mardi 23 décembre 2014

Entre la peste et le choléra....

Bonjour les gens...

Qui dit fêtes de fin d’année dit aussi... accidents de la route. Il parait que les grands sorciers du pays ont besoin de sang frais à cette période, et par conséquent  placent leurs djoundjous kalaba sur tous les grands axes histoire d'effrayer quelques chauffeurs qui ne manqueront pas de finir sur le bas coté, la voiture renversée ou complètement broyée. Enfin, ça c'est la version des marabouts et des églises de réveil. La version pragmatique, celle à laquelle j’adhère le plus, veut que les gens lèvent le coude encore plus que d' habitude, ce qui en soit est déjà un exploit, et avec le trafic important dû aux fêtes, le taux d'accidents de la route augmente logiquement.


Du coup, on aurait presque envie de se terrer chez soi pour attendre que la pression diminue. Encore que... un camion de sable a fini sa course récemment dans la maison de quelqu'un, sur la nouvelle route à Bonaberi. Tu dors tranquillement dans ton lit, et tu te réveilles au paradis. Et ce n'est pas à cause d'un AVC. Malchance. On n'est à l'abri nulle part en fait.
Le problème c'est qu'en Décembre, on est amenés à voyager régulièrement. Entre les mariages, les baptêmes, les amis mbenguistes qui veulent à tout prix aller en pèlerinage à Kribi ou à Limbé, les occasions de prendre la route sont nombreuses. Et on a beau redoubler de vigilance et être très prudents, quand on a des grumiers qui tentent des dépassements hasardeux à des virages, la mort n'est jamais très loin. On fait comment alors?

J'ai longtemps cru que la solution était toute trouvée entre Douala et Yaoundé : prendre l'InterCity! Rapide, confortable, très ponctuels à ses débuts, et surtout sûr. En prime, un service novateur : la location de tablettes tactiles avec des films, des documentaires, de la musique et consort, à mille francs pendant le trajet. Elle est pas belle la vie? Elle l'a été, au début en tout cas. Et puis les camerouniaiseries ont pris le dessus. L'absence d'infrastructures et la vétusté des équipements ont rattrapé violemment l'équipe marketing de Camrail qui a mis sur pied cette offre pour les voyageurs.

Premier obstacle : l'unicité de la voie. Si un train marchandise tombe en panne, vous êtes obligés d'attendre qu'on le dépanne pour qu'il libère la voie. Si il est en retard, vous devez encore patienter, le temps qu'il passe. Je pense que les habitués de l'InterCity doivent déjà connaitre la chanson : immobilisés une dizaine de minutes au moins à une gare et l'hôtesse qui annonce l'excuse dans les hauts parleurs "Croisement"... Ne rêvez pas que l'InterCity sera prioritaire un jour sur les trains marchandises, qui sont le réel gombo de Bolloré au Cameroun. Pour la petite anecdote, il était même prêt, ce cher français, à supprimer les trains passagers qui s'arrêtent dans tous les petits villages bassa'a là, qui sont très enclavés.Aucun intérêt pécuniaire pour lui. Heureusement que les grands sorciers bassa'a ont dit à ses gars que le train marchandises serait prié de prendre les airs et d'éviter de toucher le sol bassa'a. On ne tente jamais les grands sorciers.
 Ce qu'il faut savoir, c'est que le transport de passagers par train au Cameroun est certes géré par Camrail mais il est resté sous le contrôle de l’État, à qui tout est refacturé. C'est l' État qui investit, et le ministère des transports est entièrement impliqué dans tous les processus. Comme nous sommes au Cameroun et qu'on sait comment ça se passe, je vous laisse imaginer les frais de mission, les jetons de présence, et tout l'argent que les agents du ministère des transports se font allègrement sur le dos de l'InterCity. Et pendant ce temps, on roule sur une voie, en faisant en 3h40 dans le meilleur des cas un trajet qui pourrait être fait en deux heures si il y avait les infrastructures et le matériel nécessaires.... Et dans les pires des cas, on dort en route. Littéralement.

Et puis le système de vente des billets... Une véritable honte en 2014. ll est... manuel. Quand vous arrivez au guichet, un agent camrail, muni de son bic, se met à remplir un ensemble de choses qui prennent quand même du temps. Résultat : des files interminables pour acheter son billet, et généralement, des embarquements en catastrophe. A la pauvre hôtesse de gérer dans le train pour faire payer ceux qui n'ont pas pu payer en gare et leur trouver des places assises.


En vérité, quand j'ai un rendez vous important à Yaoundé pour lequel il faut que je sois ponctuelle, je préfère prendre le bus. Je prie avant d'embarquer, je prie pendant tout le trajet, mais je suis quasiment sûre d'arriver à temps. Surtout avec une compagnie comme Touristique. Et même si on a une panne en route, je peux toujours faire du stop (non en fait, je ne fais pas de stop moi). Mais dans le train, quand on cale en brousse au milieu de nulle part, bah, on est calés et on ne peut qu'attendre.
Quand je n'ai aucune pression, je prends le train. Au moins, là, je dors tranquille et puis je ne m'ennuie pas. Mine de rien, ils ont quand même essayé à une époque de faire quelque chose de convenable et essaient toujours. Mais pas facile quand les cartes ne sont pas vraiment en main. 
Finalement, l'intention était louable mais comme beaucoup de choses dans ce pays, les pré-requis n'étaient pas là. Au final, on se retrouve avec un système médiocre....

En tout cas, on attend 2035, n'est ce pas?
Bonne fêtes et soyez prudents!