jeudi 26 septembre 2013

Je cherche un appart... Le ndem.

Ahhh me voici donc au Cameroun…

La chaleur, la pluie, les moustiques, le bruit, et la ville de Douala si vivante… Je n’échangerai ça contre les températures décroissantes de Paris en ce moment pour rien au monde. En voiture, les premiers jours, je me suis même surprise à apprécier le bourdonnement des motos qui roulent en essaim.
Mais ça, c’était avant d’expérimenter Ndogkoti à 17h30.
Une fois que je suis passée par là, je n’arrive plus à m’ôter de la tête que je vais commettre un meurtre un jour, et que ma victime sera un moto-taximan.


Mes premiers jours au Cameroun, j’ai voulu faire ce que je pense que tout adulte doit faire lorsqu’il s’installe quelque part : trouver un appartement. Mon indépendance de dix ans, elle vaut de l’or, et je compte bien la préserver, donc pas question de passer par la case maison familiale, fusse-t-elle vide, autrement que pour un très court séjour.

La réalité m’a rattrapée avec une brutalité effarante.

Premièrement, j’ai le choix : subir les embouteillages, ou non. Evidemment, je choisis la deuxieme option. Comprenez moi. J’ai connu pendant des années le métro, la ligne 13 surpeuplée de Paris et ses odeurs euh… exotiques…(seuls les vrais savent), et le périphérique bouché. Donc je tiens à gagner en confort. Bonaberi, bonamoussadi, bassa’a, non merci.Surtout que j'ai pu tester bonaberi et le pont du wouri et que c'est mauvais. En attendant que popol pose la DERNIERE pierre (il bloque déjà la ville pour la première, on en reparlera), c'est non. Il ne me reste plus qu’à vivre « en ville », donc Bonapriso, Bali, Bonanjo, Akwa, où les loyers sont méchants, littéralement. Les bailleurs, sans doute fatigués de devoir chasser des locataires avec la police ou le caterpillar, demandent aussi, comme si ça ne suffisait pas, un an de loyer cash. Et si en France, le bailleur est obligé légalement de n’exiger qu’un mois de loyer en caution, et un mois en avance, au Cameroun, si vous voulez rire, dites un peu à quelqu’un que la « loi » vous protège. Premier ndem.

Le bailleur n'entend pas ça....
Deuxièmement : combien de chambres ? Deux ou trois quand même, on va éviter le studio au pays n’est ce pas, ca serait trop la continuité de nos micro-appart de mbeng. Si je pouvais même avoir une maison, ce serait mieux, mais il me reste une once de bon sens donc je vais d’abord laisser ce fantasme de coté. Donc appartement. Comptez dans le meilleur des cas 200.000 francs CFA par mois. Donc au total 2,4 millions cash.  Peu importe si vos fiches de paies prouvent que vous pouvez payer le montant du loyer sans soucis, le bailleur ne yah pas ça. Deuxième ndem.

Troisièmement : je travaille en zone industrielle, d’un côté où malheureusement il manque des taxis. Donc il me faut une voiture. Comptez deux millions pour une petite starlette. Si vous voulez alors un 4x4 bon courage. D'abord même, si je commence par un 4x4, je vais VRAIMENT tuer un moto taximan. Mais troisième ndem quand même.

Quatrièmement : Non, je n’ai pas mis les meubles IKEA et Conforama de mon salon parisien dans un container. D’ailleurs, ca aurait été peine perdue, ces meubles sont faits pour être montés une seule fois tellement ils ne sont pas solides.  Et puis le container n’est pas gratuit. Donc je dois meubler, à partir de zéro. From scratch. Budget ??!! Quatrième ndem.

Ces ndems, conjugués les uns aux autres, élevent le problème total au dessus de cinq millions.
(o_O)Un chiffre qui m’a donné le tournis. Et je suis revenue à de meilleurs sentiments. Le très court séjour se transforme en court ou moyen séjour, le temps que je recule pour bien sauter.

Donc, pour vous mes lecteurs qui vous préparez à vous installer au Cameroun ou qui y pensez, préparez vous bien et évaluez bien à l’avance vos atouts et vos faiblesses.
A moins qu’on ait de bonnes économies s’élevant autour de dix mille euros et surtout qu'on prefere les bazarder plutôt qu'investir dans un business qui a l'air bien juteux, ou qu’on ait décroché le loto avec un super job où la société loge, offre le container, la voiture de service et/ou une prime de bienvenue (ca c'est1 cas sur 100, voire 1000, on en reparlera),  il faut nécessairement se calmer et prendre de bonnes résolutions pour espérer bien démarrer.

1-     On accepte les mains tendues. C’est à dire s’installe chez des proches un, deux, ou trois mois le temps de compléter ou constituer son pécule de départ. Un crédit à ce stade est un geste que je considère inutile. Posez vous et tatez le terrain.

S-  Si on en a besoin ou meme si on veut juste préserver sa dignité de mbenguiste en fuyant le soleil qui tape à midi quand on attend le taxi (à chacun ses problèmes), on prie pour que ces derniers aient une voiture qui chôme qu’ils peuvent nous prêter, quitte à faire des réparations. Si on est un mec ou une nana avisée, peut être que quelques mois avant, on a fait descendre notre congelé, qui nous attends sur place.

Si vous n’êtes ni lourd, ni n’avez des gens prêts à vous dépanner, ni n’avez décroché le jackpot, alors, perso, je ne vais pas vous en vouloir d’attendre avant de rentrer au Cameroun. La vie n’est pas facile hein.
On se capte.



lundi 23 septembre 2013

Et c'est reparti...

J'ai longtemps cherché une introduction convenable pour mon nouveau blog. Vous savez, du genre, drôle, facile à lire, et pleine d'esprit...  Après des heures de tentatives vaines, je n'ai rien pu trouver et je me suis dit que le plus simple serait encore d'aller droit au but.

Visiblement, les cadavres de mes deux précédents blogs ne m'ont pas découragée, vu que je me remets encore une fois à l'écriture et que j'ouvre un blog. Heureusement, c'est gratuit. Je vais essayer d'expliquer le plus clairement possible pourquoi je tente à nouveau l'aventure, malgré le fait que la longévité de ma motivation soit à questionner.

En vérité, je vous le dis, les autres fois, j'ai réalisé après quelques articles que vociférer ou se contenter de donner son avis (banal) sur des questions (plus que banales) de l'actualité camerounaise n'avait pas de valeur ajoutée réelle. C'est facile d'abandonner quand on se persuade soit même que ce qu'on fait ne sert à rien.Cette fois ci, c'est différent. Je pense sincèrement que cette fois, je peux être utile à certaines personnes....

Pourquoi la donne a changé?

Je vais me présenter d'abord. Pour vous, je suis J.D. J'ai 27 ans, et après une décennie en Europe, je viens de rentrer m'installer au Cameroun. Je ne fais théoriquement rien de spécial, mais autour de moi, les réactions à l'annonce de ma décision m'ont fait réaliser que le retour au pays reste encore de l'ordre de l'aventure pour une très grande proportion de camerounais.

Le guide de survie du camer prévoyant peut se résumer en une phrase : on ne lâche pas une branche saine à laquelle on est bien agrippés pour en attraper une pourrie qui menace de rompre à tout instant. En d'autres termes, on ne rentre pas au Cameroun si on a un travail convenable, des papiers en Europe ou en Amérique, à moins qu'on ne soit héritier, ou alors qu'on ait un très bon piston. Parce que si le Cameroun n'est pas l'enfer, il peut s'en rapprocher à plusieurs égards : corruption, népotisme, tribalisme, chômage, pauvreté, etc... Le résultat de cet état d'esprit est qu'on a une classe de jeunes cadres dynamique camerounais de plus en plus importante pour qui le retour n'est envisageable que dans les fantasmes. Et quand ils ont affaire à des gens comme moi, les réactions vont de la stupéfaction, à l'admiration pour le courage.

Honnêtement, je ne peux en vouloir à personne de penser avant tout à sa sécurité. En ce qui me concerne, j'ai eu peur. Peur de me retrouver engluée dans une vie monotone et sans saveurs, bien réglée autour du sempiternel métro boulot dodo vacances impôts remboursement de multiples prêts.
Au Cameroun, tout est à faire, et lorsqu'on recherche des aventures, il y'en a à foison.
J'ai aussi eu peur de me retrouver à l'âge de la retraite comme ces vieux camerounais de l'occident qui ne se sont jamais déconnectés du pays, consomment camerounais, ne fréquentent que les milieux camerounais, et passent leur temps à discuter et à refaire le monde sans que rien de concret n'en sorte. Le meilleur moyen d'éviter d'avoir des regrets est de tenter sa chance. Et c'est ce que j'ai choisi de faire.

Revenons donc à l'objet de ce blog. Dix ans hors du Cameroun, ce n'est pas rien. Il va falloir me réadapter à notre mode de vie si particulier, il va falloir me fondre dans le moule local. Au fur et à mesure de mes articles, je parlerai de toutes ces choses que je vais être amenée à redécouvrir. Je confirmerai ou j'infirmerai certaines idées reçues, je partagerai mes expériences, mes constats, avec tous ceux qui pourraient se sentir concernés : ceux qui voudraient bien rentrer mais ont peur, ceux qui pensent connaître le Cameroun, mais en réalité n'en savent rien, ceux qui passent leur temps à traiter ceux qui ne rentrent pas de lâches incapables d'affronter les réalités locales. Cette fois, comme le dit Jean Njeunga, je deviens une "femme de terrain". On va donc voir ce que donnera le terrain.

A bientôt!
J.D