vendredi 18 octobre 2013

On aime le vin.

Hello à tous!

Vous allez bien? Vous avez passé un bon (long) weekend?
Ah oui, parce qu'ici, la semaine a commencé mercredi, fête du mouton oblige. Sur le chemin du travail, depuis la semaine dernière, je pouvais voir en route les vendeurs avec leurs bêtes prêtes à être tuées selon les rites, pour être rôties, braisées, en sauce, etc... D'ailleurs le business du mouton semble bien lucratif, à bien y penser...

Qui dit long weekend dit repos, donc vous vous seriez peut-être attendus à ce que je vous ponde quelque chose. Malheureusement l'inspiration n'était pas vraiment au rendez-vous et en plus, je n'ai pas vraiment été disponible.... Dans tous les cas, aujourd'hui je suis de retour, juste à temps pour qu'on discute d'un sujet qui, à mon avis, mérite qu'on en parle.

A l'occasion de la fête du mouton donc, les Camerounais ont bien mangé, et surtout bien bu. Voilà. Vous même vous savez que la bière et les camerounais, c'est toute une histoire d'amour, non-musulmans comme musulmans (dites la vérité, ne vous cachez pas derrière Allah). Le "levage de coude" est un sport national : On aime le "vin".

Au fond, je pense qu'André Siaka doit être très malheureux de son œuvre. Ce monsieur si brillant, si intelligent aurait dû occuper de hautes fonctions dans ce pays et nous conduire vers la prospérité, car il en était visiblement intellectuellement capable. Mais au lieu de cela, il a du se résigner à accompagner lentement mais efficacement tout un pays dans le gouffre de l'ivrognerie.

Oui, je le dis sans mâcher mes mots, nous sommes des ivrognes. Nous ne sommes pas plus ivrognes que les français et leur sacro-saint vin, les allemandes et leur bière, mais nous sommes quand même des ivrognes.Toutes les entreprises de ce pays peuvent faire faillite, mais SABC et Guinness s'en sortiront toujours. Nous en sommes à un point où, celui qui veut déstabiliser le Cameroun ne devrait pas s'atteler à organiser des marches inutiles pour renverser Popol, mais plutôt à trouver le moyen de perturber l'approvisionnement du pays en "jus de houblon". Si on sèvre les camerounais de bière pendant 48 heures, je n'ose imaginer la fureur qui va envahir les citoyens.

Je suis toujours quelque part un peu affectée, quand je croise des bandes de jeunes et moins jeunes attablés devant des cadavres de bouteilles de bière, en train de perpétuer le massacre de plusieurs casiers. A ces moments là, les yeux rouges sont injectés de sang, la sueur dégouline par tous les pores, les décibels s'envolent (comme d'habitude, les camerounais discutent en criant), et la bière coule à flot. Si vous tendez bien l'oreille, vous pouvez entendre des grésillements et une odeur de brûlé : ce sont les neurones de la jeunesse camerounaise qui sont en train de griller...

Encore plus malheureux pour moi dans tout cela, et je m'excuse d'avance pour le caractère futile du reproche, à coté des drames familiaux, personnels et professionnels que l'alcoolisme provoque, c'est l'épidémie de GROS VENTRES qui en découle.
C'est tout simplement magique et tragique à la fois.
En un mois au Cameroun, j'en ai croisés, des gros ventres. De la bedaine bien fournie de l'individu dans sa petite cinquantaire au petit bidon du jeune cadre dynamique pourtant fin, il y'en a pour tous les goûts.
Et ça ne dérange personne, au contraire. On a réussi à se faire des "inceptions", et à se persuader que le gros ventre, c'est beau, c'est sexy car il est proportionnel à la taille du portefeuille. Et à chacun d'adopter une démarche bien chaloupée, pour mettre en avant le petit ou grand tonneau qui distend perpétuellement la chemise, fier de soi et de son accomplissement. Et quand j'interpelle un jeune homme dans sa petite trentaine, en lui disant assez gentiment pour ne pas le blesser qu'il gagnerait à faire des abdominaux de temps, il me réplique le plus sérieusement du monde que son ventre c'est un signe d'opulence, le tout en caressant amoureusement sa grande guinness. J'ai un gros ventre, je vis bien. Sans blagues.


Je commençais à me demander si ce sont mes dix années dans un pays où on glorifie les pectoraux bien saillants et les abdos en acier trempé qui m'ont perturbée. Dieu merci, il y'a encore quelques personnes dans ce pays qui sont du même avis que moi et comprennent qu'il s'agit même d'une question de santé publique.

Je n'ai qu'un mot pour les jeunes : ne vous laissez pas emporter par la folie ambiante. De la bière, oui, mais avec beaucoup de modération. Et surtout, faites du sport. Il en va de votre santé plus tard. On dira que c'est le vieil oncle sorcier jaloux qui a eu votre peau, quand en réalité vous avez petit à petit touché votre propre coeur.

Ciao!

4 commentaires:

  1. tu es une ex mbenguiste vraiment attentive et vigilante. tu as encore repéré un sujet inquiétant qui à lui seul suffit à prouver qu'il n'y aura aucune émergence au Cameroun. ni en 2035, ni en 2100; (avec quel type de camerounais? ) L,alcool et la cigarette étaient réputés choses des ''vieux" jusqu'à la fin des années 1990. depuis lors les (très) jeunes, ont pris le contrôle de ces fléaux. ils en consomment et en abusent en quantité indescriptible et en qualité incontrolée. tout un vocabulaire et une grammaire (de la mendicité) se sont développées autour de ces "sports favoris" de la jeunesse: ''donne moi une", "il n'y a pas une?", "appuie moi une", "la guigui", "l'âge de Jésus", "le jus de castel" , " le maïs fermenté", etc,

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    1. ah ça! au niveau de l'essec, on retrouve plus de bars qu'autre chose! c'est très inquiétant.

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  2. L’autre drame, c’est que les femmes ne laissent pas hein! Avant on pensait que c’était seulement le 8 mars, cad le cri du cœur des femmes aigries à cause de mariage-statuts qui auraient viré au vinaigre et qui sont obligés de prétendre les autres 364 jrs de l’année que leur vie dose néanmoins (si si, on identifie certaines d’entre ces soit disant mariées et fières de l’être le 8 mars. C’est celles qui s’asseyent au bar et gèrent les casiers comme CR7 le ballon. N’est-ce pas la Guinness soigne ?)
    Bref Même les enfants ont trouvé leur source de joie dans ce paysage alcoolisé : La Ice. En vérité je vous le dits, si vous aviez vu la pub de la Ice, dans Douala, vous-même vous alliez croire que la boisson là fait le miracle. C’est-à-dire que l’ambroisie ci, était là dans une bouteille tip top qui transpirait des gouttes qui criaient « bois-moi », le tout poser sur un matelas de glaçon façon iceberg qui disait « aaaka il fait trop chaud dans la ville ci ». Vrai vrai, Tanguy ne m’a jamais même dans les blagues motivé comme ça. D’ailleurs, Smirnoff organise les bringues http://www.jewanda-magazine.com/2013/10/annonce-smirnoff-ice-black-presente-the-night-comes-to-life/ . Pour Supermont est où ? Ils savent seulement taxer le prix de l’eau comme on ne peut pas boire l’eau du robinet.
    Non, le tout début, c’est d’encadrer le harcèlement de l’alcool, une agression visuelle dans Douala : Si ce n’est pas Johnny qui marche depuis pour aller ou oh, Guinness dont la rumeur dit que ça soigne les maladies, l’âge de Jésus qui guérit les incurables, la série light – light en quoi ? Comme personne n’a même jamais vu la composition de ces breuvages - et la Beaufort, pour les beaux et forts qui mélanger a des œufs crus soigne l’eczéma. Vraiment de laisser un peu nos yeux et nos cerveaux respirer !
    Apres, on peut même mettre en place la prohibition, que les enfants puissent enfin manger un peu parce que le salaire de maman/papa arrive enfin à bon port, qu’on puisse rouler un peu sur la route, que les ventres de la misère retrouve des formes homologuées (oui de la misère, la nourriture chère ne fait pas trop prendre le poids. Ton statut progresse ? Augmente la qualité ! Ce n’est pas la peine de manger les beignets de 2000 frs. Le pili aussi est bon.).
    Bref, c’est une toujours-mbenguiste qui parle, c’est pour ça  Mais en vrai le bar au pays, c’est tout un concept. C’est châtelet à Paris, la plage à Miami, Times Square à New York, le centre commercial au Kenya, Sandton à Jobourg : un lieu de vie, de socialisation. Si on ne part pas la bas, on va ou ? En plus, sérieux, il fait trop à chaud à Dla. CQFD

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  3. j'étais en vacance cet été au pays et j'ai été tout simplement choquée par la quantité de bar qui a émergée en 9 ans d'absence. les bars sont pleins de Dimanche à Dimanche 24h sur 24. mamiwatah j'ai meme pensé rentrer pour investir dans ce business!
    Il y a un autre phénomène: pour ceux qui sont de Douala ils comprendront, je vais faire mon footing du samedi ou dimanche matin, magie le parcours vita est inondé. je ne vous dis pas les odeurs de tout genre qui se dégagent des traspirations. (excusez moi si j'offense quelqu'un mais je dois le dire)
    Le plus étonnant c'est qu'au terme de la séance de sport ces meme gens se déversent dans les bars( comme quoi pour récuperer après l'effort) non mais sans blague à cette allure où allons-nous?
    En fait ce serait carrément sujet d'un blog pour sensibiliser la population: le sport ne sert absolument à rien s'il est fait une fois par semaine et si l'on ne s'alimente pas correctemnt (c'est à dire limitons l'alcool oh).Enfin c'est juste une misérable opinion.

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