taxis classiques couleur jaune !
Malheureusement, ce sont les vacances scolaires donc les clients écoliers et étudiants vont se faire rares mais à partir de septembre, calculez les et proposez leur de leur raccourcir le chemin pour 100 francs… Dans la limite de votre trajet bien sûr. Ça vous permettra de financer en partie l’essence….
Ça ne marche malheureusement pas si vous aviez déjà l’habitude de remplir votre voiture de votre famille en allant au boulot le matin. Auquel cas, vous pouvez éventuellement envoyer les deux plus petits dans le coffre pour libérer de la place devant. Attention cependant à ne pas les laisser mourir derrière.

Bon, prenez mes conseils et faites en bon usage hein ?!
A bientôt !
Ciao

jeudi 26 juin 2014

Les camerounais et la malhonnêteté


Moi je crois en mon pays. Chauvinisme mis à part, nous, les camerounais sommes très forts.
Je sais qu'on a les moyens intellectuels, humains et même matériels de devenir une puissance mondiale.
Regardez dans les meilleures écoles et universités du monde, vous y trouverez toujours des camerounais. Je ne parle que de ce que je sais, donc je peux affirmer sans soucis que le Cameroun, en France particulièrement, est l'un des pays d'Afrique noire les plus représentés dans les meilleures écoles de commerce et d'ingénieur : Polytechnique, HEC, Centrale, ESSEC, etc...

Le potentiel intellectuel et humain est là. Le potentiel naturel aussi. Mais alors qu'est ce qui cloche?

Je suis installée au Cameroun depuis neuf mois. J'ai fait le pari de quitter un emploi stable et une situation correcte dans ce que de nombreux camerounais locaux considèrent comme un eldorado pour rentrer chez moi. J'ai appris à redécouvrir mon pays, sachant que les commentaires faits à 6000km sont parfois déconnectés de la réalité.
Le problème le plus sérieux que j'ai identifié chez nous est notre malhonnêteté. Quand l'autre là avait dit "rigueur et moralisation", c'est comme si il déclenchait une épidémie de malhonnêteté et de kleptomanie chez ses concitoyens. Je parle bien de TOUS les concitoyens.
Depuis le milliardaire aux affaires de l’État qui a volé tellement d'argent que sa famille est riche sur plusieurs générations, mais qui est prêt à tout pour avoir l'opportunité de détourner quelques millions de plus. Jusqu'à votre cousin à qui vous envoyez de l'argent tous les mois pour qu'il vous aide à avancer sur votre chantier, un chantier dont vous apprendrez plus tard qu'il n'a jamais commencé....
Oui, les camerounais ont un sérieux problème.

Ne vous laissez pas avoir par ces extraterrestres qui pensent que le développement se décrète. Je ne citerai pas les contemporains hein, mais vous devez savoir de qui je parle. Du coup, on nous a décrété que le pays serait émergent en 2035, si on continue dans le raccourci qu'on dit nous avoir fait prendre: projets structurants et bla bla bla.
La vérité c'est qu'on court dans un sac. Tant que les camerounais seront aussi malhonnêtes qu'ils le sont actuellement, nous n'allons nulle part. Amusez vous à ne pas chercher des solutions dès maintenant, vous allez vous réveiller en 2035 et vous rendre compte que vous avez été escroqués, et les escrocs en questions seront déjà morts pour que vous songiez même à leur demander des comptes.

Nous devons changer nos mentalités. L'enfer, ce n'est pas que les autres.
 Je suis d'un naturel confiant. J'ai toujours pensé qu'en chaque être humain, il y avait du bon, et que de nombreux individus attendaient juste qu'on les aide un peu et qu'on leur fasse confiance. Après quelques mois au Cameroun, cette idée n'a pas changé mais j'ai appris à tempérer un peu mon enthousiasme.
Combien de fois avez vous entendu des histoires d'argent qui se terminent au commissariat?
C'est le pain quotidien ici. Un camerounais a plus de chances d'être malhonnête que le contraire. Et j'en ai fait les frais. Laissez moi vous raconter une petite histoire

Au départ de ce blog, je vous avais dit comment je croyais en ce pays et en son potentiel de rendre les gens qui veulent bien travailler riches. Oui, il n'y a pas que le vol ou le football qui peut enrichir les camerounais. Tout, ou presque, est à faire, donc, une idée, de la volonté, de la rigueur et un peu de chance, peuvent fortement contribuer à beurrer vos épinards.
En parallèle de mon activité professionnelle, j'ai décidé à peine quelques mois après mon arrivée au Cameroun, de donner corps et vie à une idée que je jugeais prometteuse. Les futurs clients rencontrés et les perspectives  bien dessinées, j'ai donc voulu procéder à la création d'une SARL qui assurerait le service.
Petit problème, à vouloir le beurre et l'argent du beurre, il faut pouvoir être sur tous les fronts à la fois! Et moi j'ai des responsabilités en entreprise...Comment m'occuper de la création de mon entreprise alors qu'en même temps je dois gérer une équipe qui a son importance dans la société qui me paie tout de même un salaire à la fin du mois?
La solution semblait toute trouvée pour un de mes oncles, qui m'a recommandé son ami d'enfance, associé d'une petite structure de conseil juridiques qui pouvait effectuer les démarches à ma place, contre rémunération, évidemment.
"tu vas voir, il est super calé"
"c'est toujours vers lui que je me tourne pour ce genre de choses"
"il est très compétent dans ce domaine"
etc...etc...
Les superlatifs ne manquent jamais quand on vous recommande quelqu'un au pays.

Le rôle premier identifié était celui d'intermédiaire entre un notaire de la place et moi. Très vite, mon "conseil" a demandé une première avance "pour que le notaire sache qu'on n'était pas en train de lui perdre son temps". J'ai donc avancé deux cent mille francs, pour qu'on puisse obtenir la base des statuts dont mes associés et moi devions discuter. Premier hic : pas de facture.
"En fait, le notaire est en déplacement en France pour deux semaines. Je te remets la facture à son retour". Ah ah. J'ai signalé à mon oncle que ça commençait mal avec son ami et que ça se terminerait sans doute aussi mal alors.
Des jours et des jours passent. Alors que je comprends que les situations géographiques des différents associés risquent de ralentir le processus, j'ai l'idée de créer un établissement individuel pour avoir déjà une structure légale, pour calmer mes futurs clients qui trépignent déjà d'impatience en attendant mon dossier fiscal.
Au pays, on aime bien foutre la pression aux prestataires hein, en oubliant de se la mettre à soi même, surtout au moment de les payer.

Théoriquement, un établissement se fait en 72 heures. Mais ça, c'est théoriquement.
J'en parle à mon "conseil" qui dit lui même que c'est une bonne idée et... tend la main.
150.000 francs, et j'ai les papiers de mon établissement 72 heures plus tard. Promis juré.
Les coûts réels pour créer un établissement sont au maximum de 50.000 francs CFA. Vous voyez donc la marge que le bon monsieur a empoché pour la prestation.
Généralement, moi je n'aime pas discuter. Quand je veux quelque chose, je paie et j'exige le résultat que je veux. J'ai donc donné ce qu'il a demandé. Erreur for mboutoukou?
Trois jours, quatre jours, cinq jours, une semaine, deux semaines.
Aucun établissement en vue.
D'abord, c'est que je suis née au mauvais endroit (super!) et que du coup, l'obtention de certains documents (en l'occurence le certificat de nationalité) est compliquée pour moi.
Ensuite, c'est que le directeur des impôts est à Douala, et que les chefs de centre ne signent plus rien, et sont occupés à faire des réunions avec ce dernier.
Ensuite, c'est que la pluie empêche les gens de travailler.
Ensuite c'est que le chef de centre s'est "assis" sur mon dossier.
Bref, j'ai tout entendu.

A un moment j'ai compris qu'on allait vers le mur. J'ai donné un ultimatum et là, selon ses propres termes, il a fait "des pieds et des mains" pour me...scanner (j'étais à l'autre bout de la ville à ce moment) un registre de commerce.
En ouvrant le mail, surprise. Ou pas vraiment
Il s'agissait d'un document falsifié de façon tellement grossière que je me suis dit qu'il était même bête. Il y a des faux bien plus authentiques que celui là hein...
Avec mon faux registre de commerce, il devenait évident qu'il ne faisait que me mener en bateau depuis trois semaines. Coût total d'une opération à résultat néant : 350.000 francs. En prime, il n'a jamais remis la facture du notaire, que j'ai fini par soupçonner de ne jamais exister.
Alors récapitulons. Tu donnes de l'argent à un individu, largement assez d'argent pour faire ce que tu lui demandes et empocher plus de la moitié quand même. Mais il fait rien, en perdant ainsi un client potentiel, en ruinant la réputation de son cabinet, et en prenant le risque de finir en prison pour escroquerie, abus de confiance, faux et usage de faux. Si ce n'est pas de la bêtise ça, dîtes moi ce que c'est. Et pourtant tous les jours, on assiste à ce genre de comportements.

Je vais vous donner un conseil que vous devez appliquer soigneusement (vous me remercierez plus tard): dans ce Cameroun, avant de traiter avec qui que ce soit, il faut vous assurer que vous avez un moyen de le faire appuyer si il veut vous faire un coup bas.

Souvent, les gens pensent qu'ils peuvent vous escroquer et vous ne leur ferez rien. Chacun sait sur quoi il compte. Ce monsieur se disait certainement que le fait de m'avoir vu grandir, d'être ami avec un oncle proche, lui épargnerait mes foudres. Mais en fait non. C'est son ami, qui, le premier, totalement dépité de m'avoir induite en erreur, m'a demandé de me rendre au commissariat..

Comme malheureusement ça marche au Cameroun, j'ai obtenu auprès d'un ami, les coordonnées de quelqu'un à la PJ, qui m'a reçu et m'a demandé de revenir avec une plainte en bonne et due forme. Les choses ont-elles été faciles parce qu'on m'a recommandé à ce commissaire? Certainement.

Me voici donc réduite à faire enfermer quelqu'un qui pourrait être mon père, un monsieur qui a certainement touché des millions dans sa vie, mais qui n'a pas résisté à essayer de sonner 350.000 francs à la nièce de son meilleur ami, alors qu'il était déjà rétribué pour le travail à faire.

Ai je été naïve? Probablement. Heureusement j'ai toujours mon plan B car j'applique toujours le conseil que je vous ai donné.

Ainsi va le Cameroun.

J'ai ainsi fini par comprendre qu'ici, par défaut, il ne faut pas accorder sa confiance aux gens. Le bon grain qu'on peut retrouver est clairsemé, au milieu des épines les plus dangereuses qui soient.
C'est une leçon importante dans la mesure où la somme concernée est encore faible. Il y en a qui se font spolier de millions de cette façon là et si je ne m'étais pas fait vacciner aussi vite, peut être qu'un jour j'aurais confié aveuglément plus d'argent à quelqu'un.


Voilà donc mon message du jour. Ne vous y méprenez pas. Je ne regrette absolument pas mon retour au pays. Le potentiel est énorme, et malgré les difficultés, celui qui veut avancer, avance. S'il s'en donne les moyens. Le tout est de faire attention, très attention, car malheureusement, le Camerounais est un loup pour le camerounais. Et quel loup.

A bientôt

mercredi 4 juin 2014

Pourquoi je vais ouvrir ma propre crèche



Hello hello les gens!

Je me suis récemment dit, qu'il était intéressant, pour l'éveil de mon fils, que je l'inscrive dans une crèche, avant qu'il n'ait l'âge minimum requis pour aller en maternelle. C'est vrai qu'au Cameroun, surtout à mon époque, la mode était de laisser les enfants se battre au quartier avec la nounou, les cousins et les voisins avant d'aller à l'école. Mais mère moderne de mon état, et certainement endoctrinée dans les histoires de Mbeng, j'ai décidé que je pouvais l'envoyer dans un environnement où tout serait mis en œuvre pour faire de lui un futur génie.... Surtout qu'à Douala, j'ai l'impression de voir une crèche tous les trois carrefours. J'ai donc décidé de faire le tour , afin de pouvoir faire un choix avisé.

J'aurais dû me douter qu'il y aurait anguille sous roche. Vous connaissez les camerounais non? Tous les business rentables et simples à implémenter sont recopiés par tout le monde y compris ceux qui n'y connaissent rien.

Première halte : une crèche dont je tairais le nom, située quelque part entre Douala, Bonapriso et Bonanjo. Je me fais recevoir par la patronne, très sympathique, et avec qui je sens que le courant passe vraiment. Oh oui, il passe vraiment surtout quand elle m'annonce le prix de revient total d'une année : 1,7 millions.

Là sur le coup, j'ai commencé à rire. Un petit rire jaune. Un million et sept cent mille francs CFA en tout. Je crois que c'est supérieur à l'ensemble des frais de scolarité déboursés de ma sixième à ma terminale au Collège Libermann à Douala. Mieux même, c'est supérieur à l'ensemble des frais de scolarité déboursés par an durant mes trois années d'école d'ingénieur en France (cinq cent euros par an). Je jette un coup d’œil dehors et je vois pas moins d'une trentaine d'enfant courir dans tous les sens, sous le regard de quelques encadreuses.

Et là, mon cerveau de bamiléké qui s'ignore s'est mis en marche.

A raison d'un million sept par enfant, pour trente enfants, ça nous fait une recette de cinquante et un millions par an. 
Si on embauche dix personnes pour le personnel (et encore c'est qu'on veut être professionnels car on pourrait se débrouiller avec cinq), payés au salaire de soixante quinze mille francs par mois, ça fait 9 millions. Si vous trouvez que soixante quinze mille francs ce n'est pas assez, je tiens à vous rappeler que ces crèches ne fonctionnent que le matin. Donc je crois être plus que généreuse au niveau des salaires.
Eh oui, pour la modique somme de 1,7 millions par an, vous êtes priés de venir chercher votre rejeton à midi pile. Ne soyez pas en retard hein, c'est comme la crèche à Mbeng, elles vont tirer la tronche si vous leur perdez leur temps. Ce qui signifie que vous devez chercher une autre solution pour l'après midi. Accessoirement.

En imaginant que vous louez un local à... allez, un million par mois (et encore, même dans les quartiers chics, ça peut être une demeure plus que conséquente), vous en avez pour 12 millions.
En rajoutant 10 millions de charges diverses pour tout l'année (vu que vous les parents apportez les couches, et la nourriture de votre enfant), qu'il y a un bénéfice annuel de près de vingt millions... Pas mal, pas mal du tout.

Je suis partie de la crèche, toujours avec le sourire. Comment ne pas sourire quand on vient de me donner l'idée du business qui va m'enrichir. Anti Zamba. Ces crèches sont pleines donc il y a même les clients. Je vais ouvrir pour moi.
Pour que l'enfant apprenne à faire des "majakalanjukulu", qu'il se roule par terre, et joue, il y a des parents prêts à payer l'équivalent d'environ 50 fois le SMIC camerounais. Il y a les uns et les autres hein...

Peut être qu'en sortant de là, mon fils parlera couramment japonais, hébreu et espagnol à trois ans. On ne sait jamais. Le mystère de cette crèche ne sera malheureusement jamais résolu pour moi. J'ai pas le niveau d'argent là pardon.

En tout cas... Je suis à la recherche de potentiels partenaires hein, je crois que je vais ouvrir ma propre crèche. ça intéresse quelqu'un?
On s'attrape.
@ plus!

mardi 13 mai 2014

La soirée des Jeux universitaires à Douala vue par moi!

Hello

Ce week end, je galérais un peu. En dehors des snacks, restaurants et boites de nuit, on ne peut pas dire que les divertissements font fureur dans la ville de Douala. Enfin, si, peut être... mais il faut chercher les programmes méticuleusement.
Je m'ennuyais donc ce samedi, quand un ami m'a appelée pour me faire une proposition surprenante que j'ai tout de suite acceptée: aller aux jeux universitaires!

Plantons d'abord le décor.

Pour ceux qui ne savent pas, les jeux universitaires c'est quoi? Pendant quelques jours, un grand nombre d'équipes venant d'écoles, universités et instituts à travers le territoire se retrouvent quelque part au Cameroun pour s'affronter dans plusieurs disciplines. En journée donc, place au sport, et le soir, place à la fête, avec des stands et des activités diverses : concerts, concours, etc... Cette année, l'édition s'est tenue à Douala, et c'est quelques milliers d'étudiants venant de tout le Cameroun qui ont convergé vers la capitale économique pour les festivités.

Des évènements de ce genre, j'en ai vécus quelques uns en France, notamment avec le tournoi qui se tient chaque année à Lyon et qui réunit toutes les Grandes Écoles. L'ambiance était toujours très intéressante et animée, même comme à partir de la deuxième année, j'ai limité ma participation aux matchs de basket avec mon équipe, sans aller à la fête le soir. Parce que voyez vous, voir des jeunes brillants en temps normal, regresser mentalement le temps d'une soirée, se saouler à la Kronenburg, se mettre à courir nus sur la pelouse du terrain de foot par un froid glacial et faire le concours de celui qui pisse le plus loin, danser gauchement sur de la musique qui tambourine toute la nuit, c'est drôle la première fois... seulement.

On m'a donc donné l'occasion de voir et comparer. Quelle serait l'ambiance au Cameroun?

Au départ je me suis demandé ce que des "vieux" comme nous iraient faire à la soirée de clôture des jeux universitaires. Nous étions six, parmi lesquels seulement deux étudiants et une seule fille, moi. J'ai compris après quelques échanges que seule ma présence serait la plus suspecte de tous. Les jeunes cadres dynamiques mâles affectionneraient cet évènement : abondance, non, plutôt surabondance de chair fraîche facilement influençable par des arguments du type... "Je travaille à la BICEC".
Bon, je suis quand même partie. Si d'aventure, on me confondait à une étudiante, je pense que j'étais suffisamment bien entourée pour qu'un jeune cadre en chasse ne s'aventure à me demander mon prix.

21h Samedi soir, en route pour le campus de l'université de Douala à Ange Raphaël. A l'approche, la masse humaine se fait de plus en plus dense et les inévitables embouteillages commencent. L'un d'entre nous, ancien étudiant à Douala, maîtrise heureusement les raccourcis dans le coin et nous guide dans vers un "mapane" dans lequel je m'engage, à la suite de plusieurs voitures qui ont eu la même idée que nous. On s'engouffre dans ce qui semblerait être un marché et on avance cahin cahan quand, quasiment arrivés à la délivrance, on tombe sur une barrière et tout le monde doit s'arrêter. Une bande de jeunes bloque la route avec des tables empilées et un grand bâton. "Ceux qui veulent passer, paient".
Bon, dans ce genre de cas, il faut être très très prudent. Il fait nuit, on est au milieu d'un quartier dont aucun de nous n'est ressortissant, face à des jeunes qui semblent décidés à avoir leur bière du soir. Descendre gueuler? Mauvaise, très mauvaise idée. Faire demi-tour? Impossible, des voitures klaxonnent déjà derrière nous, ne sachant pas ce qui se passe. Finalement, le conducteur du véhicule avant nous paie, un de nous descend également payer, et on peut avancer. Le Cameroun, c'est le Cameroun, à mon plus grand regret.
On arrive finalement, on gare quelque part et on entre dans l'université où la fête bat son plein.

Première remarque : la foule est dense, très très dense. On a beaucoup de mal à circuler à travers les stands et les tables toutes remplies.
 Des groupes sont assis et devisent malgré le bruit assourdissant. Les bières coulent, à flot. Les cadavres de bouteilles s'amoncellent sur les tables et je sens qu'une partie des gens sont déjà bien "en joie". Je ne peux pas faire ma mauvaise langue et dire que la jeunesse camerounaise est la plus alcoolique de la terre. Des montagnes de bière, j'en ai aussi vues ailleurs. En milieu universitaire, je crois qu'en dehors des pays comme l’Arabie saoudite, c'est un peu le règne de l'alcool. Et la jeunesse camerounaise s'y donne à cœur joie.
L'ambiance y est vraiment, dans tous les cas. Les baffles diffusent de la musique assourdissante, les tubes du moment, et de temps en temps sur une table, un ou une "enjaillé(e)" monte pour esquisser des pas de danse qui suscitent des applaudissements de ses confrères. "J'ai envie de... hummm... envie de... hummm". Et le jeune homme de mimer le coup de rein qui permettra d'étancher la soif de Coco Argentée.
Pourquoi les seules chansons de bikutsi que l'opinion veut bien rendre populaires sont sauvages heyy, pourquoi, oh why, why.... Bon, pas de digression.

J'ai rapidement eu l'occasion de constater que la chasse était vraiment ouverte et qu'elle était facile, surtout que les proies ne se mettaient pas à couvert. Je ne sais pas où en est la loi sur les DVD (dos et ventre dehors) mais Samedi soir à Ange Raphael, elle n'existait pas. Les arguments étaient mis en évidence, les guirlandes et les peintures de Noël étaient bien en place. Sassayéééé!
Aaaaah pourquoi faire ma mauvaise langue et refuser de laisser ces jeunes filles exprimer leur potentiel! Changes, Ex, changes...Bref.
Et puis les JCD étaient là, certains avec même leur anneau scintillant à l'annulaire hein. Il y a quoi, ça ne pose pas de problème à Marlène X. Quand je passe, je sens les regards braqués sur moi, mais ce n'est pas parce que je suis trop belle hein, chaque fille qui passe fait l'objet d'un examen détaillé. Et si le produit te convient, tu te rapproches pour savoir d'où elle vient et tu essaies d'échanger une ou deux phrases avec elle. Juste de quoi lui dire en fait, "salut, moi c'est marc, je suis cadre à AES Sonel, toi tu es étudiante où?". Cadre + Une grosse boite de la place = un salaire régulier = un pointeur potentiel. Bon candidat.
Je marchais avec cinq gars, trois devant et deux derrière, mais il y a quand même un petit plaisantin qui m'a touché le bras "bonsoir beauté". Ça m'a fait rire. Il devait être en seconde quand j'obtenais mon diplôme de bac+5. La fougue de la jeunesse. Il s'est fait bousculé la seconde qui a suivi par la personne juste derrière moi. La vie n'est pas facile hein.
La bouffe aussi est au rendez vous : poisson, brochettes, et consort. J'ai essayé des brochettes de porc faites par une étudiantes, elles étaient excellentes. En les mangeant, j'ai quand même fait une courte prière, parce qu'à la radio durant toute la semaine j'ai entendu parler des cas de diarrhée au cours de ces jeux... Bon, à ce jour, mon ventre va bien donc ma prière a été exaucée!
Après les brochettes, un petit tour de campus. Il y avait un concert pour lequel nous sommes malheureusement arrivés à la fin, des concours de danse, et puis le clou du spectacle : de la fornication en plein air.
Oui, vous avez bien lu.
Alors, au cours des jeux universitaires, quand la bière a déjà coulé à flot et que les atomes crochus se sont déjà crochetés, il est parfois humainement impossible  pour les nouveaux tourtereaux de trouver le chemin d'une chambre ou d'un hôtel. Le gazon, les bosquets et les fourrés font l'affaire. Sodome et Gomorrhe dans leur splendeur. Un bon plaisantin pourrait se munir d'une torche et d'un appareil photo pour immortaliser ces moments. Moi je n'en ai pas eu le courage. M'aventurer comme ça sur des scènes de crime, j'ai quand même un reste de pudeur hein...
Et puis à un moment j'ai quand même voulu sortir mon appareil photo dont je ne me sépare jamais pour immortaliser une affiche qui m'a choquée : sur le sol d'une université, on écrit et on affiche le mot revAndiquer... Mais à peine je l'avais sorti que dix mètres plus loin,pas moins de dix gars ont plongé en même temps sur un individu que je n'ai pas bien vu, quelqu'un qui apparemment s'amusait à faire les poches et les sacs. Les pick pockets sont toujours au rendez vous donc je me suis dit que c'était préférable que je range cet appareil et que je tienne bien mon sac, surtout que j'ai déjà perdu un appareil photo dans des conditions suspectes.

Finalement, après deux heures et demi sur place, nous sommes partis pour de nouveaux horizons. L'expérience était intéressante. J'ai senti l'esprit festif, et j'ai apprécié le fait que dans l'océan de doléances et de complaintes qui font le lot quotidien de nos étudiants, il y ait des évènements de ce type pour les divertir. Quelqu'un a dit que c'était pour mieux les endormir. C'est possible mais c'est une action positive.
Pour ce qui est des péchés (lol), j'ai confirmé qu'au Cameroun comme à l'étranger, ce genre d'évènements tourne autour des mêmes choses. Sport, fête, alcool, débauche. Bonnet blanc, blanc bonnet. J'avoue avoir préféré l'ambiance du pays. Nous avons des danseurs ici hein... Moi je préfère regarder un jeune camerounais danser pala pala qu'un jeune français qui dit qu'il danse David Guetta.

Si j'ai quand même un petit bémol à apporter, ce serait du point de vue de la sécurité. Tout était très touffu, avec des fils électriques de tous les cotés pour alimenter les stands. Un incendie se serait déclaré qu'on aurait certainement fini à CNN et Euronews avec des centaines de morts parce que la promiscuité et la foule se prêtaient bien au drame. Heureusement, ça ne s'est pas passé, mais les organisateurs devraient être plus rigoureux sur l'agencement des stands et les branchements électriques. On n'attend pas qu'un drame se produise pour tirer des leçons...

DSC_00060Je regrette de ne pas avoir vu les mascottes, le porc de Dschang ou le mouton de Ngaoundéré, les épreuves sportives et les fans clubs en journée. Surtout que la fête reviendra à Douala dans je ne sais combien d'années.Il est donc fort peu probable que j'assiste encore à cet évènement un jour. Mais je peux dire que ça en valait quand même la peine.
Bref...
Voilà pour mon expérience aux JU.
A plus
Ciao