mardi 31 mai 2016

Le Cameroun va se noyer dans la bière


Bonjour les gens,

Oui ça fait longtemps que je ne suis pas passée par ici. C'est un peu compliqué de trouver l'inspiration, et de trouver les mots pour m'adresser à vous, surtout en ce moment où une épidémie de pauvreté sévit et m'oblige à faire preuve de beaucoup d'originalité pour que les business avancent. Mon cerveau est concentré à cette tâche vitale et les ressources mentales à allouer à la publication d'un post de blog sont très réduites.

Bref, je suis quand même là aujourd'hui, et vous pouvez remercier "Investir au Cameroun" de m'avoir donné le coup de pouce nécessaire pour me mettre devant mon PC et écrire pour vous.

Pour la petite histoire, j'ai décidé depuis quelques semaines de mener un combat contre l'alcool et la bière sous mon toit. Je vous épargne les détails mais sachez que je ne bois quasiment jamais (je ne tiens plus l'alcool), et la présence d'une bière ou de quoi que ce soit d'alcoolisé dans mon caddie quand je fais les courses relève désormais d'une exception. Il faut vraiment que j'estime qu'il y ait quelque chose à célébrer pour autoriser ceux que je fais souffrir à pouvoir boire. Je n'avais pas encore réalisé le bien fondé de ce combat jusqu'à ce que je tombe sur cet article d' "Investir au Cameroun".

Alors, il paraît qu'on a vendu au Cameroun 660 millions de litres de bière en 2015. 

Six. Cent. Soixante. Millions.

Six cent soixante putains de millions de litres de bière.

Alors je ne sais pas pour vous, mais quand moi je vois ce chiffre, je visualise le fleuve Wouri où toute l'eau aurait été remplacée par de la petite guinness qui s'écoulerait à flot. L'image fait même du sens. On se souvient de feu Ateba Eyene qui avait déclaré que les camerounais consommaient l'équivalent de la Sanaga en bière tous les ans. Je visualise aussi un ensemble de camerounais en train de se noyer dans cette bière, au sens propre du terme - car ils ne savent pas nager - mais avec des sourires éclatants, accueillant la mort à bras ouverts. Un peu comme les djihadistes qui meurent le sourire aux lèvres en pensant aux 99 vierges qui les attendront au paradis. Personnellement, je ne sais pas ce qui attend un soulard après la mort, mais ça a l'air très alléchant au vu de l'application avec laquelle les camerounais se détruisent à la bière.


Même TOTAL a flairé le bon filon et se convertit peu à peu en une chaîne de bars. Allez dans une boutique Bonjour et regardez autour de vous. Vous verrez généralement de braves camerounais installés sur des piquets en train de boire. De la bière, de préférence. Bah oui. Il a suffi aux grands cerveaux de TOTAL de réaliser qu'il suffisait de ne prévoir aucune chaise et place assise pour pouvoir se transformer en débit de boisson sans aucune des contraintes règlementaires qui vont avec. Du coup, les camerounais sont heureux, ils ont de la bière au prix normal, dans un cadre climatisé, propre. C'est devenu un rendez vous de fin de journée pour certains travailleurs. "On va à la station en couper une". Le concept est tellement rentable qu'aujourd'hui TOTAL se permet d'ouvrir des boutiques Bonjour sans stations service. L'essence ne sera plus la première chose pour laquelle vous allez dans une station TOTAL bientôt si ce n'est pas déjà le cas.

Et les conséquences?
 
Les fabricants de bière se portent bien. Je pense qu'aujourd'hui, le plan carrière le plus sûr est de travailler pour les Brasseries du Cameroun ou pour Guinness Diageo. Toutes les entreprises du pays peuvent faire faillite et fermer, mais pas ces deux là. Et elles peuvent remercier les millions d'alcooliques chroniques qui s'ignorent dans ce pays pour leur constance dans la consommation et leur fidélité absolue.

Les buveurs sont de plus en plus jeunes, de plus en plus résistants à l'alcool. Les addictions s'installent, et tenir un discours pour prôner la mesure est accueilli par des ricanements.Hommes comme femmes, tout le monde est dans le lot.
On peut couper l'eau et l'électricité dans tout le Cameroun, les Camerounais grogneront mais ils supporteront. Mais augmentez le prix de la bière et vous verrez la population s'échauffer.C'est vous dire le poids de la bière et son impact sur le pouvoir d'achat des camerounais. La bière, aujourd'hui, tristement, peut être placé dans la liste de nos priorités.
 Nous avons en fait un cas de santé publique qui est royalement ignoré par le ministère de la santé.
Je parierai qu'en regardant les statistiques on notera une augmentation substantielle des maladies cardio-vasculaires au cours de la dernière décennie. D'un simple point de vue visuel, vous pouvez déjà commencer par noter la recrudescende des gros ventres autour de vous (la bière n'est pas connue pour aider à avoir les abdominaux de Christiano Ronaldo).

En fait l'heure est grave, mais on s'en fout. On boit nos bières.

Du coup, à défaut de sauver le Cameroun entier, j'ai choisi de sauver une ou deux personnes. Elles me remercieront plus tard.

PS pour faire bonne mesure, j'ai également pris la résolution aujourd'hui, d'arrêter de boire du Coca. Une addiction en vaut bien une autre, et il faut bien prêcher par l'exemple. Bonne chance à moi.

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