mercredi 27 août 2014

Rentrer au Cameroun en minimisant les risques


Hello les gens,

Ça fait un bon bout hein ?! Ce n’est pas que je manque de temps (ce qui est un peu vrai), c’est surtout qu’au final trop d’inspiration tue l’inspiration : quand je regarde l’actualité camerounaise de ces derniers mois, et les évènements dont j’ai eu à être témoin ici au pays, vraiment j’ai au bas mot dix sujets que j’aurais souhaité aborder avec vous.

De Boko Haram, aux bouleversements au sein des chatons, à l’affaire Eto’o/Nathalie, aux conneries que les églises de réveil nous sortent ici tous les jours, il y a beaucoup, beaucoup à dire… Mais plutôt que de m’engager dans un sujet de congossa sans aucun réel intérêt finalement, j’ai opté pour un sujet pratique à destination de ceux qui souhaitent rentrer s’installer au pays mais ont peur de le faire, en particulier ceux qui vivent en France. Les autres pourront toujours s’en inspirer même si je doute fort qu’un système aussi « généreux » que celui de la France existe encore quelque part sur cette terre.

Bon, première chose à savoir : si vous voulez partager avec vos copains/copines françaises, c’est pour vous là bas. Le système français et moi on n’a plus rien à se dire, si vous allez vendre la mèche, c’est vous-même que ça cassera, moi je suis déjà installée à Douala.
Deuxième chose : C’est une collection d’infos provenant de différentes personnes dont peut être moi même. Peut-être. Peut-être pas. Vous comprenez ? Focalisez-vous sur le message et non sur les acteurs.
Maintenant que c’est dit, nous pouvons parler sérieusement.



Qui n’a pas envie de rentrer ? Même les plus fervents critiques du Cameroun, du régime camerounais et de la mentalité camerounaise rêvent en secret de rentrer vivre au Cameroun. Mais il y a un lot d’inquiétudes qui jaillit généralement dans l’esprit du panaméen dès que le sujet est abordé. Un petit florilège….

« Est-ce que je vais pouvoir maintenir un certain niveau de vie ? parce que j’ai quand même gouté à Mbeng hein et même si ma maison au pays sera deux fois plus grande, je suis quand même habitué à certains petits plaisirs : l’eau chaude, le cinéma, la pizza, les voyages… »

« Le cousin de l’ami de l’autre a tout plaqué en France pour rentrer au Cameroun. Aujourd’hui, cinq ans après, il regrette tellement qu’il va souvent à l’aéroport pleurer en regardant les avions air France s’envoler vers le paradis qu’il a quitté. Je ne veux pas aussi regretter après»

« Le Cameroun, c’est le Cameroun. Je peux être une victime du système et perdre mon emploi au bout de quelques années. Dans ce cas, comment je fais ? Au Cameroun, il n’y a pas les assedics pour les chômeurs… »

« Hum Popol est vieux, non seulement il a gâté le pays et n’a toujours pas désigné de successeur. Il peut mourir d’un jour à l’autre et le Cameroun va plonger dans la guerre civile. Dans ce cas, je risque de tout perdre, y compris ma vie… »

Bref, je pourrais m’étendre dessus indéfiniment. Le but de ce post est d’essayer de vous faire comprendre que si ces inquiétudes sont légitimes, vous n’avez pas besoin d’attendre l’offre en or qui n’arrivera jamais pour mettre toutes les chances de votre coté. Il y a de nombreuses formules qui peuvent vous permettre de rentrer au Cameroun en ayant quelques garanties au cas où…
1-      Les congés sans solde
Si vous avez accumulé un nombre minimal d’années d’expérience, vous pouvez demander un congé sabbatique (condition d’expérience : six ans dont trois dans la même société) ou un congé pour création d’entreprise (condition : deux années successives dans la même société).
Dans le premier cas, il s’agit de onze mois au cours desquels vous avez la liberté de faire ce que vous voulez, pourvu que ça ne constitue pas une compétition déloyale vis-à-vis de votre entreprise, et dans le deuxième cas, d’une année renouvelable une fois, au cours de laquelle vous vous consacrez à une entreprise que vous allez créer. Il n y a aucune contrainte sur la localisation géographique de l’entreprise créée.
L’avantage de ces congés est que votre employeur peut difficilement vous les refuser, à moins de justifier que l’entreprise va trop mal pour pouvoir se passer de vous, ou d’être prête à aller aux prud’hommes. A l’issue de votre congé, si vous ne démissionnez pas entre temps, vous pouvez retrouver votre précédent poste ou son équivalent, avec le même salaire.
Profitez en donc. Si vous avez peur de ne pas tenir dans l’environnement camerounais, donnez-vous une période déterminée au cours de laquelle vous allez mettre les choses en pause en France et rentrer pour tester le Cameroun. Il m’a fallu moins d’un an pour comprendre que ma décision du retour était la meilleure que je puisse prendre, et je ne doute pas que ça puisse être le cas de certains d’entre vous. Et pour ceux qui réalisent qu’ils ne peuvent plus vivre dans leur pays d’origine après y avoir passé quelques mois, ils pourront toujours faire demi tour et s’épargner plus tard le remord de ne même pas avoir essayé.
Vous pouvez même vous permettre le luxe de travailler exactement dans le même secteur que celui de votre entreprise en France. Il faudrait vraiment que vous soyez malchanceux pour qu’ils prennent la peine de vous espionner au Cameroun pour découvrir ce que vous y faites réellement. Soyez évasifs sur ce que vous comptez faire de vos congés, et faites attention aux multinationales.
Le principal inconvénient, évidemment, est la suspension du salaire. Mais, c’est normal, sauf quand on tient à avoir le beurre et l’argent du beurre. Auquel cas, il faut avoir un enfant au moins, et appliquer ce que je vais vous dire au point 2

2-      Le congé parental
Lorsqu’on a un enfant de moins de trois ans en France (ou qu’on a adopté un enfant de moins de seize ans), et qu’on a une ancienneteté d’au moins un an dans son entreprise, on a la possibilité de mettre sa carrière professionnelle entre parenthèses pour s’en occuper, avec le soutien de l’Etat. C’est ce qu’on appelle le « congé parental d’éducation », que l’employeur n’a pas le droit de refuser, quelque soit la situation. Il existe deux versions de congé parental, le congé partiel, ou le congé total. C’est cette dernière version qui pourrait vous intéresser.
D’une durée initiale d’un an, renouvelable deux fois, jusqu’au troisième anniversaire de l’enfant, ce congé s’adresse aux hommes comme aux femmes : vive l’égalité des sexes ! Pendant cette période, théoriquement, vous ne devez pas travailler, sauf en tant qu’assistant(e) maternel(le). Mais encore une fois, qui viendra vérifier au Cameroun ce que vous y faites ? Bon, si vous êtes chez Total en France, il va de soi que vous devriez éviter de travailler pour Total au Cameroun.
De la même façon que pour les congés évoqués au point 1, dès que vous le souhaitez, vous pouvez reprendre votre place dans l’entreprise, exactement au même poste ou équivalent, et avec le même salaire.
Là où cette formule devient intéressante pour le bandit(es) que vous êtes, c’est lorsque l’Etat entre en jeu…  Si vous avez un enfant, et que vous prenez votre congé parental à la suite du congé maternité, vous avez une allocation de la caisse des affaires familiales s’élevant à environ 500 euros pendant les six premiers mois du congé. Si vous avez plus d’un enfant, vous obtenez environ 800 euros, et ce jusqu’à la fin du congé. Cette somme peut beurrer les épinards de façon conséquente lorsqu’on est installés au Cameroun…
La seule contrainte est qu’il faut quelques fois remonter en France avec les enfants pour prouver que vous existez bien, mais je ne pense pas que ça pose réellement problème aux anciens mbenguistes qui aiment bien se « décamerouniser » de temps en temps.
Evidemment que ce n’est pas juste… Ca creuse un peu plus le déficit de la France, mais on s’en fout, pas vrai ? Ce n’est rien comparé à ce que la France gagne en exploitant le Cameroun, et je suis très sérieuse en écrivant ces lignes.
Alors, mon conseil à tous les jeunes couples qui construisent leur famille, faites un enfant, puis un deuxième, et TIREZ VOUS. Vous voulez vraiment élever vos enfants dans un environnement où il est si difficile de leur inculquer les valeurs de respect des ainés à l’africaine?  Vous aurez jusqu’à ce que le dernier ait trois ans pour prendre une décision ferme. Si vous souhaitez conserver un pied à terre en France, vous n’aurez pas à réfléchir à comment payer ce loyer là, grâce à la CAF, qui n’hésitera pas non plus à vous donner une allocation logement si cela s’avère nécessaire. Exploitez le système à fond pour rentrer au pays en douceur. Que le français qui n’est pas content se renseigne sur le mécanisme du franc CFA avant de nous faire la morale.

Voilà donc mes petits conseils. Je sais bien qu’ils ne permettent pas de cerner le problème sous tous ses angles, mais c’est déjà un début, et j’espère sincèrement que quelques uns d’entre vous verront le retour autrement qu’un fantasme irréalisable grâce à ces options, bien que chaque cas soit particulier.

A bientôt!