... mais c'est nous qui tuons à cause de nos nombreuses maladresses.. Au volant de votre voiture, à pied ou à moto, mes frères, soyez prudents tous les jours...."
Bonjour bonjour,
C'est l'air qui retentit dans mon esprit au fur et à mesure que je rédige ce petit message à l'attention des usagers et futurs usagers des routes camerounaises, d'ici ou d'ailleurs. Je ne sais plus qui est l'auteur de cette chanson, ni quand elle a paru, mais l'attitude de mes compatriotes sur les routes la ressuscite du tréfonds de ma mémoire...Si quelqu'un pouvait me la rafraichir, cette mémoire, pour que j'honore un chanteur qui a voulu nous sensibiliser sur une question importante...
Le sujet de la sécurité routière au Cameroun est tellement riche que je peux me permettre de le traiter en plusieurs fois. De retour au pays, fini le métro et le bus, et je reprends progressivement le volant : quelques années sans conduire, c'est suffisant pour perdre les bons réflexes et je ne tiens pas à mourir jeune par mon propre fait, donc je réapprends à être à l'aise sur les routes.
Aujourd'hui, sur la portion de l'axe lourd (un terme qui ne veut strictement rien dire) menant du marché des fleurs à l'aéroport de Douala, j'ai compté en deux minutes au moins six infractions d'autres véhicules, qui auraient valu des points sur leur permis à leurs conducteurs, sous des cieux plus sérieux, et qui auraient pu créer des accidents graves. En fait, je crois que les camerounais ne savent pas vraiment conduire, ou alors, se complaisent dans le désordre. Entre les dépassements abusifs, les michel vaillant (sur quelles routes même?), les motos spécialisées dans la génération spontanée (tu regardes dans ton rétro, il n'y en a aucune, puis l'instant d'après, tu en as cinq qui t'entourent), je commence à adhérer complètement au concept de "far west" employé par un ami pour décrire le Cameroun.
Il faut avouer que je ne suis pas très surprise de constater que ça ne va pas. Il paraît que le ministère des transports a procédé à des ajustements sur le permis pour réduire la fraude, notamment avec le permis informatisé, mais c'est très loin d'être suffisant. 80% of cameroonian should have never got their driving license in the first place. Il va falloir corriger trente ans de désordre (ça coïncide avec la durée du règne de l'autre, je dis ça je ne dis rien) pour que la lumière au bout du tunnel apparaisse. Tiens, je vous parle de mon cas (parce que j'aime parler de moi aussi).
Je suis titulaire d'un permis de conduire camerounais, que j'ai souhaité obtenir le plus sérieusement du monde il y a quelques années. Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer. Mon permis n'est pas apparu par enchantement dans mon portefeuille, grâce à la "bienveillance" d'un de ces "commerçants" payés pour effectuer un véritable tour de magie, sans qu'on ait jamais posé son pied dans une auto-école : Moi, j'ai fait tous mes cours de théorie, puis de pratique, et j'ai même passé l'examen en personne ( je n'ai pas délégué un de mes sosies, ou un fantôme comme cela peut arriver). En plus, c'était déjà l'époque des permis informatisés, plus difficile à falsifier, il se dit.
Malheureusement, l'examen que j'ai passé n'avait d'examen que le nom. La partie théorique relèvait d'une vaste blague : Tout se passait dans un seul poulailler, oh pardon, une seule salle. On passait par groupe de quatre, tous à la fois, devant des examinateurs postés devant des bancs de classe sur lesquels nous nous serrions face à eux, tels des écoliers devant le maître. Je me souviens encore de cette examinatrice qui était tellement occupée à terminer le paquet de chips qu'elle avait en main, qu'elle s'est contentée de nous demander, à tous, à la volée, de lui citer un feu facultatif. Le premier courageux a lancé une réponse jugée correcte et tranquillement reprise en chœur par les trois autres larrons et puis nous sommes passés à l'étape d'après sans plus, après avoir récolté le point. Un vrai travail d'équipe hein.... Autant dire que j'ai voulu regretter d'avoir pris la peine de lire le code rousseau, avant de me rappeler que ce serait utile à moi même.
En pratique, guère mieux. Ce jour là, je suis persuadée qu'une centaine de permis, au bas mot, ont été accordés à des dangers ambulants (dont je faisais même peut être partie). Non pas qu'il y a eu uniquement des actes de corruption (on en reparle), mais l'examen en lui même était tellement mal organisé que des individus ont fini la journée de l'examen pratique en ayant fait uniquement une épreuve sur les quatre ou cinq (je ne m'en souviens plus exactement) que compte cet examen. Allez comprendre comment dans le groupe dans lequel j'étais, nous avons pu tous obtenir le permis alors que nous n'avons fait que le démarrage en côte et le créneau comme épreuves. Comment peut-on sérieusement accorder le permis à quelqu'un qui n'a jamais été mis en situation?
Et là, on comprend pourquoi les auto-écoles se permettent d'envoyer des gens qui savent juste déplacer une voiture à l'examen.
D'ailleurs parlons en, de ces auto-écoles.
A l'époque, une fameuse auto-école de la place, dont je tairais le nom, avait pour habitude d'obtenir systématiquement 100% à l'examen. La raison officielle avancée, était que seuls étaient présentés à l'examen les gens "prêts". Une petite confidence de notre moniteur attitré de l'époque m'a permis de découvrir qu'en fait, dans les frais demandés à l'inscription et pour le permis, il était automatiquement demandé un supplément de 10.000 francs, reversé à "qui de droit" à la délégation des transports par l'auto-école, qui s'assurait ainsi un score sans faute. Cela m'a permis de comprendre pourquoi cette amie qui a précipité la voiture dans le public qui observait en faisant son créneau sortant, manquant de faucher une ou deux personnes, n'a eu aucun souci à se faire.... Cela m'a aussi permis de comprendre pourquoi ce libanais qui avait fait son apparition une semaine plus tôt à l'auto-école, incapable de démarrer une voiture correctement, était présent à l'examen sans passer aucune épreuve, affublé de son éternel tchinda camerounais qui lui tenait son parapluie sur la tête, pour le protéger du soleil ou de la pluie au gré des humeurs fluctuantes du temps ce jour.
Pour être honnête, en ce qui me concerne moi même, j'aurais été un moniteur, je ne me serais peut être pas accordé le permis à moi-même. Je savais conduire, mais j'étais loin d'être à l'aise.
C'est pour cette raison en partie d'ailleurs, que j'ai toujours refusé de conduire sur les routes françaises et que j'ai voulu y repasser le permis. En plus, notre réputation à traversé les frontières et les français refusent désormais de convertir nos permis camerounais. Tu es camerounais, tu as terminé tes études, et tu veux conduire en France? Tu repasses par l'auto-école et tu refais tout l'examen du permis (en dépensant accessoirement au moins mille euros, je vous laisse le soin de voir en CFA), pendant que le sénégalais va à la préfecture et échange son permis. Je me dis qu'ils ont dû avoir vent du pourcentage de camerounais qui ont obtenu leur permis de conduire avant même d'avoir été en mesure de déplacer la voiture sur un terrain vague sans caler après deux mètres. Donc pas question pour moi de conduire alors déjà que je serais en infraction.
Aujourd'hui, comme je le disais plus haut, je reprends la main. La perspective de traverser les rails de Ndogsimbi (et ses fumeurs de chanvre embusqués) pour arriver à Ndogkoti me battre pour trouver un taxi pour rentrer chez moi, ne me séduit pas, et m'oblige à avoir une voiture (qui boit du carburant comme une b**delle enchainerait des castels).
Il paraît que sur nos routes les choses ont changé en bien. Au cours d'une émission télé ces derniers jours sur une chaine locale, j'ai même cru entendre parler de permis à points. J'ai rigolé en pensant à sa (non) faisabilité dans le contexte camerounais, avant même que le journaliste ne souligne que ça restait du domaine de l'utopie.
Sur les routes, pendant que je fais des efforts pour être appliquée, respecter le code de la route, et conduire comme il se doit, je constate que mes compatriotes sont dans un délire total. C'est la loi du plus courageux, du plus rapide et de la plus grosse voiture qui est appliquée. Je veux bien qu'on me dise où sont les améliorations.
Et le plus drôle dans tout ça, c'est que l'enfer c'est toujours les autres.
Je nous appelle tous à plus de responsabilité. Conduire, ce n'est pas un jeu. Déplacer une voiture, ce n'est pas conduire. Et le sissia, ce n'est pas une vie. Les cinq secondes que vous gagnez parce que vous avez réussi à forcer, ne valent pas le risque pris d'avoir votre tôle froissée ou de créer un accident stupide.
Et surtout, si vous faites partie de ceux qui ont acheté leur permis au marché comme le poisson (pourri), s'il vous plaît, achetez vous un code rousseau et commencez à le lire quand vous galérez. Vous serez surpris de constater le nombre de bêtises que vous commettez en conduisant en pensant que c'est normal. Améliorez vous, c'est la somme d'une multitude d'efforts individuels qui rendront nos routes plus vivables.
Ce qui est dommage c'est que ma cible principale, ces taximen qui se battent pour les clients au bord de la route et oublient à quoi sert le clignotant quand ils repartent, ne viendront jamais lire mes conneries. Donc aidez moi pardon, chaque fois que vous montez dans un taxi, prenez le risque de vous faire insulter et dites au chauffeur d'essayer de faire une remise à niveau.
Bon maintenant que j'ai fini mon petit discours moralisateur, je vais chercher mes clés de voiture pour aller me battre, non sans avoir fait un signe de croix parce que je vais passer par le temple des motos.
Je reviens un de ces jours avec la suite, qui portera certainement sur nos amis les benam. Ceux là, ils m'emeuvent. Carrément.
@ plouch!
Le musicien c'est Mballa Roger's.
RépondreSupprimerLa mauvaise conduite n'est pas propre aux Camerounais. Mais à voir les accidents qui causent des milliers de morts sur les routes dans un silence assourdissant des autorités, on a froid dans le dos.
"Ce qui est dommage c'est que ma cible principale, ces taximen qui se battent pour les clients au bord de la route et oublient à quoi sert le clignotant quand ils repartent, ne viendront jamais lire mes conneries." : c exactement ce que je pensais en lisant ton article...triste vérité...coe ngapna je ne pense pas que ce soit propre aux camerounais, j'ai eu a voir une émission francaise montrant commt il était facile de se procurer un permis senegalais sans etre vraiment apte a conduire, mais la n'est pas le sujet finalement, de savoir si les camerounais sont les seuls ou pas...qui se risquerait a faire une remarque a un taximan qui confond conduire et déplacer une voiture? pas moi oooh...lache et peureuse que je suis, je me contente d'un signe de croix...je me répète mais j'aime bcp tes articles, autant ta plume que tes thèmes... je ne know pas par quel biais les camerounais pourraient etre sensibilisés de maniere efficace : créer une série où des thèmes du quotidien camerounais seraient abordés,et puis un des personnages clés un peu attachant finirait tuer ds un accident bête de la circulation ...nan mouf qui sponsoriserait ce genre de série, et puis il n'y a que les séries venezueliennes qui ont un audimat assuré,pas les series made in camer'... ouwèèèh le camer' , one day one day suffer will finish i hope
RépondreSupprimerabsolutly right, ce que tu dis; en plus toi-meme tu écris bien youska; avec des intelligences comme toi, l'après 2035 peut être rose, ou bien violet quand meme.
Supprimeryeuh 2035?...tu es mm encore plus utopiste que moi, j'aurai dit l'après 2050 qd nos petits enfants auront notre âge d'aujourd'hui ...j'ai vu ke toi aussi tu es back, pas de blog en vue?
SupprimerLa mère, réponds même à mon mail noorrrrr. Je sais que tu m'as oublié mais moi non lol. La vie me ménace Jess c'est trop long à raconter. On aura tout le temps quand on se verra. Je suis très contente pour toi; bisous
RépondreSupprimerLOOOOOOOOOL!!! merci pour ton histoire!
RépondreSupprimerDes anecdotes comme ça, il y'en a tellement... le pays marchait sur la tête, et marche encore sur la tête. Mais on l'aime, on va faire comment?
Ouais quel pays ! C'est incroyable: voir pour croire !
RépondreSupprimervraiment
RépondreSupprimerje n'ai pas trouvé la deuxième partie
RépondreSupprimerJe vais la publier ce soir.
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