lundi 14 juillet 2014

Cinq conseils pour ne pas sentir que le zouazoua a augmenté...





Ce Samedi, comme d’habitude, je me rends à la station service pour mon tour hebdomadaire. Alors que j’avais déjà préparé mon portefeuille à s’alléger de façon conséquente, je réalise qu’il est encore plus léger que d’habitude, pour la même quantité d’essence. Un petit coup d’œil à la pancarte affichée dans la station, et je soupire. Oui, on a augmenté le prix de l’essence. Après des mois de bras de fer avec le FMI, l’Etat camerounais a fini par craquer et a baissé sa subvention qui permettait au carburant de rester au prix qu’on connaissait.


Bon, les habituels sont déjà montés au créneau hein… Les syndicats de transporteurs, les partis politiques d’opposition, associations de consommateurs, etc.… Mais on sait généralement comment ça finit. C’est vrai qu’un monsieur qui répond au doux et tendre nom de Delors Magellan Kamgaing (j’aime trop ses prénoms hein) avait réussi à faire annuler l’augmentation des tarifs de l’électricité en faisant une grève de la faim, ce qui m’avait surprise en premier parce que je voyais bien le BIR camerounais venir le ramasser et le fouetter jusqu’à ce qu’il mange….
Mais je ne crois pas que nos dirigeants vont se faire avoir deux fois. Je vois plutôt le schéma classique se reproduire : on va crier, grogner, marcher, menacer de grève, et grever même, les ministres sapeurs pompiers vont être envoyés sur le terrain, des enveloppes vont circuler pour motiver certains et tout va retomber comme un soufflé… Et puis les camerounais vont faire ce qu’ils ont l’habitude de faire depuis des décennies : se débrouiller !

Le prix du taxi a augmenté. Le prix de la moto aussi. Le tarif est déjà passé à 250 francs pour un trajet de jour et 300 la nuit. Le SMIC camerounais est de combien encore là ? Moins de 30.000 francs CFA. Ça signifie qu’il est formellement interdit au SMICARD camerounais de prendre le taxi chaque jour pour aller au travail (ou la moto) sous peine de n’avoir plus rien en fin du mois pour payer un quelconque loyer, l’électricité, la nourriture etc.…
Maintenant qu’on a compris qu’on vient encore de s’en prendre plein la gueule, le moment est venu de chercher les solutions de secours. Et je vais humblement vous proposer les solutions que j’ai envisagées :

1-      Se remettre au sport
250 francs, c’est un sachet d’eau et un pain de cent chargé de quelque chose, ou quelques beignets. Ça, c’est le carburant du corps humain. Une fois ingurgité, vous pouvez engager une petite frappe, qui vous permettra en prime de travailler votre rythme cardiaque. La marche, c’est excellent pour la santé et ça vous permettrait même d'économiser sur des éventuels frais d'hospitalisation plus tard. Certes, un kilomètre à pied, ça use les souliers, et il faudrait prévoir un budget chaussures plus élevé que précédemment mais les marchés central, mboppi et consort à Douala doivent regorger d’articles solides à même de chausser dignement pendant quelques mois nos nouveaux marcheurs. En plus, la pluie a la mauvaise habitude de tomber comme si elle voulait noyer les gens donc il faut aussi penser à acheter une bonne bâche pour vous en recouvrir lors de vos séances de frappe en plein déluge...
Sinon si vous avez un peu d’argent, vous pouvez aussi acheter un vélo. 
Pédalez, au picasso, pédalez, pédalez…..
Gardez la forme, c’est important.

2-      Devenez fonctionnaire
Comme mesure palliative proposée par l’Etat, il y a l’augmentation du salaire des fonctionnaires. Chouette ! Tout le monde n’a donc qu’à devenir fonctionnaire ou militaire. Les 9/10 de la population camerounaise qui ne travaille pas pour l’état n’a qu’à postuler ! S’il a proposé il y a quelques années d’embaucher 20.000 nouveaux fonctionnaires, ce n’est pas ajouter trois zéros et en embaucher vingt millions qui peuvent dépasser notre président.
De surcroit, vous n’ignorer pas que l’Etat, justement, est le plus grand consommateur de carburant du pays. Les prado, land cruiser et autres carrosses rutilants pour lesquels on privatise souvent les routes camerounaises là ne fonctionnent pas à l’eau. Dans l’administration camerounaise, il y a un mot magique qui met du baume au cœur de tous : BON. Bons d’essence. Bons de zouazoua. Bons pour le paradis. Est-ce que les « vrais » fonctionnaires paient même leur essence eux même ?? Donc c’est une pierre deux coups. En devenant fonctionnaire, vous voyez votre salaire de base augmenter de cinq pour cent, et en plus vous ne payez pas le carburant si par hasard vous commencez à être à un bon niveau. Elle n’est pas belle la vie.
Il faut juste compter sur la probabilité de devenir fonctionnaire ou d’être nommé ministre. 1 sur 100.000. Rien que ça. L’espoir et le tchoko font vivre.

3-      Devenez commerçant
Même si le piment que vous vendez a été cultivé dans votre arrière cour et ne parcourt que les cinq cent mètres qui la séparent de l’entrée de votre domicile pour être vendu, vous allez pouvoir en multiplier le prix par deux, voire trois. 
Ce weekend, le cageot de tomate a été augmenté de trois mille francs. Vous savez, n’est ce pas, qu’il y a des cageots VIP qui sont transportées depuis leur lieu de récolte jusqu’aux marchés principaux seuls dans les camions qui les transportent. D'ailleurs les camions sont climatisés à l'arrière pour entretenir le beau teint bien rouge de ces tomates juteuses. C’est ce qui explique une augmentation de 3000 francs alors que le litre d’essence a augmenté de 80 francs. Oui, oui, chaque cageot de tomate nécessite donc 3000/80 soit dans les environs de trente litre d’essence de l’achat des intrants à sa commercialisation.
En vérité, l’essence qui augmente c’est simplement l’occasion pour certains de pratiquer des prix rédhibitoires avec une parfaite excuse : l’essence ! Profitez en également et enrichissez vous sur le dos des autres misérables camerounais.

4-      Apprenez à courir vite
On monte dans un taxi. On arrive à destination. On descend et à l’extérieur on fait semblant de fouiller ses poches pour en sortir les pièces, et puis… hop… bip bip. Le résultat n’est pas garanti car certains chauffeurs aussi ont pu développer de véritables aptitudes en course de vitesse mais cela reste envisageable.

5-      Développez le covoiturage
En d’autres termes devenez un taxi clando ! Et ecolo avec ça…
Si vous avez une voiture, et vous vous sentez prêt à la remiser au garage pour engager le point numéro un et frapper pour épargnez vos poches, alors songez à ceci! Transportez des gens, à un tarif avantageux qui fera de vous un concurrent de premier choix des taxis classiques couleur jaune !
Malheureusement, ce sont les vacances scolaires donc les clients écoliers et étudiants vont se faire rares mais à partir de septembre, calculez les et proposez leur de leur raccourcir le chemin pour 100 francs… Dans la limite de votre trajet bien sûr. Ça vous permettra de financer en partie l’essence….
Ça ne marche malheureusement pas si vous aviez déjà l’habitude de remplir votre voiture de votre famille en allant au boulot le matin. Auquel cas, vous pouvez éventuellement envoyer les deux plus petits dans le coffre pour libérer de la place devant. Attention cependant à ne pas les laisser mourir derrière.

Bon, prenez mes conseils et faites en bon usage hein ?!
A bientôt !
Ciao

1 commentaire:

  1. Merci pour les conseils J.D. Le 4ème m'a bien fait rire!
    Je pense que les choses se réguleront d'elles-mêmes. Les commerçants retrouveront la raison quand ils verront leurs stocks de marchandises pourrir et charançonner (même comme ce verbe n'existe pas, looll!) en magasins ou au marché puisque le pouvoir d'achat lui n'aura pas changé!
    Quant aux taximen, quand ils auront brûler leur essence avec peu ou sans clients parce qu'ils veulent 250frs (combien de Camerounais peuvent s'offrir ce luxe?), ils prendront les décisions qui s'imposent!
    Quand ils ont augmenté le prix du taxi à 200frs, ça a empêché qui de continuer à proposer et payer 100frs, tsuippp!!!

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