lundi 3 février 2014
AES, mon meilleur ami
Hello les gens!
Vous avez passé un bon week end?
Moi pas, surtout de samedi à dimanche.
C'était un Samedi comme tous les autres. La journée a été bien remplie et aux alentours de 22 heures, alors que je m'installais dans mon lit avec mon laptop pour la finir en beauté avec un film, le noir complet et le silence se firent autour de moi : AES a frappé...
Des grognements d'énervement se sont faits entendre. Les voisins n'appréciaient pas. Bon, sur le coup, moi, je n'ai émis aucune plainte. Vraiment aucune. Vous savez pourquoi? Parce que curieusement, depuis que je suis au Cameroun, j'ai très rarement subi les affres des coupures de courant. Bien sûr que c'est déjà arrivé, mais jamais bien longtemps en soirée, à peine quelques minutes. En journée, il paraît que c'est plus long mais à ce moment généralement je suis au bureau, et le groupe électrogène prend le relais donc je n'ai pas le temps de souffrir de la chaleur. Si je n'en suis pas encore au niveau de l'Europe où on ne sait pas ce que veut dire délestage, je ne vis pas non plus de cauchemar.
Donc ce samedi soir là, quand le courant est parti, je n'ai pas paniqué et j'ai continué à regarder sereinement mon film en me disant que l'autonomie de mon ordinateur suffirait, le temps que tout se remette en marche. D'ailleurs, cinq minutes plus tard, le courant est revenu et des clameurs de joie cette fois se sont élevées.
Bien, me suis je dit, avant de me mieux me caler dans mes oreillers. Lone Ranger, Johnny Depp. Comme il n y a pas un seul cinéma dans ce pays et que camtel facture internet à prix d'or, je suis obligée de m'en remettre à la bonté des "téléchargeurs". J'avançais donc gentiment dans mon film quand le courant est à nouveau parti, cinq minutes plus tard.
Hum, là, pointe d'agacement et inquiétude. Parce que généralement, quand ça commence comme ça, ça peut mal finir. Je n'ai rien dit et j'ai continué mon film en espérant que ça revienne à nouveau, après quelques minutes.
Quinze minutes...
Trentes minutes...
Une heure...
La batterie de mon ordinateur a commencé à signaler. Là, une petite voix dans mon esprit a commencé à me dire que ce soir, j'allais prendre de plein fouet la réalité : je suis revenue dans un pays du tiers monde où l'émergence est prévue pour 2035. Dans 21 ans.
20 minutes plus tard, la batterie de mon ordinateur a rendu l'âme et je me suis retrouvée sans activité. Là n'était même pas le plus grave. Il était déjà minuit moins et en temps normal, je chercherais déjà le sommeil (oui un samedi soir...). Mais figurez vous que cette fois là, AES a vraiment décidé d'en finir avec moi. Délestron a frappé de 22h à 9h du matin le lendemain. Et bien évidemment, tout, absolument tout s'est ligué contre moi cette nuit là.
Il faisait une chaleur ACCABLANTE et dehors, le tonnerre grondait, mais la pluie, cette satanée pluie refusait de tomber pour rafraichir l'atmosphère. J'ai ouvert les fenêtres. Erreur stratégique très grave. Après quelques minutes, une mélodie que vous connaissez tous bien a commencé à retentir dans mes oreilles. L'orchestre symphonique El Moutisquos en pleine prestation. J'ai du fermer les fenêtres en catastrophe, pulvériser un insecticide et m'exiler au salon avec le petit ex-mbenguiste jusque là endormi, le temps qu'il (l'insecticide) fasse effet. On va éviter de se chopper un paludisme gratuitement comme ça.
A ce moment, je me suis dit, pourquoi pas une douche. Je me suis dirigée avec un certain plaisir vers la salle de bain pour une bonne douche froide qui me permettrait au moins de trouver le sommeil une fois que les effets de l'insecticide se seraient dissipés et que j'aurais pu regagner mon lit. C'est là que pour compliquer les choses, le petit ex-mbenguiste a commencé à couiner, du petit lit de fortune où je l'ai déposé au salon.
Bon, le petit ex-mbenguiste, c'un petit garçon de bientôt un an, qui m'en voudra certainement à mort une fois qu'il sera devenu un adolescent boutonneux adepte des jordan (où ce qui chauffera à ce moment), de l'avoir fait partir de mbeng, où le froid entretenait son teint et sa peau, pour l'emmener sous la chaleur et les moustiques.
Donc le petit ex-mbenguiste, qui m'avait fait l'immense faveur ce jour là de s'endormir à 20 heures, a commencé à pleurer. D'habitude c'est parce qu'il a perdu sa tétine ou parce qu'il a faim. Mais là, il avait bien sa tétine en bouche et il a refusé le biberon que je lui ai fait. Donc il ne restait que l'option de la chaleur.
J'ai commencé par lui retirer sa grenouillère et à le laisser en body, en espérant que ça aiderait. ça a été le cas... dix minutes. Il a recommencé à pleurer, à moitié endormi. Et puis, idée de génie, j'ai pris un petit cahier et j'ai commencé à lui faire du vent. Et là, surprise, il se rendort paisiblement. Après cinq minutes, le croyant bien rendormi, j'arrête de faire le vent. Trois minutes plus tard, les pleurs redémarrent. Je refais le vent, il repart dans son sommeil. J'arrête, il pleure. Je reprends, il arrête de pleurer.
Et on a joué à ça... TOUTE LA NUIT. Exit la douche, à moins d'être partante pour ses cris stridents et qu'il se réveille pour de vrai....
Alors imaginez moi. Je suis une grosse dormeuse hein, j'assume. J'ai besoin de huit heures de sommeil par jour. Bien évidemment, en règle générale, le petit ex-mbenguiste ne valide pas ce besoin, donc je jongle déjà avec mes réserves. Imaginez donc qu'en plus je doive passer une nuit blanche à faire du vent, sous une chaleur torride....
Mon esprit s'est évadé. Mes yeux étaient grands ouverts et mon bras engourdi à force de ventiler un petit prince gaillardement endormi, mais j'ai rêvé.
J'ai rêvé que le Cameroun mettait en place une vraie politique énergétique. Que notre potentiel hydro-électrique était exploité correctement, et que les sources alternatives étaient explorées. Que nous investissions dans des infrastructures conséquentes nous permettant d'avoir un bon réseau. Que la société de gestion du réseau électrique et la société de distribution se mettaient à fonctionner main dans la main afin que les délestages ne soient plus qu'un lointain souvenir...
Et puis je me suis dit que tant qu'à rêver, autant rêver de choses réalisables plus que de vouloir des choses pour lesquelles on me parlera de 2035 ou même 2053. J'ai rêvé que j'étais riche et que j'avais un groupe électrogène personnel. Voilà, ça c'est plus réaliste que l'autre là.
En bref, j'ai passé une nuit blanche.
Bon début de semaine.
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