mercredi 23 octobre 2013

part I "La route ne tue pas....

... mais c'est nous qui tuons à cause de nos nombreuses maladresses.. Au volant de votre voiture, à pied ou à moto, mes frères, soyez prudents tous les jours...."

Bonjour bonjour,

C'est l'air qui retentit dans mon esprit au fur et à mesure que je rédige ce petit message à l'attention des usagers et futurs usagers des routes camerounaises, d'ici ou d'ailleurs. Je ne sais plus qui est l'auteur de cette chanson, ni quand elle a paru, mais l'attitude de mes compatriotes sur les routes la ressuscite du tréfonds de ma mémoire...Si quelqu'un pouvait me la rafraichir, cette mémoire, pour que j'honore un chanteur qui a voulu nous sensibiliser sur une question importante...

Le sujet de la sécurité routière au Cameroun est tellement riche que je peux me permettre de le traiter en plusieurs fois. De retour au pays, fini le métro et le bus, et je reprends progressivement le volant : quelques années sans conduire, c'est suffisant pour perdre les bons réflexes et je ne tiens pas à mourir jeune par mon propre fait, donc je réapprends à être à l'aise sur les routes.
Aujourd'hui, sur la portion de l'axe lourd (un terme qui ne veut strictement rien dire) menant du marché des fleurs à l'aéroport de Douala, j'ai compté en deux minutes au moins six infractions d'autres véhicules, qui auraient valu des points sur leur permis à leurs conducteurs, sous des cieux plus sérieux, et qui auraient pu créer des accidents graves. En fait, je crois que les camerounais ne savent pas vraiment conduire, ou alors, se complaisent dans le désordre. Entre les dépassements abusifs, les michel vaillant (sur quelles routes même?), les motos spécialisées dans la génération spontanée (tu regardes dans ton rétro, il n'y en a aucune, puis l'instant d'après, tu en as cinq qui t'entourent), je commence à adhérer complètement au concept de "far west" employé par un ami pour décrire le Cameroun.

Il faut avouer que je ne suis pas très surprise de constater que ça ne va pas. Il paraît que le ministère des transports a procédé à des ajustements sur le permis pour réduire la fraude, notamment avec le permis informatisé, mais c'est très loin d'être suffisant. 80% of cameroonian should have never got their driving license in the first place. Il va falloir corriger trente ans de désordre (ça coïncide avec la durée du règne de l'autre, je dis ça je ne dis rien) pour que la lumière au bout du tunnel apparaisse. Tiens, je vous parle de mon cas (parce que j'aime parler de moi aussi).


Je suis titulaire d'un permis de conduire camerounais, que j'ai souhaité obtenir le plus sérieusement du monde il y a quelques années. Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer. Mon permis n'est pas apparu par enchantement dans mon portefeuille, grâce à la "bienveillance" d'un de ces "commerçants" payés pour effectuer un véritable tour de magie, sans qu'on ait jamais posé son pied dans une auto-école : Moi, j'ai fait tous mes cours de théorie, puis de pratique, et j'ai même passé l'examen en personne ( je n'ai pas délégué un de mes sosies, ou un fantôme comme cela peut arriver). En plus, c'était déjà l'époque des permis informatisés, plus difficile à falsifier, il se dit.
Malheureusement, l'examen que j'ai passé n'avait d'examen que le nom. La partie théorique relèvait d'une vaste blague : Tout se passait dans un seul poulailler, oh pardon, une seule salle. On passait par groupe de quatre, tous à la fois, devant des examinateurs postés devant des bancs de classe sur lesquels nous nous serrions face à eux, tels des écoliers devant le maître. Je me souviens encore de cette examinatrice qui était tellement occupée à terminer le paquet de chips qu'elle avait en main, qu'elle s'est contentée de nous demander, à tous, à la volée, de lui citer un feu facultatif. Le premier courageux a lancé une réponse jugée correcte et tranquillement reprise en chœur par les trois autres larrons et puis nous sommes passés à l'étape d'après sans plus, après avoir récolté le point. Un vrai travail d'équipe hein.... Autant dire que j'ai voulu regretter d'avoir pris la peine de lire le code rousseau, avant de me rappeler que ce serait utile à moi même.
En pratique, guère mieux. Ce jour là, je suis persuadée qu'une centaine de permis, au bas mot, ont été accordés à des dangers ambulants (dont je faisais même peut être partie). Non pas qu'il y a eu uniquement des actes de corruption (on en reparle), mais l'examen en lui même était tellement mal organisé que des individus ont fini la journée de l'examen pratique en ayant fait uniquement une épreuve sur les quatre ou cinq (je ne m'en souviens plus exactement) que compte cet examen. Allez comprendre comment dans le groupe dans lequel j'étais, nous avons pu tous obtenir le permis alors que nous n'avons fait que le démarrage en côte et le créneau comme épreuves. Comment peut-on sérieusement accorder le permis à quelqu'un qui n'a jamais été mis en situation?
Et là, on comprend pourquoi les auto-écoles se permettent d'envoyer des gens qui savent juste déplacer une voiture à l'examen.
D'ailleurs parlons en, de ces auto-écoles.
A l'époque, une fameuse auto-école de la place, dont je tairais le nom, avait pour habitude d'obtenir systématiquement 100% à l'examen. La raison officielle avancée, était que seuls étaient présentés à l'examen les gens "prêts". Une petite confidence de notre moniteur attitré de l'époque m'a permis de découvrir qu'en fait, dans les frais demandés à l'inscription et pour le permis, il était automatiquement demandé un supplément de 10.000 francs, reversé à "qui de droit" à la délégation des transports par l'auto-école, qui s'assurait ainsi un score sans faute. Cela m'a permis de comprendre pourquoi cette amie qui a précipité la voiture dans le public qui observait en faisant son créneau sortant, manquant de faucher une ou deux personnes, n'a eu aucun souci à se faire....  Cela m'a aussi permis de comprendre pourquoi ce libanais qui avait fait son apparition une semaine plus tôt à l'auto-école, incapable de démarrer une voiture correctement, était présent à l'examen sans passer aucune épreuve, affublé de son éternel tchinda camerounais qui lui tenait son parapluie sur la tête, pour le protéger du soleil ou de la pluie au gré des humeurs fluctuantes du temps ce jour.
Pour être honnête, en ce qui me concerne moi même, j'aurais été un moniteur, je ne me serais peut être pas accordé le permis à moi-même. Je savais conduire, mais j'étais loin d'être à l'aise.
C'est pour cette raison en partie d'ailleurs, que j'ai toujours refusé de conduire sur les routes françaises et que j'ai voulu y repasser le permis. En plus, notre réputation à traversé les frontières et les français refusent désormais de convertir nos permis camerounais. Tu es camerounais, tu as terminé tes études, et tu veux conduire en France?  Tu repasses par l'auto-école et tu refais tout l'examen du permis (en dépensant accessoirement au moins mille euros, je vous laisse le soin de voir en CFA), pendant que le sénégalais va à la préfecture et échange son permis. Je me dis qu'ils ont dû avoir vent du pourcentage de camerounais qui ont obtenu leur permis de conduire avant même d'avoir été en mesure de déplacer la voiture sur un terrain vague sans caler après deux mètres. Donc pas question pour moi de conduire alors déjà que je serais en infraction.

Aujourd'hui, comme je le disais plus haut, je reprends la main. La perspective de traverser les rails de Ndogsimbi (et ses fumeurs de chanvre embusqués) pour arriver à Ndogkoti me battre pour trouver un taxi pour rentrer chez moi, ne me séduit pas, et m'oblige à avoir une voiture (qui boit du carburant comme une b**delle enchainerait des castels).

Il paraît que sur nos routes les choses ont changé en bien. Au cours d'une émission télé ces derniers jours sur une chaine locale, j'ai même cru entendre parler de permis à points. J'ai rigolé en pensant à sa (non) faisabilité dans le contexte camerounais, avant même que le journaliste ne souligne que ça restait du domaine de l'utopie.
Sur les routes, pendant que je fais des efforts pour être appliquée, respecter le code de la route, et conduire comme il se doit, je constate que mes compatriotes sont dans un délire total. C'est la loi du plus courageux, du plus rapide et de la plus grosse voiture qui est appliquée. Je veux bien qu'on me dise où sont les améliorations.

Et le plus drôle dans tout ça, c'est que l'enfer c'est toujours les autres.

Je nous appelle tous à plus de responsabilité. Conduire, ce n'est pas un jeu. Déplacer une voiture, ce n'est pas conduire. Et le sissia, ce n'est pas une vie. Les cinq secondes que vous gagnez parce que vous avez réussi à forcer, ne valent pas le risque pris d'avoir votre tôle froissée ou de créer un accident stupide.
Et surtout, si vous faites partie de ceux qui ont acheté leur permis au marché comme le poisson (pourri), s'il vous plaît, achetez vous un code rousseau et commencez à le lire quand vous galérez. Vous serez surpris de constater le nombre de bêtises que vous commettez en conduisant en pensant que c'est normal. Améliorez vous, c'est la somme d'une multitude d'efforts individuels qui rendront nos routes plus vivables.
Ce qui est dommage c'est que ma cible principale, ces taximen qui se battent pour les clients au bord de la route et oublient à quoi sert le clignotant quand ils repartent, ne viendront jamais lire mes conneries. Donc aidez moi pardon, chaque fois que vous montez dans un taxi, prenez le risque de vous faire insulter et dites au chauffeur d'essayer de faire une remise à niveau.

Bon maintenant que j'ai fini mon petit discours moralisateur, je vais chercher mes clés de voiture pour aller me battre, non sans avoir fait un signe de croix parce que je vais passer par le temple des motos.
Je reviens un de ces jours avec la suite, qui portera certainement sur nos amis les benam. Ceux là, ils m'emeuvent. Carrément.

@ plouch!

vendredi 18 octobre 2013

On aime le vin.

Hello à tous!

Vous allez bien? Vous avez passé un bon (long) weekend?
Ah oui, parce qu'ici, la semaine a commencé mercredi, fête du mouton oblige. Sur le chemin du travail, depuis la semaine dernière, je pouvais voir en route les vendeurs avec leurs bêtes prêtes à être tuées selon les rites, pour être rôties, braisées, en sauce, etc... D'ailleurs le business du mouton semble bien lucratif, à bien y penser...

Qui dit long weekend dit repos, donc vous vous seriez peut-être attendus à ce que je vous ponde quelque chose. Malheureusement l'inspiration n'était pas vraiment au rendez-vous et en plus, je n'ai pas vraiment été disponible.... Dans tous les cas, aujourd'hui je suis de retour, juste à temps pour qu'on discute d'un sujet qui, à mon avis, mérite qu'on en parle.

A l'occasion de la fête du mouton donc, les Camerounais ont bien mangé, et surtout bien bu. Voilà. Vous même vous savez que la bière et les camerounais, c'est toute une histoire d'amour, non-musulmans comme musulmans (dites la vérité, ne vous cachez pas derrière Allah). Le "levage de coude" est un sport national : On aime le "vin".

Au fond, je pense qu'André Siaka doit être très malheureux de son œuvre. Ce monsieur si brillant, si intelligent aurait dû occuper de hautes fonctions dans ce pays et nous conduire vers la prospérité, car il en était visiblement intellectuellement capable. Mais au lieu de cela, il a du se résigner à accompagner lentement mais efficacement tout un pays dans le gouffre de l'ivrognerie.

Oui, je le dis sans mâcher mes mots, nous sommes des ivrognes. Nous ne sommes pas plus ivrognes que les français et leur sacro-saint vin, les allemandes et leur bière, mais nous sommes quand même des ivrognes.Toutes les entreprises de ce pays peuvent faire faillite, mais SABC et Guinness s'en sortiront toujours. Nous en sommes à un point où, celui qui veut déstabiliser le Cameroun ne devrait pas s'atteler à organiser des marches inutiles pour renverser Popol, mais plutôt à trouver le moyen de perturber l'approvisionnement du pays en "jus de houblon". Si on sèvre les camerounais de bière pendant 48 heures, je n'ose imaginer la fureur qui va envahir les citoyens.

Je suis toujours quelque part un peu affectée, quand je croise des bandes de jeunes et moins jeunes attablés devant des cadavres de bouteilles de bière, en train de perpétuer le massacre de plusieurs casiers. A ces moments là, les yeux rouges sont injectés de sang, la sueur dégouline par tous les pores, les décibels s'envolent (comme d'habitude, les camerounais discutent en criant), et la bière coule à flot. Si vous tendez bien l'oreille, vous pouvez entendre des grésillements et une odeur de brûlé : ce sont les neurones de la jeunesse camerounaise qui sont en train de griller...

Encore plus malheureux pour moi dans tout cela, et je m'excuse d'avance pour le caractère futile du reproche, à coté des drames familiaux, personnels et professionnels que l'alcoolisme provoque, c'est l'épidémie de GROS VENTRES qui en découle.
C'est tout simplement magique et tragique à la fois.
En un mois au Cameroun, j'en ai croisés, des gros ventres. De la bedaine bien fournie de l'individu dans sa petite cinquantaire au petit bidon du jeune cadre dynamique pourtant fin, il y'en a pour tous les goûts.
Et ça ne dérange personne, au contraire. On a réussi à se faire des "inceptions", et à se persuader que le gros ventre, c'est beau, c'est sexy car il est proportionnel à la taille du portefeuille. Et à chacun d'adopter une démarche bien chaloupée, pour mettre en avant le petit ou grand tonneau qui distend perpétuellement la chemise, fier de soi et de son accomplissement. Et quand j'interpelle un jeune homme dans sa petite trentaine, en lui disant assez gentiment pour ne pas le blesser qu'il gagnerait à faire des abdominaux de temps, il me réplique le plus sérieusement du monde que son ventre c'est un signe d'opulence, le tout en caressant amoureusement sa grande guinness. J'ai un gros ventre, je vis bien. Sans blagues.


Je commençais à me demander si ce sont mes dix années dans un pays où on glorifie les pectoraux bien saillants et les abdos en acier trempé qui m'ont perturbée. Dieu merci, il y'a encore quelques personnes dans ce pays qui sont du même avis que moi et comprennent qu'il s'agit même d'une question de santé publique.

Je n'ai qu'un mot pour les jeunes : ne vous laissez pas emporter par la folie ambiante. De la bière, oui, mais avec beaucoup de modération. Et surtout, faites du sport. Il en va de votre santé plus tard. On dira que c'est le vieil oncle sorcier jaloux qui a eu votre peau, quand en réalité vous avez petit à petit touché votre propre coeur.

Ciao!

mardi 8 octobre 2013

Le mbenguiste et son salaire au pays.

Tout d'abord, bonjour les amis.
Avec le sourire.
Vous remarquerez que je commence toujours par là. Les bonnes habitudes. Il faut les garder, c'est important. Les camerounais sont tellement avares en bonjours et sourires qu'on se demande si cela leur coûte de l'argent.
J'ai remarqué que les employés dans les boulangeries sont particulièrement grincheux. C'est limite si la vendeuse de la boulangerie le matin ne me sort pas un énorme "tchiiiiiip" quand je lui dis demande mes deux beignets avec le sourire.
 Le premier jour, j'ai cru que c'était juste un mauvais jour : peut être que son chaud lui a mal parlé ce matin là, ou alors la fin du mois n'arrive pas assez vite à son goût, ou encore elle n'est pas encore bien réveillée. Mais j'ai compris après trois, quatre fois, qu'elle a juste sa place dans les schtroumphs en tant que schtroumphettes grognonne, et que je pouvais garder mon bonjour pour moi.
Quelqu'un avait eu la lumineuse idée de créer une page facebook pour la caissière de Calafatas. Je pense en tout objectivité, qu'on pourrait en créer au moins une par boulangerie de Douala.
 



Bon, venons en au sujet du jour, un sujet hyper sensible et que je vais essayer de traiter sérieusement : les salaires au Cameroun.

L'argent, c'est le nerf de la guerre. Même les plus irréductibles anti-retour au Cameroun que je connais seraient prêts à reconsidérer leur position si on leur proposait un salaire qui leur "parle".Mais alors, quel est le salaire qui leur parle???

J'ai l'impression que certains mbenguistes nagent en plein délire en ce qui concerne les salaires au Cameroun et les prétentions qu'ils pourraient légitimement avoir.

Mes amis, la vie est faite de choix. Faites le votre, assumez le et arrêtez de vous mentir à vous même, en disant que vous voulez rentrer au Cameroun, quand vous exigez un salaire de DG sans pouvoir déjà en être un. Un cadre moyen qui me dit qu'il rentre au Cameroun si on lui propose un salaire de quatre millions, devrait même arrêter d'évoquer le retour.  La chance, le piston et les exceptions existent, mais c'est quasiment du même ordre que clamer que je vais m'acheter une ferrari la semaine prochaine parce que je gagne un million au loto ce weekend. Il faut être sorcier.


http://lacomorienne.com/wp-content/uploads/2012/10/franc-cfa.jpg
Combien de fois j'ai entendu "je rentre au Cameroun si on me donne deux millions", venant parfois même de la bouche de jeunes diplômés?  Ou encore ces autres qui exigent la maison de fonction, la voiture de fonction, la scolarité des enfants, le container pour transporter leurs affaires de france, le billet d'avion, en plus d'un salaire bien costaud (du genre trois millions par mois), alors qu'ils peuvent à peine prétendre à un rang de chef service?
A croire que le papier du diplôme devient du papyrus en traversant les océans.

J'ai un scoop pour vous : il y'a aussi des écoles au Cameroun, et des écoles qui forment bien.
Pour avoir côtoyé quelques ingénieurs de l'école polytechnique à Yaoundé, je ne pense pas qu'ils aient à rougir devant un ingénieur formé en France, surtout si ce dernier vient d'une école moyenne.  Lorsque vous postulez dans une société et que vous réclamez un million parce que vous estimez que vous venez de Mbeng, sachez qu'il a le jeune diplômé de l'université catholique qui se contenterait bien de six cent mille francs CFA (ce qui est déjà un salaire plus que correct dans l'environnement camerounais) et qui pourrait faire un travail aussi bien que le votre. Ne vous étonnez donc pas qu'après quelques contacts, votre recruteur se mette à vous zapper.

Ensuite, il est aberrant d'effectuer une conversion bête et méchante de votre salaire actuel en euros en CFA. Ce n'est pas le même contexte, et forcément, les niveaux de vie ne sont pas les mêmes. Un individu qui gagne à titre d'exemple 2500 euros par mois, aura un niveau de vie en France comparable à celui d'un cadre camerounais qui gagne 700.000 francs par mois au Cameroun.
Bon, si vous souhaitez faire l'essentiel de vos courses à Casino, continuer à manger du saumon, manger des pommes (fruits) comme si vous viviez toujours à Paris, c'est autre chose. Mais si vous vous adaptez à la vie locale, songez à intégrer dans votre cerveau que votre salaire ne peut être que déprécié.

Et si vous n'y êtes pas préparés, continuez à gérer sereinement votre avenir à Mbeng, en attendant éventuellement une grosse opportunité offerte par le destin (probabilité, 1/10000000).

L'expatrié camerounais au Cameroun est en voie d'extinction
Les parents ne veulent que le bien de leurs enfants. Alors, il est normal qu'ils leur conseillent de ne rentrer que lorsque les conditions sont optimales. Généralement, par conditions optimales on entend un contrat d'expatrié, ou de se faire recruter à partir du siège d'une des nombreuses compagnies multinationales présentes au Cameroun.
C'est rare. Extrêmement rare. Lorsque vous cherchez du travail dans cette optique là, la probabilité que vous rentriez se réduit pour se rapprocher de 0.
Pour commencer, le coup du camerounais d'origine naturalisé français qui veut s'expatrier au Cameroun marche de moins en moins. Un recruteur vous expliquera gentiment qu'ils ne peuvent que proposer un contrat local car c'est ce qu'ils ont prévu. Mais que le contrat local est quand même intéressant et que vous gagneriez à y jeter un coup d’œil. Évidemment, rien à voir avec l'expat de base, qui est logé, a une voiture, des billets d'avion, et un salaire en euros.

Les exceptions, les légendes, et les mytho ne doivent pas vous induire en erreur
Il y'a quelques personnes, qui ont d'excellents profils, et saisissent de très belles opportunités au Cameroun, généralement avec des compagnies étrangères. J'en connais quelques uns, mais je sais pertinemment que ça reste de l'ordre de l'exception. Signer un contrat avec un salaire proposé 4 à 5 fois supérieur à la norme du marché camerounais, implique que vous ayez une réelle expertise dans un secteur où on recherche des compétences, ou alors que vous soyez l'héritier de l'empire familial.
 
Bien sûr, on a tous entendu ces belles histoires : un tel à qui on a proposé deux millions, tel autre qui a cinq avec un statut d'expatrié, etc, etc... N'oubliez pas qui nous sommes : des Camerounais. Et les bons camerounais ont tendance à "assaisonner" les faits. Donc, ne prenez pas certaines déclarations au pied de la lettre, il est probable qu'il y'ait en dessous une volonté d'en mettre plein la vue. J'ai pu constater la prolifération de petits plaisantins qui parlent sans gêne de leurs salaires (très élevés) à leurs compatriotes de mbeng en présentant des chiffres farfelus. Je parle par expérience. Vantardise, volonté d'épater, de se donner de l'importance, etc... Faites gaffe, et sachez rester sceptiques sans trop le montrer, sinon vous allez souffrir de vous entendre traiter de "jaloux", "aigri". Oui, c'est aussi ça le Cameroun.


En définitive, informer vous bien sur l'état du marché, et faites un benchmark chez les différents acteurs de votre secteur. Les salaires peuvent vous sembler bas, mais le contexte camerounais n'a rien à voir avec le contexte américain, français ou allemand. Les attentes de salaires que j'ai parfois entendues m'ont tout simplement fait rire. Ce n'est pas demain la veille que certains s'installeront au Cameroun à ce rythme là. Ce n'est pas un péché, je l'ai dit plus haut, la vie n'est faite que de choix.

A bientôt!


jeudi 3 octobre 2013

Le téléphone et le zouazoua... Un autre ndem...

 Bonjour les amis,

Aujourd'hui je vais parler de deux choses qui me crèvent le coeur et les poches, littéralement, depuis que je suis arrivée au Cameroun : le téléphone et l'essence. Le crédit et le zouazoua, sont les plus grands ennemis du portefeuille dans ce pays. Jusqu'à présent, j'ai eu l'impression d'avoir affaire à un robinet qui fuit sans cesse, quelques soient les subterfuges usés pour le rafistoler : cinq mille par ci, dix mille par là, etc, etc...
On va commencer par le téléphone. En vérité, je vous le dis, Orange, MTN et consort sont des escrocs de première catégorie. Le beurre de leurs épinards est doux, très doux. Président, ou Elle&vire.
 Je précise  que je n'ai jamais été accro au téléphone, si ce n'est pour internet et BBM, mes péchés mignons. Parler pour parler, ça me saoule et surtout ça fatigue le muscle de mon bras qui doit supporter le téléphone à mon oreille. Conséquence logique, je n'appelle que lorsque c'est vraiment nécessaire. Mais quand même, je le sens passer. Deux mille francs de crédit le matin, un premier coup de fil important qui dure quelques minutes et dès que vous raccrochez, un message vous indique qu'il faudrait déjà penser à ajouter parce que vous avez moins de mille francs. o_O. Deux, trois coups de fil supplémentaires et l'affaire est pliée. Ne tentez même pas alors d'appeler à l'étranger, on ne va pas vous dire. Pour les anciens habitués du forfait illimité comme moi, c'est vraiment dur. J'ai perdu l'habitude de réfléchir à ce genre de détails quand j'appelle. Maintenant, je suis toujours en train de me demander si la conversation ne va pas être brusquement interrompue parce que mon crédit m'a lâchée et d'ailleurs, j'ai cessé d'appeler les vrais boss que je connais. Je bipe ou j'envoie un sms, sans aucun scrupule. Pardon, je n'ai pas encore perçé.
Même avant que Free ne vienne complètement gâter le coin en France, je jouissais déjà d'une relative quiétude. Une heure de forfait par mois me suffisait amplement pour faire ce que j'avais à faire. Avec Free alors, ca a été la bamboula. 19 euros 95 pour des appels illimités. La vie était belle hein? Xavier Niels est venu gâter le business des opérateurs qui se sucraient  sur nos dos. Au pays, qui sera donc notre Xavier Niels? Samuel Eto'o et Set Mobile? Laule

Maintenant, il faut serrer le cœur et accepter qu'on permet à Orange et MTN de réaliser leurs chiffres d'affaire colossaux. Dans tout ça, il n'y a même pas de main levée pour les employés, surtout chez Orange là, qui estiment que les employés doivent déjà leur dire merci d'avoir du travail, avant de songer à de quelconques revendications salariales. L'esprit français au Cameroun quoi...
Sinon on peut se rabattre sur le téléphone professionnel, pour ceux qui en ont. C'est peut être la seule solution pour que le budget téléphonique du mois n'atteigne pas des stratosphères.

Venons en maintenant à notre deuxième ennemi, monsieur le carburant.
Quand je pense qu'on demandait à une époque au gouvernement camerounais d'arrêter de subventionner le prix du carburant, je me dis que les gens là voulaient que le pays ci explose vrai vrai. Dans un pays où la pauvreté est à un certain niveau, vous n'allez quand même pas demander qu'on double le prix du carburant, pour atteindre à peu près le même niveau qu'en France, un pays qui n'a pas la moindre goutte de pétrole sur son territoire et où le niveau de vie est bien supérieur. Le tour ci, Pa'a Paul a compris qu'il en allait de son trône et a serré le cœur, avec raison.
Je mets tellement de carburant que j'ai fini par me demander si le réservoir de la voiture là n'est pas percé, ou si le chauffeur là ne trouvait pas le moyen de tourner avec la voiture. C'est de la pure mauvaise foi, en fait, car elle a une consommation plutôt faible en réalité. Mais voilà, ça me fatigue quand même la poche.
D'où, mon conseil du jour.  Choisissez vos voitures avec beaucoup de soins.
On m'a toujours dit "si tu veux acheter une voiture en Europe, prends une petite japonaise, facile à entretenir, les pièces sont disponibles sur place, et qui ne consomme pas trop". J'ai toujours balayé cet argument d'une main. J'aime les grosses voitures, du genre qui incite le bendskin à se ranger de lui même sur le coté avant que ton pare-buffle ne le ramasse.... Mais ça, ça ne roule pas à l'énergie solaire et l'essence peut rapidement devenir un budget encombrant.
Bon, ce n'est pas demain la veille que je pourrais avoir la voiture ci par exemple...


Mais le jour où ça arrivera, c'est que je suis vraiment, vraiment lourde (pas que j'ai trouvé une bonne occasion sur internet en allemagne et que j'ai jonglé la douane). Le jour où ca arrivera, c'est que l'essence ne peut plus me dépasser. Ce sera un grand jour.
En attendons, je pleure l'essence et le crédit, et je m'aligne, parce que je n'ai pas le choix.

A plouch!