lundi 3 octobre 2016

Affaire de business à distance - une histoire de Feymania Part I


Je sais qu'à plusieurs reprises, des camerounais bien intentionnés de la diaspora ont émis l'idée de se mettre à plusieurs, et de réunir les fonds pour lancer des business au Cameroun. Certains sont même allés au delà de la simple idée et l'ont fait. Initiative louable mais.... dans 90% des cas, ça finit mal. Je n'ai pas fait d'études approfondies pour justifier mes statistiques, mais intuitivement, je sais que c'est ça.
Loin de moi l'idée de vous décourager, mes amis de la diaspora. Mais reconnaitre un problème c'est se donner les moyens de pouvoir le résoudre. Il faut savoir que les mentalités au Cameroun sont compliquées, très compliquées. Alors quand on se lance dans une aventure, il y a des erreurs à éviter.
Lesquelles, me direz vous? Il y en a plusieurs.
Je ne vais pas les énumérer comme une maîtresse d'école. Je vais juste vous raconter une histoire vraie, dont je peux parler parce que je l'ai vécue, et à partir de laquelle vous pourrez méditer sur les fameuses erreurs qu'il faut éviter quand on lance un business à distance..... Ce sera un peu long, donc j'ai découpé en plusieurs parties.... Commençons donc par le début....

Une histoire de feymania....

Un jour, quelques amis décident de se regrouper pour lancer un business au Cameroun. Le secteur de l'agriculture les intéresse particulièrement, et ils se disent qu'ils peuvent commencer par la culture proprement dite, avant de procéder plus tard à une transformation sur place. Ils se voient déjà plus tard à la tête d'une petite industrie de transformation. Du manioc en amidon par exemple. Ou du maïs en provende. Bref, les idées ne manquent pas.

Un petit hic toutefois... Ils sont cinq, et quatre d'entre eux vivent à l'étranger. La cinquième personne n'est pas très disponible: un boulot prenant, une famille, et des business qui tournent déjà. Ils décident donc de trouver une personne vivant au Cameroun, sans activités, qui pourrait être le bras opérationnel du business. Bien sûr, pour la motiver, elle aurait des parts dans l'affaire sans aucun apport autre que son travail et un "petit" salaire.
Toute personne intègre et honnête, qui n'a aucune autre activité sous la main, verrait là une occasion de rêve. Normalement. Mais nous sommes au Cameroun, n'oublions pas.
Voyons donc la personne honnête et intègre que nos cinq amis ont choisie.

Il s'appelle Boniface. C'est un beau parleur, très beau parleur. Dès les premières conférences téléphoniques, il se montre motivé  par le projet, et souscrit sans réserve aux conditions. Nos cinq amis sont contents et enthousiastes bien que sa situation professionnelle soit plutôt floue. Il est commercial, sans emploi, pour une raison qu'on ignore. Son background n'est pas vérifié avant son entrée dans le groupe... Après tout, il est recommandé par l'un d'eux et on connait sa famille donc il n'y a pas de raison particulière de s'inquiéter. Quoi qu'il arrive, on pourra toujours mettre la main sur lui.
La première partie du projet n'implique pas de gros fonds. Il faut chercher des terrains agraires, négocier les prix, et gérer toutes les procédures d'achat. Boniface se montre très disponible et se déplace, tous frais payés par le groupe. Il est assidu et présent à toutes les conférences téléphoniques. Il fait des comptes rendus détaillés, et ne ménage pas ses efforts. On en verserait presqu'une larme.... Un compte bancaire est ouvert, avec deux signatures obligatoires,celle de Boniface et de l'autre membre présent au Cameroun. Le compte est approvisionné.
Au moment du choix définitif, le cinquième membre souhaiterait que le terrain soit plus proche de lui, afin qu'il puisse de temps en temps s'y rendre. Mais il change vite d'avis. Après tout, c'est Boniface qui devra gérer la partie opérationnelle. Il est donc plus judicieux que le champ soit plus facilement accessible par lui. Ce membre arrive tout de même à se déplacer une fois pour aller visiter un des terrains potentiels à acheter, avec Boniface qui se fait une joie de l'y conduire depuis Yaoundé. Six heures au total de route, c'est la durée qu'il faut à ce membre pour se rendre sur le terrain à acheter, depuis son lieu de résidence, qui est Douala. Cela signifie de façon très pratique qu'il lui sera quasiment impossible de s'y rendre régulièrement. Mais le groupe n'en est pas offusqué. Après tout, Boniface gèrera.

Et Boniface a effectivement géré. La procédure d'achat pour le terrain visité par le cinquième membre a finalement capoté. Pour une raison obscure. Pourtant, le cinquième membre avait eu l'opportunité d'échanger avec le vendeur qui lui avait donné son prix. Qu'à cela ne tienne, Boniface a un autre terrain sous la main, situé non loin du premier, à ce qu'il dit. Le membre installé au pays n'a pas le temps cette fois d'aller visiter et on se fie à la bonne foi de Boniface. Il gère donc toute la procédure et les membres se contentent de lui envoyer de l'argent pour gérer. En plus le prix à l'hectare est un peu moins cher que le terrain précédent, donc ils sont plutôt contents.

30 hectares. 4,5 millions. Plus les 5% du sous préfet. Plus les frais pour l'abandon des droits coutumiers. La commission du rapporteur d'affaires. Les frais pour un topographe. Etc... Etc... Nos amis déboursent en tout près de six millions pour le terrain.
Boniface gère. Il envoie des photos lors des différentes cérémonies. Envoie des photos des documents dès lors qu'ils sont signés. Tout y est : Abandon des droits coutumiers. Certificat de vente. Les cinq amis sont contents. On félicite Boniface pour le bon boulot. Et on pense qu'on peut passer sereinement à la deuxième étape.
Il faut maintenant défricher le champ : trente hectares de forêt, ce n'est pas vraiment exploitable. En plus, pour lancer la procédure de titrisation, il faut aussi poser les bornes définitives. Boniface gère toujours. Les membres du groupe, emportés par l'élan, lui envoient l'argent qu'il faut pour défricher tout. Par la suite, ils décident de mener une campagne de pommes de terre sur un hectare. Envoient encore de l'argent pour tout le matériel, les semences, pesticides et consort. Boniface continue à travailler dur, dit-il. Il envoie des photos de lui au champ, avec les ouvriers. Des reçus.  Promet monts et merveilles. Ce sont ces fameuses photos qui le mèneront pourtant à sa perte.
Un des membres finit par trouver qu'il y a trop d'arbres dans les photos qu'il reçoit. Si au moins vingt des trente hectares sont effectivement défrichés, alors il devrait en avoir moins.... Il pose la question à Boniface, qui s'en offusque. Comble de l'ironie, c'est celui là même qui l'a recommandé qui doute de lui, et Boniface le lui fait savoir : tes amis me font confiance, avec tout le travail que j'abats, mais pas toi, mon frère???
En affaires, il n'y a pas de fraternité.
Le membre soupçonneux décide d'envoyer un membre de sa famille pour visiter le champ. Boniface s'exécute et accompagne la personne. Il finit par se détendre : face à lui, une dame d'un certain âge, qui ne s'y connait pas non plus vraiment en plantations. Il prend toutes les dispositions afin qu'elle ne soit pas en mesure de rencontrer le nouveau vendeur. L'accompagne un peu au champ où il pense l'avoir embrouillée vite fait à l'entrée, sans l'emmener plus loin. Erreur.
La dame récupère en douce le numéro d'un des gamins présents lors de sa visite, qui travaille dans le champ. Et le rappelle quelques jours plus tard. Elle organise une deuxième visite, cette fois sans en informer Boniface. Elle arrive sur les lieux et se fait présenter au vendeur, que nous appellerons Essomba, et qui vit à proximité du champ. Il l’emmène visiter le champ, lui montre les travaux effectués, et dans la foulée se plaint de Boniface qui l'aurait très mal traité... Le vendeur, déclare, le regard fuyant, que Boniface est un feyman. Mais il n'en dira pas plus, dit-il, parce qu'il a "la crainte de Dieu". Je me demande pourquoi Dieu se retrouve-t-il toujours au milieu de ces affaires là. Elle fait un rapport alarmé. La superficie du terrain semble bien inférieur à trente hectares. Rien n'est défriché. Et la campagne menée sur un hectare ne ressemble à rien. Alertés, les membres du groupe ne disent encore rien et envoient un expert agricole indépendant visiter le terrain à son tour. Mêmes conclusions. 

Les membres du groupe informent Boniface du passage de l'expert indépendant, sans lui donner les conclusions. Il le prend mal, et se sent même insulté. "Après tous les efforts que j'ai faits, vous ne me faites pas confiance?"... Il se fait de plus en plus rare aux réunions, et devient subitement l'individu le plus occupé de la planète, qui ne décroche jamais son téléphone.... Un autre gros problème pointe alors à l'horizon : les membres se rendent compte qu'il n'a jamais fait parvenir au membre du Cameroun les papiers d'achat du terrain au Cameroun comme c'était convenu...... Un vent de panique s'installe....


Finalement quelle superficie a été achetée?
Que s'est-il passé avec le défrichage?
Pourquoi le vendeur déclaret-il que Boniface est un feyman?
Comment les membres du groupe réagiront-ils?
La suite la prochaine fois.....




5 commentaires:

  1. Well ton histoire m'interesse ex.. vu ke je suis sur une procedure dinvestir dans lagriculture aussi en ce moment et je suis pas sur place. raconte nous tous et au besoin coment contacter ce groupe si ils veulent encore dun nvo membre car au vu de leur experience deja non seulement le riske sera partager mais il connaisent deja certains des pieges a eviter... je tattend mon ex.... loll

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    1. je vais tout bien raconter. digérez d'abord la première partie, d'ici quelques jours j'enverrai la suite....

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  2. Très très intéressant...hummm le cameroun

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