mercredi 12 octobre 2016

Je fais partie du Lions Club : Je suis une sorcière.

Bonjour les gens,


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Oui, vous avez bien lu le titre de l'article. Je fais partie du Lions Club International. Et je n'en suis pas peu fière, quand je vois ce que les Clubs ont réalisé à travers les différentes villes du Cameroun. J'arbore mon pins avec fierté. Il paraît que c'est une organisation occulte. Étant  un membre qui assume pleinement son appartenance à cette organisation, je suis donc une sorcière. Je vais avec ce billet, vous édifier sur les différentes activités de sorcellerie que nous menons donc.

Le Lions Club et moi, c'est une histoire qui date de 2000, date à laquelle je suis entrée dans l'anti-chambre, le Léo Club. A l'époque, le principe était simple : nous organisions des collectes de fonds, généralement des bals ou des tournois de basketball au cours desquels nous nous amusions beaucoup, et ensuite nous utilisions les fonds collectés pour effectuer des dons dans des orphelinats. Le principe n'est pas très différent de celui de certaines associations au Cameroun... A l'époque déjà, on m'avait mise en garde. J'étais "seulement" dans la cour des petits. Donc, nous n'avions pas encore besoin d'égorger des coqs et des poules, ou d'offrir notre descendance en sacrifice. "Prends garde, et n'entre jamais dans le Lions Club.. Là bas, ce n'est plus du jeu... On va commencer à te demander des choses en retour". Glups.
J'ai vécu ma vie de Leo tranquillement. De temps en temps, nous nous rendions aux réunions des Grands, généralement le Lions Club parrain, et jamais je n'ai assisté à une séance d'exorcisme ou de lévitation générale. Bon, me direz vous, c'était probablement pour ne pas m'effrayer.
J'ai eu mon Bac et je me suis envolée vers d'autres cieux, où il était plus compliqué pour moi d'être dans un Lions Club. Problème d'agenda... Je courais vers mon diplôme d'ingénieur. Puis j'ai commencé à travailler. Durant toute cette période, le Lions Club, à vrai dire, est complètement sorti de mon esprit. C'est dommage, il aurait été intéressant de savoir à quoi ressemble la sorcellerie des blancs aussi. Bref.

Je suis donc revenue au Cameroun. Et puis un jour, une demande d'aide dans le cadre d'une collecte de fonds a été déposée à mon bureau par une tata. Je me suis rappelé de la belle époque où je m'amusais, je socialisais au sein du Leo Club tout en faisant quelque chose de bien et de bénéfique pour les autres. Et j'ai décidé de m'y remettre. Bien sûr la première chose que certaines personnes m'ont dite quand je leur ai annoncé que je souhaitais reprendre du service, était que mon fils avait intérêt à ne plus jamais avoir le moindre bobo "Si tu veux le vendre, nous te tuerons en premier". Okay....

J'ai fait fi de toutes les menaces, et j'ai repris du service. Premières réunions, je me retrouve dans du classique. On parle de la collecte de fonds et de son organisation. On parle des différentes œuvres dans des écoles, dans des orphelinats. On parle des activités inter-clubs, pour augmenter la synergie entre les différents clubs. On parle du Centenaire du Lions Club qui aura lieu au siège mondial à Chicago l'année prochaine. 100 ans de sorcellerie, c'est pas énorme ça? J'ai attendu en vain le moment où on devait me demander d'utiliser une porte adjacente pour pénétrer dans une salle noire et obscure où j'allais découvrir les vraies choses. Que nenni. On m'a juste répété encore et encore qu'être Lions demandait de l'engagement : humain, et financier. Non seulement, j'allais dépenser du temps à organiser des choses, à participer à la vie de l'association, mais j'allais aussi devoir m'acquitter de mes cotisations pour que le dit club puisse fonctionner. Et moi qui croyais que dans la sorcellerie, l'argent devait aller dans l'autre sens...
Puis j'ai été intronisée. Une cérémonie simple, et sans chichis, où j'ai eu la sensation d'être accueillie dans une grande famille.Il n'y avait ni coq ni chèvre à égorger. Pourtant je n'aurais rien eu contre un bon méchoui. Je n'ai pris aucun engagement, si ce n'est celui de servir les autres... On m'a demandé de parler de moi, certainement pour savoir combien de personnes proches je pouvais vendre. On a bu des jus, on a mangé des toasts, dans un grand hôtel de la place. Le nec plus ultra de la sorcellerie.

Puis le travail a commencé.Il fallait participer aux réunions : assemblées générales, conseils d'administration. Il fallait apporter son coup de main pour l'organisation des collectes de fonds. Le principe? Simple. Organiser une fête ou un autre évènement, où des gens vont payer pour s'amuser, tout en sachant que ce qu'ils paient ne va pas dans la poche des organisateurs, mais sera utilisé intégralement pour faire une... œuvre. Qu'est ce qu'une œuvre? Généralement, un don, ou une action qui va dans le sens de l'intérêt d'une communauté. Par exemple, plusieurs Lions Club se sont associés pour construire le pavillon de drépanocytose de l'hôpital Laquintinie. Une campagne de sensibilisation contre les dangers de la toxicomanie a été organisée au Centre d'accueil et d'orientation de Bepanda récemment par un autre club de la ville. D'autres oeuvres : Les dons dans des orphelinats, le curage de drains complètement pollués, des campagnes de dépistage de SIDA, des dons de matériel ou de bourses dans des écoles.... Si je devais citer tout ce que les Lions Club ont déjà fait dans la seule ville de Douala depuis deux ans, je crois qu'il me faudrait deux ou trois articles. Ça reste une goutte d'eau dans l'océan de problèmes rencontrés tous les jours mais c'est déjà mieux que rien....

C'est là que j'ai commencé à flairer l'arnaque. Un bon sorcier doit gagner quelque chose dans sa sorcellerie. Quelque chose de matériel, concret, non? Enfin, moi je suis une sorcière pratique. Si je vends des gens, il faut bien que j'encaisse l'argent à un moment.

Bref, revenons à nos histoires de sorcellerie. Un jour, un collègue m'a dit que ce n'était pas pour rien qu'il n'y avait que des "riches" au Lions Club. La première nouvelle était que je suis vraisemblablement riche. Je l'ignorais moi même. Et mon compte en banque semble aussi l'ignorer, lui qui s'entête à m'afficher un solde très inintéressant, mois après mois. La deuxième nouvelle est que si des personnes d'un certain rang social (réel ou supposé) sont réunies au sein d'une association, c'est qu'ils y font des trucs pas clairs. Ah la clairvoyance du camerounais lambda!

Puis on m'a aussi dit que le Lions Club était "à peu près" clean, mais que c'est là que la Rose croix et la Franc Maçonnerie organisaient leur recrutement. J'attends toujours les dates des premières sessions de recrutement. Avec une grande impatience. Pour l'instant, j'entends surtout des gens qui parlent d'aller à l'Eglise le Dimanche. Peut être que je ne suis pas encore suffisamment dans le coup pour être dans le secret des Dieux hein. Ou peut être aussi (plus vraisemblable) que ça n'arrivera jamais parce que le Lions Club n'a strictement rien à voir avec ces deux organisations. Soyons sérieux. Il n'est pas interdit qu'un Lions soit de la Franc Maçonnerie. Ou Rose-crucien. Il y a aussi des Lions militaires. On pourra aussi dire que c'est là que l'armée organise son recrutement alors? 

Alors, qu'est ce que je gagne à être au Lions Club? Rien, financièrement, c'est sûr. Socialement, je fais des rencontres très intéressantes. On va donc dire que je profite en me faisant un réseau. Ai je alors grimpé les échelons dans ma société depuis que j'en fais partie? Non. Ai je gagné de l'argent? Non. Au contraire, les cotisations font mal.Qu'est ce que ça m'apporte concrètement, matériellement? Rien. Tout ce que ça m'apporte, c'est cette satisfaction dans la sensation de faire quelque chose de bien, et cette émotion lorsqu'une bénéficiaire d'une bourse offerte par mon club a versé des larmes de joie devant toute l'assemblée. En fait, là se situe la vraie sorcellerie, dans ce Cameroun où personne ne fait plus rien pour rien. La vraie sorcellerie est de donner sans rien attendre en retour. Il fallait bien une petite dose de mysticisme pour pimenter le truc.


vendredi 7 octobre 2016

Que faire face à quelqu'un qui nous a escroqués? Affaires à distance - Feymania Part III

Bonjour les gens,

Le décor a été planté ici et ici. Part I et part II, pour ceux qui n'ont pas encore lu....


Imaginez des camerounais qui créent une coopérative et confient de l'argent et un ensemble de tâches à effectuer à quelqu'un (Boniface). Au total, Boniface les escroque à hauteur de six millions, en profitant du fait que quatre d'entre vivent à l'étranger, et que la cinquième personne au Cameroun n'a pas le temps de suivre.

Le scénario n'est que trop commun. Quelqu'un a dit dans les premiers commentaires que si tous les Camerounais vivant à l'étranger qui s'étaient faits escroquer par des locaux devaient faire des vidéos, on s'en sortirait avec une série aussi longue que les feux de l'amour. Il n'y a pas de meilleure image pour illustrer ce qui se passe....

Cette partie de l'histoire, je la trouve personnellement intéressante, parce que les membres de la coopérative n'ont pas eu la réaction habituelle face à ce genre de cas. Généralement, on se lamente et on oublie son argent. Qui aurait le courage de poursuivre un membre de la famille, ou un ami d'enfance? Tout le monde crie "moi, moi" mais en vérité, face au caractère fastidieux de la tâche, beaucoup abandonnent après les menaces d'usage.

C'est la première erreur : Laisser les sentiments et la flemme prendre le dessus sur tout. Si tous les escrocs locaux qui ont pigeonné des personnes de la diaspora finissaient derrière les barreaux, beaucoup hésiteraient à nouveau avant de profiter de la distance pour rouler leurs compatriotes dans la farine. Mais très peu vont jusqu'au bout : on pense au temps, à l'énergie, à la famille, à l'amitié et au bon vieux temps. Comme si, les escrocs, eux, s'embarrassaient de ce genre de considérations....

Revenons à notre histoire. Les membres de la coopérative, après avoir découvert le pot aux roses, ont décidé de mener deux actions. Dans un premier temps, il fallait gérer le cas de Boniface. Au cours de leurs recherches, ils ont découvert que Boniface venait d'aménager dans sa nouvelle maison, dont il venait de finir la construction. Ils savaient déjà à quoi avait servi leur argent. Il fallait récupérer au moins une partie, si ce n'est la totalité de l'argent détourné, et cela à tous les prix.


Pour cela, il fallait quelqu'un de disponible pour suivre l'affaire, de bout en bout, dans un délai assez court. Cela tombait bien, un des membres de la coopérative a pris ses congés et prévoyait d'arriver au Cameroun. En plus, il s'agissait de celui qui a recommandé Boniface au groupe et qui s'en voulait encore plus pour ce choix. Il s'est donc chargé de gérer.
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1ère étape : Porter plainte au commissariat. Mais idéalement pas n'importe lequel... Nous sommes au Cameroun et ce pays a ses tares. Vous pouvez avoir la chance de tomber sur une personne consciencieuse et soucieuse de bien faire son travail...ou pas. Et la première catégorie ne court pas les rues. Si vous n'avez pas beaucoup de temps, trouvez quelqu'un auprès de qui vous allez vous faire introduire personnellement, et ajoutez lui une motivation supplémentaire. Pour une escroquerie à hauteur de six millions, si vous voulez que les officiers soient motivés à vous aider à récupérer au moins une partie, il va falloir leur promettre une prime d'intéressement. Je ne cautionne pas la pratique, mais il faut rester pragmatiques.
Une fois que le groupe a trouvé un commissariat où porter plainte, ils l'ont fait, et ont fait porter la convocation personnellement à Boniface, qui ne se doutait absolument pas que TOUT son travail avait été mis à jour. Le bon monsieur pensait encore que la plainte portait simplement sur la campagne qu'il avait bâclée....

Il faut éviter les négociations à l'amiable hors du commissariat.
Une fois la plainte reçue, Boniface a informé sa mère que son ami d'enfance qu'elle connaissait bien voulait le faire coffrer "parce qu'il avait mal travaillé". Il espérait sans doute qu'elle négocie pour lui et que son ami laisse tomber, en souvenir du "bon vieux temps". Bien sûr, l'instinct maternel a pris le dessus et la dame s'est déplacée vers le membre de la coopérative pour l'inciter à la compassion. Ce n'est pas une tâche facile, surtout quand on respecte les ainés, de voir une maman en appeler à notre bon cœur et supplier pour qu'on ne fasse pas enfermer son fils pour malversations. SERREZ LE CŒUR et REFUSEZ toute proposition à l'amiable qui se passerait en dehors des autorités compétentes. Généralement, c'est un moyen de gagner du temps ou de vous endormir simplement pour éviter la case cellule. Le dû n'est jamais récupéré.
Boniface ne s'étant pas présenté à la première convocation, une deuxième lui a été adressée, toujours à son domicile, devant femme et enfants. Il n'avait pas d'autre choix que de se présenter à la date donnée.

Ceci rappelle également l'importance de travailler avec des personnes qui peuvent avoir quelque chose à perdre. Dans le cas présent, Boniface ne pouvait pas simplement disparaitre, avec une famille à sa charge. Bien sûr, il y a des têtes brulées qui ne se seraient pas gênées, mais le fait de savoir où il vivait était un plus. Si c'était un célibataire sans enfants, il aurait simplement pu prendre la clé des champs, aller se cacher quelques semaines au village le temps que son ami reparte et qu'on l'oublie. Mais là, son domicile étant identifié, et sa femme connue, il ne pouvait sûrement pas se volatiliser, surtout que son épouse était citée comme témoin dans les faux actes de vente signés. En dernier recours, elle pouvait toujours se retrouver en cellule à sa place.

Voici donc Boniface au commissariat, informé des chefs d'accusation qui pèsent contre lui. Face aux éléments de preuve accablants, il n'a pas pu nier grand chose et a proposé de rembourser une partie de l'argent cash, et le reste en plusieurs mensualités, contre son titre foncier et/ou sa voiture en gage. Sa garde à vue lui a été signifiée et il a proposé 50k à l'enquêteur pour être laissé libre....Vive le Cameroun. La motivation de l'autre coté était plus intéressante... donc il n'a pas convaincu l'enquêteur qui l'a enfermé pour la nuit.

Je vous ai dit plus tôt, en part II, que Boniface connaissait bien un grand ponte de cette république. Le temps de prévenir ce dernier, il a du passer la nuit en cellule. Le lendemain matin, sa femme est arrivée au commissariat avec un avocat et une personne sensée renverser le rapport de forces... Ils sont entrés directement dans le bureau du commissaire pour des pourparlers, laissant le plaignant représentant de la coopérative dehors....

Malheureusement pour notre escroc, dans la coopérative, se trouve un autre membre qui a la possibilité de toquer à la bonne porte. Par conséquent, avant même que le doute ne s'installe dans l'esprit de qui que ce soit, un coup de fil avait déjà été passé au commissaire, lui demandant de gérer cette histoire dans le plus grand sérieux et de s'assurer surtout que le plaignant était satisfait de l'échéancier proposé par Boniface...

Tout le monde n'a pas la chance d'être bien introduit. Par conséquent naviguer dans les eaux camerounaises peut devenir très compliqué. C'est pour cette raison que je conseille à tous les aspirants investisseurs vivant à l'étranger de procéder à un réseautage en bonne et due forme. Il faut s'y forcer. La force d'un individu réside dans les personnes qu'il connait et qui seraient capables de faire un geste, aussi petit soit-il pour lui. Plus vite on l'accepte, mieux on se porte.

Finalement, Boniface a du proposer quelque chose qui arrangeait les membres de la coopérative. Sa libération a été conditionnée par le versement de deux millions de francs CFA cash, qu'il a fait apporter par sa femme dans la matinée. On se demande bien quel autre pigeon il a trouvé pour avoir cet argent. Toujours est-il qu'il était libre en fin de matinée, et que les membres du groupe avaient récupéré deux millions, et un échéancier pour les quatre millions restants étalés sur quelques mois.

Une bonne chose de réglée. Au cours des prochains mois, Boniface devra s'arranger pour respecter ses échéances. Et vous vous doutez bien qu'il s'y efforcera, ses bourreaux ayant démontré qu'ils n'avaient absolument aucune molécule de lactose à lui concéder. Façon de parler.

La deuxième action consistait en gérer et clarifier la situation du terrain acheté....


Les leçons viendront plus tard. Là maintenant, il s'agit de savoir comment l'affaire du terrain a finalement été réglée... Les membres ont-ils pu récupérer le terrain dans les bonnes dimensions? Comment s'est comporté Essomba par la suite?

mardi 4 octobre 2016

Affaire de business à distance - une histoire de Feymania part II

pour la première partie, c'est ici

Résumé : cinq amis dont 4 vivant à l'étranger décident de se lancer dans un business à distance et trouvent une personne qui va travailler pour eux, moyennant des parts et un salaire. Sauf qu'après quelques temps, ils réalisent que tout n'est pas aussi rose que ce que la personne leur disait....

Voici donc nos amis qui sont en pleine panique. Les premières observations des personnes envoyées sur le terrain n'augurent rien de bon. La superficie semble bien éloignée des 30 hectares achetés, le défrichage n'a pas été effectué et la campagne de pommes de terre est d'ores et déjà un échec.... Plus grave encore, Boniface se fait de plus en plus rare au téléphone et n'a fourni aucun des papiers officiels relatifs à l'achat du terrain.
Afficher l'image d'origineA ce moment, nos cinq amis organisent une cellule de crise. La plus grande crainte est que Boniface ait acheté le terrain à son nom ou décide de le revendre. Bien sûr, quand tout commence à mal aller, il y a toujours au moins une personne dans le groupe qui estime que c'est à cause des autres que ça arrive... toujours... d'où la question de savoir si on peut faire des affaires avec n'importe qui, parce que tout n'est jamais entièrement rose et qu'il faut éviter les gens qui ne sont pas en mesure d'assumer les échecs. Mais ça, c'est un autre débat....
La cinquième personne au Cameroun finit par prendre le taureau par les cornes. Quelques semaines avant que le pot aux roses ne soit découvert, elle songeait pourtant à quitter le groupe. Sa situation personnelle la rend totalement indisponible. A quoi bon continuer dans un projet qu'on n'a pas le temps de suivre? Mais avec les révélations sur la gestion de Boniface, le moment est mal choisi pour abandonner le bateau. Elle décide donc de récupérer au moins les papiers du terrain auprès de Boniface. Elle réussit à le joindre et fait comme si de rien n'était, en évoquant plutôt sa volonté de quitter le groupe pour cause de mésentente avec un des membres, et la nécessité de récupérer les papiers officiels pour faire toutes les démarches permettant de se désengager et d'introduire son remplaçant. On peut louer ses talents de comédien car Boniface mord à l'hameçon et lui remet tous les documents - abandon de droits coutumiers, certificat de vente, statuts de la coopérative- à l'occasion d'un de ses passages à Yaoundé. Il ne se doute pas que sa malhonnêteté a été mise à jour, et se plaint plutôt de l'attitude du membre qui envoie sa famille sur le terrain : "il veut s'accaparer du terrain!!!"
Les papiers sont donc bien là. Maintenant, la question est de savoir si ils sont vrais.... Nous sommes au Cameroun ne l'oublions pas....

Notre membre local continue donc sur sa lancée et organise le voyage vers le terrain pour rencontrer le vendeur, accompagné par la personne qui avait d'abord découvert la supercherie. Il est muni de tous les papiers officiels remis par Boniface. Six heures de route. Les sommes d'argent en jeu en valent la peine.
Essomba le reçoit avec joie. Bien évidemment, le membre a prévu une petite enveloppe pour ce dernier (ça ne finit jamais, l'autre là) et des vivres pour sa famille. Il explique à Essomba qu'il est venu le voir lui, en tant que vendeur et gardien du terrain, pour l'informer que Boniface n'a plus aucun droit sur le terrain et a été exclu de la coopérative. Donc si jamais il le voit se balader aux alentours du terrain avec un potentiel nouvel acheteur, qu'il se sente libre de les cueillir avec sa machette.... Essomba est rassuré par la présence de tous les documents officiels et se met à table.... Il y a bien eu une vente et elle a été effectué au nom de la coopérative. Tout le monde peut pousser un ouf de soulagement. Mais en bavardant un peu plus, il y a des découvertes qui sont faites....

Première grande nouvelle, Boniface a bel et bien acheté 30 hectares, mais à un million cinq.Au lieu des 4,5 millions annoncés au groupe et figurant pourtant sur l'acte de vente. Il lui a été demandé de venir avec un topographe/géomètre afin de mesurer les 30 hectares de son terrain et remettre un plan définitif y compris au vendeur. Ce qu'il n'a jamais fait, après être pourtant venu une ou deux fois avec un topographe - pour lequel la coopérative lui a remis de l'argent. Le terrain cédé pour l'instant a donc une superficie...inconnue.
Deuxième grande nouvelle : Au moment de signer le certificat de vente signé, Boniface a sorti à tout le monde, y compris au sous-préfet présent, qu'il était impératif de marquer 4,5 millions sur le dossier car il faisait partie d'un groupe de jeunes ambitieux qui voulait changer le Cameroun et le Monde, et pour ça, ils avaient besoin d'être subventionné par l'Etat du Cameroun. Une des conditions pour y arriver était de montrer que des investissements étaient déjà en cours, et bien sûr il valait mieux avoir un terrain ayant couté 4,5 millions plutôt qu'un terrain à 1.5 millions.Vous suivez la science jusque là? Tout le monde a accepté après discussions, moyennant quelques mains levées.. Que voulez vous, nous sommes au Cameroun.... Heureusement, Essomba raconte qu'il a eu la présence d'esprit de faire signer un reçu de ...un million cinq à Boniface.
Troisième grande nouvelle : Boniface a demandé aux enfants qui travaillent dans le champ de défricher cinq hectares et a payé pour deux. Le matériel n'a jamais été acheté, malgré les fonds décaissés,et il s'est contenté d'emprunter le matériel d'Essomba à chaque fois qu'il arrivait au champ. Les enfants étaient tellement fâchés à la fin qu'ils sont partis avec les machettes du pauvre Essomba.... Même l'intermédiaire qui lui a montré le terrain, il a fini par le frapper en ne lui donnant pas un seul centime de sa commission de 250.000 francs CFA (également reversée par le groupe).
Essomba mis en confiance lâche une grosse partie du morceau comme ça.
On n'en finit pas de s'exclamer sur la malhonnêteté de Boniface, qui n'a vraiment pas fait les choses à moitié. Il aurait très bien pu s'arrêter à la frappe sur le terrain... Trois millions auraient déjà été pas mal. Si il avait mené par la suite le défrichage et la campagne correctement, personne n'aurait songé à aller vérifier auprès du vendeur si le prix du terrain était bien le bon... Mais non, il a fallu qu'il détourne à tous les niveaux au point d'attirer l'attention de ses pigeons.... Le comble étant que pendant que le membre du groupe discute avec Essomba, Boniface réapparait sur le groupe Whatsapp de la coopérative pour demander un déblocage de fonds de 600.000 francs CFA pour organiser la récolte : "Les pommes de terre sont déjà bien sorties du sol, la campagne est un succès, nous devons vite récolter".

Le membre au Cameroun s'empresse d'informer ses amis du groupe qui sont à moitié rassurés par les propos du vendeur. L'essentiel, c'est à dire le terrain, est quasi-sauf.
Pour la suite, les amis décident qu'il faut avant tout sécuriser ça : défricher, mettre effectivement des bornes, et titrer. Pour ça, il faut s'assurer de la superficie et la compléter ci nécessaire, vu que le vendeur lui même reconnait avoir vendu 30 hectares, et surtout récupérer ce qui peut l'être de Boniface, qui a escroqué au final la rondelette somme de six millions, mais qui s'avère être plus ou moins couvert par un gros ponte du régime de Paul Biya.

Que feront les membres du groupe escroqué?
Seront-ils en mesure de récupérer leurs 30 hectares?
Comment va s'en tirer Boniface?
La suite au prochain épisode....le bout du tunnel n'est même pas encore près....



lundi 3 octobre 2016

Affaire de business à distance - une histoire de Feymania Part I


Je sais qu'à plusieurs reprises, des camerounais bien intentionnés de la diaspora ont émis l'idée de se mettre à plusieurs, et de réunir les fonds pour lancer des business au Cameroun. Certains sont même allés au delà de la simple idée et l'ont fait. Initiative louable mais.... dans 90% des cas, ça finit mal. Je n'ai pas fait d'études approfondies pour justifier mes statistiques, mais intuitivement, je sais que c'est ça.
Loin de moi l'idée de vous décourager, mes amis de la diaspora. Mais reconnaitre un problème c'est se donner les moyens de pouvoir le résoudre. Il faut savoir que les mentalités au Cameroun sont compliquées, très compliquées. Alors quand on se lance dans une aventure, il y a des erreurs à éviter.
Lesquelles, me direz vous? Il y en a plusieurs.
Je ne vais pas les énumérer comme une maîtresse d'école. Je vais juste vous raconter une histoire vraie, dont je peux parler parce que je l'ai vécue, et à partir de laquelle vous pourrez méditer sur les fameuses erreurs qu'il faut éviter quand on lance un business à distance..... Ce sera un peu long, donc j'ai découpé en plusieurs parties.... Commençons donc par le début....

Une histoire de feymania....

Un jour, quelques amis décident de se regrouper pour lancer un business au Cameroun. Le secteur de l'agriculture les intéresse particulièrement, et ils se disent qu'ils peuvent commencer par la culture proprement dite, avant de procéder plus tard à une transformation sur place. Ils se voient déjà plus tard à la tête d'une petite industrie de transformation. Du manioc en amidon par exemple. Ou du maïs en provende. Bref, les idées ne manquent pas.

Un petit hic toutefois... Ils sont cinq, et quatre d'entre eux vivent à l'étranger. La cinquième personne n'est pas très disponible: un boulot prenant, une famille, et des business qui tournent déjà. Ils décident donc de trouver une personne vivant au Cameroun, sans activités, qui pourrait être le bras opérationnel du business. Bien sûr, pour la motiver, elle aurait des parts dans l'affaire sans aucun apport autre que son travail et un "petit" salaire.
Toute personne intègre et honnête, qui n'a aucune autre activité sous la main, verrait là une occasion de rêve. Normalement. Mais nous sommes au Cameroun, n'oublions pas.
Voyons donc la personne honnête et intègre que nos cinq amis ont choisie.

Il s'appelle Boniface. C'est un beau parleur, très beau parleur. Dès les premières conférences téléphoniques, il se montre motivé  par le projet, et souscrit sans réserve aux conditions. Nos cinq amis sont contents et enthousiastes bien que sa situation professionnelle soit plutôt floue. Il est commercial, sans emploi, pour une raison qu'on ignore. Son background n'est pas vérifié avant son entrée dans le groupe... Après tout, il est recommandé par l'un d'eux et on connait sa famille donc il n'y a pas de raison particulière de s'inquiéter. Quoi qu'il arrive, on pourra toujours mettre la main sur lui.
La première partie du projet n'implique pas de gros fonds. Il faut chercher des terrains agraires, négocier les prix, et gérer toutes les procédures d'achat. Boniface se montre très disponible et se déplace, tous frais payés par le groupe. Il est assidu et présent à toutes les conférences téléphoniques. Il fait des comptes rendus détaillés, et ne ménage pas ses efforts. On en verserait presqu'une larme.... Un compte bancaire est ouvert, avec deux signatures obligatoires,celle de Boniface et de l'autre membre présent au Cameroun. Le compte est approvisionné.
Au moment du choix définitif, le cinquième membre souhaiterait que le terrain soit plus proche de lui, afin qu'il puisse de temps en temps s'y rendre. Mais il change vite d'avis. Après tout, c'est Boniface qui devra gérer la partie opérationnelle. Il est donc plus judicieux que le champ soit plus facilement accessible par lui. Ce membre arrive tout de même à se déplacer une fois pour aller visiter un des terrains potentiels à acheter, avec Boniface qui se fait une joie de l'y conduire depuis Yaoundé. Six heures au total de route, c'est la durée qu'il faut à ce membre pour se rendre sur le terrain à acheter, depuis son lieu de résidence, qui est Douala. Cela signifie de façon très pratique qu'il lui sera quasiment impossible de s'y rendre régulièrement. Mais le groupe n'en est pas offusqué. Après tout, Boniface gèrera.

Et Boniface a effectivement géré. La procédure d'achat pour le terrain visité par le cinquième membre a finalement capoté. Pour une raison obscure. Pourtant, le cinquième membre avait eu l'opportunité d'échanger avec le vendeur qui lui avait donné son prix. Qu'à cela ne tienne, Boniface a un autre terrain sous la main, situé non loin du premier, à ce qu'il dit. Le membre installé au pays n'a pas le temps cette fois d'aller visiter et on se fie à la bonne foi de Boniface. Il gère donc toute la procédure et les membres se contentent de lui envoyer de l'argent pour gérer. En plus le prix à l'hectare est un peu moins cher que le terrain précédent, donc ils sont plutôt contents.

30 hectares. 4,5 millions. Plus les 5% du sous préfet. Plus les frais pour l'abandon des droits coutumiers. La commission du rapporteur d'affaires. Les frais pour un topographe. Etc... Etc... Nos amis déboursent en tout près de six millions pour le terrain.
Boniface gère. Il envoie des photos lors des différentes cérémonies. Envoie des photos des documents dès lors qu'ils sont signés. Tout y est : Abandon des droits coutumiers. Certificat de vente. Les cinq amis sont contents. On félicite Boniface pour le bon boulot. Et on pense qu'on peut passer sereinement à la deuxième étape.
Il faut maintenant défricher le champ : trente hectares de forêt, ce n'est pas vraiment exploitable. En plus, pour lancer la procédure de titrisation, il faut aussi poser les bornes définitives. Boniface gère toujours. Les membres du groupe, emportés par l'élan, lui envoient l'argent qu'il faut pour défricher tout. Par la suite, ils décident de mener une campagne de pommes de terre sur un hectare. Envoient encore de l'argent pour tout le matériel, les semences, pesticides et consort. Boniface continue à travailler dur, dit-il. Il envoie des photos de lui au champ, avec les ouvriers. Des reçus.  Promet monts et merveilles. Ce sont ces fameuses photos qui le mèneront pourtant à sa perte.
Un des membres finit par trouver qu'il y a trop d'arbres dans les photos qu'il reçoit. Si au moins vingt des trente hectares sont effectivement défrichés, alors il devrait en avoir moins.... Il pose la question à Boniface, qui s'en offusque. Comble de l'ironie, c'est celui là même qui l'a recommandé qui doute de lui, et Boniface le lui fait savoir : tes amis me font confiance, avec tout le travail que j'abats, mais pas toi, mon frère???
En affaires, il n'y a pas de fraternité.
Le membre soupçonneux décide d'envoyer un membre de sa famille pour visiter le champ. Boniface s'exécute et accompagne la personne. Il finit par se détendre : face à lui, une dame d'un certain âge, qui ne s'y connait pas non plus vraiment en plantations. Il prend toutes les dispositions afin qu'elle ne soit pas en mesure de rencontrer le nouveau vendeur. L'accompagne un peu au champ où il pense l'avoir embrouillée vite fait à l'entrée, sans l'emmener plus loin. Erreur.
La dame récupère en douce le numéro d'un des gamins présents lors de sa visite, qui travaille dans le champ. Et le rappelle quelques jours plus tard. Elle organise une deuxième visite, cette fois sans en informer Boniface. Elle arrive sur les lieux et se fait présenter au vendeur, que nous appellerons Essomba, et qui vit à proximité du champ. Il l’emmène visiter le champ, lui montre les travaux effectués, et dans la foulée se plaint de Boniface qui l'aurait très mal traité... Le vendeur, déclare, le regard fuyant, que Boniface est un feyman. Mais il n'en dira pas plus, dit-il, parce qu'il a "la crainte de Dieu". Je me demande pourquoi Dieu se retrouve-t-il toujours au milieu de ces affaires là. Elle fait un rapport alarmé. La superficie du terrain semble bien inférieur à trente hectares. Rien n'est défriché. Et la campagne menée sur un hectare ne ressemble à rien. Alertés, les membres du groupe ne disent encore rien et envoient un expert agricole indépendant visiter le terrain à son tour. Mêmes conclusions. 

Les membres du groupe informent Boniface du passage de l'expert indépendant, sans lui donner les conclusions. Il le prend mal, et se sent même insulté. "Après tous les efforts que j'ai faits, vous ne me faites pas confiance?"... Il se fait de plus en plus rare aux réunions, et devient subitement l'individu le plus occupé de la planète, qui ne décroche jamais son téléphone.... Un autre gros problème pointe alors à l'horizon : les membres se rendent compte qu'il n'a jamais fait parvenir au membre du Cameroun les papiers d'achat du terrain au Cameroun comme c'était convenu...... Un vent de panique s'installe....


Finalement quelle superficie a été achetée?
Que s'est-il passé avec le défrichage?
Pourquoi le vendeur déclaret-il que Boniface est un feyman?
Comment les membres du groupe réagiront-ils?
La suite la prochaine fois.....




mardi 26 juillet 2016

Se marier au Cameroun.....

Bonjour à tous,

J'ai un peu déserté ce blog. Je m'en excuse. Toujours la même rengaine comme justification : le dehors a les dents. De grooooossses dents. Et quand on est occupés à traquer le CFA, on n'a pas toujours le temps et l'inspiration de venir s'extasier sur les merveilles du Cameroun. C'est trop chaud actuellement.

Ou bien je fréquente seulement les milieux de ngueme oooh?! Ou alors j'ai choisi la mauvaise vocation?? Parce que pendant que je triture mon cerveau à tenir une activité économique pérenne, que mes potes businessmen et moi on pleure à cause de la difficulté de la vie, les vendeuses de piment font le tour du monde en première classe. Breeeeef, chassons l'aigreur, chassons l'aigreur, elles font un métier difficile dans lequel je n'ai de toutes les façons pas les "arguments" pour réussir...

Alors, ce week-end, un de mes meilleurs amis s'est marié. Bien sûr, ce n'est pas le premier d'entre eux à le faire. Ni le dernier d'ailleurs. Et plus d'une fois j'ai eu à participer à l'organisation. La fête était belle, nous étions contents à la fin. Mais....Ce week end m'a rappelé pourquoi j'ai toujours eu une position d'anti-conformiste sur l'organisation des mariages.

Depuis plusieurs années, quand on me demande comment j'envisage mon propre mariage, je réponds toujours  : mon chéri et moi, seuls à Las Vegas. Budget : 5000 euros, soit trois millions de francs CFA, tout inclus y compris les billets d'avion (depuis la France), une location d'hélicoptère qui survolerait le Grand Canyon, se poserait au fond pour nous permettre de boire du champagne et de danser sur un son de Petit Pays sous l'oeil vigilant du Grand Manitou. Mariage et lune de miel jumelés, moins les tracasseries liées à la gestion des personnes lors d'un mariage "normal" au Cameroun. Moi et ma personne face à notre destin. Un délire? Non, du tout. Un plan très réaliste et réalisable.

Bien sûr, on me rie au nez. On me demande si je pense que je vais boire le champagne des autres et danser jusqu'au matin pour les jongler lorsque mon tour arrive. On se dit que je blague. C'est presque le cas. Presque....Bref. On n'y est pas.

Voici les TROIS grandes leçons que j'ai retenues de tous les mariages auxquels j'ai participé. Les déjà mariés n'ont qu'à me dire à quel point je me trompe.... et vous comprendrez ma position!

1- On mange mal avant le mariage, on mange  très mal après.

Bien sûr c'est chacun qui fixe son budget. Celui qui décide de se marier à un budget de trois cent mille francs CFA est libre de s'arrêter à ce budget là.  Mais j'ai constaté de nos jours que tout le monde veut avoir son mariage de rêve. N'oubliez pas, on ne se marie qu'une fois (théoriquement). Et même les plus prévoyants ont du mal à appliquer une politique stricte leur permettant de manger normalement avant et après.
Quand on veut faire comme tout le monde, on pense mairie-église-vin d'honneur-soirée. Et quand on fait les comptes, la classe moyenne commence à comprendre qu'il faut prendre l'élan pour l'histoire là. Les mines se ferment, les dents se serrent, et les comptes en banque commencent à se vider. Tout l'argent passe dans l'organisation du mariage. La location de la salle... le traiteur....la boisson... le vin et le champagne pour les bobos.... les tenues.... le DJ....
Les chiffres s'enchainent. Les dépenses s'accumulent. Plusieurs millions au bas mot... MILLIONS... pour quelqu'un qui se réclame de la classe moyenne. L'année dernière, j'ai vu un ami maigrir progressivement avant son mariage. En fait il accompagnait son compte bancaire dans une cure d'amaigrissement.
Certains ont la chance d'avoir des parents qui ont attendu toute leur vie leur mariage. Des parents prêts. Si, si, il y a des parents qui sont comme des magiciens. Dès que l'enfant parle de se marier, ils démontrent qu'ils n'ont pas travaillé toute leur vie pour rien et l'argent apparait comme par enchantement. Quand on a ce genre de parents, il faut leur dire merci. Le revers de la médaille c'est que sur 400 invités, ils en auront peut être 350.
Pour les autres, les futurs mariés doivent commencer à épargner méchamment pour arriver à gérer. Parfois même s'endetter auprès de la banque ou des amis.
Les lendemains des mariages sont donc loufoques.  On est content d'avoir passé un bon moment avec la famille et les amis généralement, mais on espère très fort que quelques invités bien avisés ont laissé tomber les verres, assiettes et autres accessoires de déco, cadeaux incontournables, pour faire un chèque en bonne et dûe forme. Ah oui, oui, ENEO ne sait pas que tu viens de te marier et t'a envoyé sa facture. Ton frigo te regarde. Tu peux encore gérer quelques jours avec les restes du mariage, sinon il y a toujours du tapioca dans les placards. Ça peut être tellement fort que tu songes très sincèrement à vendre la moitié des verres qu'on t'a offerts à un bar pour renflouer les caisses.
Bref, le mariage RUINE.

2- On a toujours de nouveaux ennemis après le mariage
Il y a les oubliés de la liste d' invités..... La première liste est souvent à 1000 personnes par là. Puis on se rappelle qu'on doit faire manger tout ce monde là. A ce moment on commence à raboter à gauche et à droite pour revenir à des chiffres en accord avec la profondeur de nos poches. Au cours du processus, il y a des gens qui sont retirés de la liste qui par la suite vont prendre pour un affront personnel le fait de ne pas avoir été invités. I-N-E-V-I-T-A-B-L-E.
Il y a aussi les gens qui n'ont pas été reçus à la hauteur de leur rang.... Les Camerounais sont des êtres très susceptibles et la susceptibilité augmente avec les cheveux blancs. "On m'a mis sur une mauvaise table". "On ne m'a pas servi assez de vin". "Ma table est allée au buffet en dernier" "On m'a fait asseoir avec Atangana. Donc Atangana et moi on est du même niveau??" "on m'a accueilli comme quelqu'un qui n'est rien". Etc...Etc...
Toutes ces frustrations leur passent généralement après quelques années...ou quelques bières, suivant l'importance qu'ils donnent à leur propre personne. Dans tous les cas, à défaut de faire plaisir à tout le monde, peut être qu'il vaut mieux alors fâcher tout le monde et faire son truc en solo.

3- Il y a une conspiration pour rendre les mariés fous
Je ne me souviens pas d'un seul mariage où les mariés n'ont pas été obligés de jouer aux équilibristes pour éviter de frustrer l'une ou l'autre des familles. C'est toujours l'occasion de la guerre des tranchées et c'est à la limite du dramatique lorsqu'il s'agit d'un mariage inter-tribal. Je ne parle même pas de la partie qu'on appelle "dote" là, qui mériterait bien à elle seule tout un article.
Ça commence parfois par les parents qui oublient que ce n'est pas leur mariage et qu'il ne faut pas qu'ils imposent ce qu'ils veulent. Exercice très compliqué pour les futurs mariés que d'arriver à gérer les choses à leur façon quand un des parents a décidé que ça doit se dérouler comme il l'entend. Ça peut partir de tout et n'importe quoi. Tiens la belle-mère d'une amie n'est pas venue au mariage de son fils, parce que ce dernier a décidé avec sa femme que le mariage aurait lieu à Douala où ils vivent tous les deux, plutôt qu'à Yaoundé où elle préférait qu'il ait lieu. D'autres ont dû organiser la mairie au village pour faire plaisir à une des mamans. Un autre mariage a été bloqué pendant des mois parce que la famille du marié estimait qu'il devait vivre après avec son épouse dans la concession familiale avec ses oncles et ses tantes, alors que les mariés avaient prévu de s'installer dans un appartement ailleurs. Oui, nous sommes bien au 21ème siècle.
Il faut souvent beaucoup de force de caractère et de volonté aux mariés pour rester soudés dans la préparation du mariage face à leurs familles respectives. Finalement, c'est un excellent test, car dans ce foutu pays, eh bien, c'est ça : Tu es marié à ta personne, mais c'est la terre entière qui estime avoir le droit de vous dire ce que vous avez à faire.
Le deuxième volet de ce point concerne les désordonnés qui veulent quand même gérer des points cruciaux du mariage. Il y a toujours un responsable de commission de la famille qui va ndem à un moment. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est une constante. Quelque soit le talent présent dans la famille, il y a toujours CE cousin/oncle/père à qui on va confier quelque chose qui va s'oublier à un moment... Disparaitre au moment où on a le plus besoin de lui, faire le contraire de ce qu'on attend de lui, etc...
Les mariés sont stressés avant le mariage. Stressés pendant. La délivrance ne vient qu'à l'instant où tout est derrière eux.


Quand je prends ces trois grands points, j'en arrive toujours à la même question : est ce que ça en vaut la peine?
Oui, me dira-t-on.
Encore une fois, c'est pour la vie. Ce sont des moments inoubliables, des photos qu'on encadre et qu'on met dans son salon, des histoires qu'on raconte à ses enfants.
Le mariage, n'a rien d'une affaire entre deux adultes qui se gère à deux. Que ce soit la cérémonie, ou l'Union en elle. C'est l'affaire de tout le monde.

Et puis c'est l'Afrique, le Cameroun, c'est chez nous, c'est comme ça.


mardi 31 mai 2016

Le Cameroun va se noyer dans la bière


Bonjour les gens,

Oui ça fait longtemps que je ne suis pas passée par ici. C'est un peu compliqué de trouver l'inspiration, et de trouver les mots pour m'adresser à vous, surtout en ce moment où une épidémie de pauvreté sévit et m'oblige à faire preuve de beaucoup d'originalité pour que les business avancent. Mon cerveau est concentré à cette tâche vitale et les ressources mentales à allouer à la publication d'un post de blog sont très réduites.

Bref, je suis quand même là aujourd'hui, et vous pouvez remercier "Investir au Cameroun" de m'avoir donné le coup de pouce nécessaire pour me mettre devant mon PC et écrire pour vous.

Pour la petite histoire, j'ai décidé depuis quelques semaines de mener un combat contre l'alcool et la bière sous mon toit. Je vous épargne les détails mais sachez que je ne bois quasiment jamais (je ne tiens plus l'alcool), et la présence d'une bière ou de quoi que ce soit d'alcoolisé dans mon caddie quand je fais les courses relève désormais d'une exception. Il faut vraiment que j'estime qu'il y ait quelque chose à célébrer pour autoriser ceux que je fais souffrir à pouvoir boire. Je n'avais pas encore réalisé le bien fondé de ce combat jusqu'à ce que je tombe sur cet article d' "Investir au Cameroun".

Alors, il paraît qu'on a vendu au Cameroun 660 millions de litres de bière en 2015. 

Six. Cent. Soixante. Millions.

Six cent soixante putains de millions de litres de bière.

Alors je ne sais pas pour vous, mais quand moi je vois ce chiffre, je visualise le fleuve Wouri où toute l'eau aurait été remplacée par de la petite guinness qui s'écoulerait à flot. L'image fait même du sens. On se souvient de feu Ateba Eyene qui avait déclaré que les camerounais consommaient l'équivalent de la Sanaga en bière tous les ans. Je visualise aussi un ensemble de camerounais en train de se noyer dans cette bière, au sens propre du terme - car ils ne savent pas nager - mais avec des sourires éclatants, accueillant la mort à bras ouverts. Un peu comme les djihadistes qui meurent le sourire aux lèvres en pensant aux 99 vierges qui les attendront au paradis. Personnellement, je ne sais pas ce qui attend un soulard après la mort, mais ça a l'air très alléchant au vu de l'application avec laquelle les camerounais se détruisent à la bière.


Même TOTAL a flairé le bon filon et se convertit peu à peu en une chaîne de bars. Allez dans une boutique Bonjour et regardez autour de vous. Vous verrez généralement de braves camerounais installés sur des piquets en train de boire. De la bière, de préférence. Bah oui. Il a suffi aux grands cerveaux de TOTAL de réaliser qu'il suffisait de ne prévoir aucune chaise et place assise pour pouvoir se transformer en débit de boisson sans aucune des contraintes règlementaires qui vont avec. Du coup, les camerounais sont heureux, ils ont de la bière au prix normal, dans un cadre climatisé, propre. C'est devenu un rendez vous de fin de journée pour certains travailleurs. "On va à la station en couper une". Le concept est tellement rentable qu'aujourd'hui TOTAL se permet d'ouvrir des boutiques Bonjour sans stations service. L'essence ne sera plus la première chose pour laquelle vous allez dans une station TOTAL bientôt si ce n'est pas déjà le cas.

Et les conséquences?
 
Les fabricants de bière se portent bien. Je pense qu'aujourd'hui, le plan carrière le plus sûr est de travailler pour les Brasseries du Cameroun ou pour Guinness Diageo. Toutes les entreprises du pays peuvent faire faillite et fermer, mais pas ces deux là. Et elles peuvent remercier les millions d'alcooliques chroniques qui s'ignorent dans ce pays pour leur constance dans la consommation et leur fidélité absolue.

Les buveurs sont de plus en plus jeunes, de plus en plus résistants à l'alcool. Les addictions s'installent, et tenir un discours pour prôner la mesure est accueilli par des ricanements.Hommes comme femmes, tout le monde est dans le lot.
On peut couper l'eau et l'électricité dans tout le Cameroun, les Camerounais grogneront mais ils supporteront. Mais augmentez le prix de la bière et vous verrez la population s'échauffer.C'est vous dire le poids de la bière et son impact sur le pouvoir d'achat des camerounais. La bière, aujourd'hui, tristement, peut être placé dans la liste de nos priorités.
 Nous avons en fait un cas de santé publique qui est royalement ignoré par le ministère de la santé.
Je parierai qu'en regardant les statistiques on notera une augmentation substantielle des maladies cardio-vasculaires au cours de la dernière décennie. D'un simple point de vue visuel, vous pouvez déjà commencer par noter la recrudescende des gros ventres autour de vous (la bière n'est pas connue pour aider à avoir les abdominaux de Christiano Ronaldo).

En fait l'heure est grave, mais on s'en fout. On boit nos bières.

Du coup, à défaut de sauver le Cameroun entier, j'ai choisi de sauver une ou deux personnes. Elles me remercieront plus tard.

PS pour faire bonne mesure, j'ai également pris la résolution aujourd'hui, d'arrêter de boire du Coca. Une addiction en vaut bien une autre, et il faut bien prêcher par l'exemple. Bonne chance à moi.

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jeudi 28 janvier 2016

Petits Conseils à l'Attention des Demoiselles en Quête de Mariage


Mesdames, mesdemoiselles,

Bonjour

Ceci est un recueil de conclusions auxquelles j'ai abouties en me basant sur des constats effectués dans mon entourage immédiat et même éloigné. Autant dire que c'est une généralisation que les idéalistes et les naïfs auront toujours le loisir de trouver abusive. N'oubliez pas, les exceptions sont faites pour confirmer les règles.
Au Cameroun, à partir de 23 ans pour les dames, c'est la chasse au mari.
Celles qui affirment le contraire sont des bravaches qui redescendront sur terre une fois que la société camerounaise et ses codes les auront rattrapées. Ou alors elles ont mis trop de temps à Mbeng et dans ce cas ce sont des causes perdues (entendu quelque part).
Dans cette chasse au statut de femme mariée et de la reconnaissance, il y a cependant quelques erreurs techniques qu'il faut absolument éviter. Ces erreurs techniques peuvent vous amener à chanter "Diplôme" à tue tête comme Josey et je vous assure, il n y a rien de plus pathétique que de chanter pour supplier le mariage.

Bon, je commence par l'erreur technique numéro 1 : penser que votre amour est plus fort que le tribalisme et le communautarisme. Allôooo... Nous sommes en 2016 et un fils bamiléké de bonne famille n'épousera jamais autre chose qu'une autre fille bamiléké de bonne famille. Un peuhl n'épousera jamais autre chose qu'une peuhl. Et un bamoun sera toujours naturellement orienté vers sa soeur Bamoun.
Je pointe du doigt de façon très spécifique ces trois tribus : bamiléké, bamoun et nordiste peuhl. Tout le reste des tribus sont bien plus ouvertes. Chez les Douala, un homme peux ramener qui il veux. On l'insultera un peu et on ne manquera pas une occasion de mettre sa femme mal à l'aise avec une petite réflexion déplacée et puis tout le monde passera à autre chose, parce qu'au final chacun porte sa croix. Beti pareil. Bassa'a (presque) pareil, le presque venant du fait que le maquis ne s'est pas très bien passé et que nos amis ont un peu de mal avec les bamilékés... Mais chez les trois tribus que j'ai citées plus haut, un tsunami peut se créer dès qu'il est question de se marier avec une fille d'une autre tribu. On s'en fout de savoir qu'elle est intelligente, brave, battante, etc... Non, mais on s'en fout complètement... Un ami à qui je parlais juste avant de rédiger cet article n'a pas manqué de me dire :"mais, MOI je ne suis pas marié à une bamiléké". Mouais. D'abord les exceptions sont faites pour confirmer les règles......

Mes amis bamilékés, vous savez que je vous adore. Avec mon (pseudo) sens des affaires, il m'arrive régulièrement de me faire appeler bamiléké, et je le prends comme un compliment. J'ai déjà postulé pour me voir accorder à titre gracieux la citoyenneté baham ou bana et je suis sûre que mon dossier est bien avancé. En ce qui concerne les peuhls, à plusieurs reprises on m'a demandé si un de mes parents était peuhl. Donc physiquement, on se ressemble un peu. Nous sommes tous des frères. MAIS... laissez moi dire la vérité à toutes les petites soeurs pour leur permettre de gagner du temps. La bataille du mari n'est pas facile....

SI ton gars est bamiléké/peuhl/bamoun...
Et que tu n'es pas bamiléké/peuhl/bamoun...
Que ta famille est une famille lambda d'une classe sociale qui n'est pas TRES supérieure à la leur (de quoi justifier l'exception)...
Alors la probabilité qu'il te décharge à moyenne échéance est au dessus de 95%. Si tu es sage, commences déjà à te chercher ailleurs, et n'aies surtout pas la stupidité de penser qu'un enfant va te faire gagner le ticket pour passer devant le maire.

Même si ton chéri affiche toute la bonne volonté du monde, il est extrêmement difficile d'aller à l'encontre d'une famille qui pense qu'il est plus opportun de construire sa vie avec quelqu'un qui partage les mêmes valeurs que toi (et elle-même a priori), qui maîtrise tes codes, et surtout, pour finir...l'argent entretient l'argent.
Vous pouvez passer cinq ans, dix ans ensemble (oui, DIX), vous risquez fort de ne jamais légaliser votre union.

J'entends le brouhaha en fond sonore. Coupez les bêtises. Le communautarisme (je n'irai pas jusqu'à dire tribalisme) est une réalité dans notre société et même la génération actuelle de 25-40 ans qu'on aurait cru être à l'abri de ce genre de pressions n'y échappe pas. Chacun a ses raisons, je ne suis pas là pour juger du bien fondé de certaines positions, mais après avoir échangé à cœur ouvert avec plusieurs personnes dans des situations délicates, et observé des semi-drames se dérouler sous mes yeux, j'ai compris qu'il est préférable d'arrêter de faire la politique de l'autruche et de dire les choses telles qu'elles sont.

Maintenant passons à l'erreur technique numéro 2... Penser que le fait qu'il ait toqué à la porte ou même doté vous a mis à l'abri.
Laissez moi d'abord rire. Ah ah ah ah ah.
Le bandit camerounais est comme Apple ou Samsung : Tous les ans il sort un nouveau modèle d'enfumage qui surclasse le précédent. Vous ne connaissez pas les doteurs en série? Ils ont au moins quatre à cinq dossiers sur la main entre lesquels ils jonglent et le point commun de tous ces dossiers c'est qu'ils se sont déjà présentés dans toutes les familles. Rien de mieux pour rassurer la petite qui est désormais persuadée d'être la titulaire et choisir la voie de la grandeur (hein, grande dame) en décidant de ne pas s'occuper du menu fretin, vu qu'elle a été dotée...elle!
Nous avons aujourd'hui une catégorie de gars qui n'a plus du tout froid aux yeux. Ils viennent voir vos parents, organisent même des rencontres entre les familles, le tout pour vous faire baisser la garder et obtenir ce qu'ils veulent mais sans la moindre intention d'aller plus loin. Pas le moindre début d'intention sérieuse, mais du miel plein la bouche et une absence totale de scrupules.
Alors mes chéries, soyez sages. Tant que l'encre n'est pas couchée sur l'acte devant le marie, tenez bon!!! Serrez les fort! Ah ah ah. Assurez vous que la date est choisie, que les invitations (les vôtres et les siennes aussi hein, pas que ce sont seulement tes gens qui découvrent la plaisanterie le jour j) sont bien parties, et ne respirez que lorsque c'est fait. C'est un combat difficile cette affaire de mariage là, je vous dis.

Erreur technique numéro 3. Une erreur vieille comme le monde : faire un enfant. Pfff là alors je crois que je ne vais pas perdre mon temps à épiloguer dessus. Le jour où faire un enfant (dans le dos) permettra d'obliger un camerounais à se marier à une femme, ce jour là la manne tombera du ciel.

Voilà voilà. C'est pas grand chose, mais ça peut quand même être utile pour celles qui lisent.