mardi 13 mai 2014

La soirée des Jeux universitaires à Douala vue par moi!

Hello

Ce week end, je galérais un peu. En dehors des snacks, restaurants et boites de nuit, on ne peut pas dire que les divertissements font fureur dans la ville de Douala. Enfin, si, peut être... mais il faut chercher les programmes méticuleusement.
Je m'ennuyais donc ce samedi, quand un ami m'a appelée pour me faire une proposition surprenante que j'ai tout de suite acceptée: aller aux jeux universitaires!

Plantons d'abord le décor.

Pour ceux qui ne savent pas, les jeux universitaires c'est quoi? Pendant quelques jours, un grand nombre d'équipes venant d'écoles, universités et instituts à travers le territoire se retrouvent quelque part au Cameroun pour s'affronter dans plusieurs disciplines. En journée donc, place au sport, et le soir, place à la fête, avec des stands et des activités diverses : concerts, concours, etc... Cette année, l'édition s'est tenue à Douala, et c'est quelques milliers d'étudiants venant de tout le Cameroun qui ont convergé vers la capitale économique pour les festivités.

Des évènements de ce genre, j'en ai vécus quelques uns en France, notamment avec le tournoi qui se tient chaque année à Lyon et qui réunit toutes les Grandes Écoles. L'ambiance était toujours très intéressante et animée, même comme à partir de la deuxième année, j'ai limité ma participation aux matchs de basket avec mon équipe, sans aller à la fête le soir. Parce que voyez vous, voir des jeunes brillants en temps normal, regresser mentalement le temps d'une soirée, se saouler à la Kronenburg, se mettre à courir nus sur la pelouse du terrain de foot par un froid glacial et faire le concours de celui qui pisse le plus loin, danser gauchement sur de la musique qui tambourine toute la nuit, c'est drôle la première fois... seulement.

On m'a donc donné l'occasion de voir et comparer. Quelle serait l'ambiance au Cameroun?

Au départ je me suis demandé ce que des "vieux" comme nous iraient faire à la soirée de clôture des jeux universitaires. Nous étions six, parmi lesquels seulement deux étudiants et une seule fille, moi. J'ai compris après quelques échanges que seule ma présence serait la plus suspecte de tous. Les jeunes cadres dynamiques mâles affectionneraient cet évènement : abondance, non, plutôt surabondance de chair fraîche facilement influençable par des arguments du type... "Je travaille à la BICEC".
Bon, je suis quand même partie. Si d'aventure, on me confondait à une étudiante, je pense que j'étais suffisamment bien entourée pour qu'un jeune cadre en chasse ne s'aventure à me demander mon prix.

21h Samedi soir, en route pour le campus de l'université de Douala à Ange Raphaël. A l'approche, la masse humaine se fait de plus en plus dense et les inévitables embouteillages commencent. L'un d'entre nous, ancien étudiant à Douala, maîtrise heureusement les raccourcis dans le coin et nous guide dans vers un "mapane" dans lequel je m'engage, à la suite de plusieurs voitures qui ont eu la même idée que nous. On s'engouffre dans ce qui semblerait être un marché et on avance cahin cahan quand, quasiment arrivés à la délivrance, on tombe sur une barrière et tout le monde doit s'arrêter. Une bande de jeunes bloque la route avec des tables empilées et un grand bâton. "Ceux qui veulent passer, paient".
Bon, dans ce genre de cas, il faut être très très prudent. Il fait nuit, on est au milieu d'un quartier dont aucun de nous n'est ressortissant, face à des jeunes qui semblent décidés à avoir leur bière du soir. Descendre gueuler? Mauvaise, très mauvaise idée. Faire demi-tour? Impossible, des voitures klaxonnent déjà derrière nous, ne sachant pas ce qui se passe. Finalement, le conducteur du véhicule avant nous paie, un de nous descend également payer, et on peut avancer. Le Cameroun, c'est le Cameroun, à mon plus grand regret.
On arrive finalement, on gare quelque part et on entre dans l'université où la fête bat son plein.

Première remarque : la foule est dense, très très dense. On a beaucoup de mal à circuler à travers les stands et les tables toutes remplies.
 Des groupes sont assis et devisent malgré le bruit assourdissant. Les bières coulent, à flot. Les cadavres de bouteilles s'amoncellent sur les tables et je sens qu'une partie des gens sont déjà bien "en joie". Je ne peux pas faire ma mauvaise langue et dire que la jeunesse camerounaise est la plus alcoolique de la terre. Des montagnes de bière, j'en ai aussi vues ailleurs. En milieu universitaire, je crois qu'en dehors des pays comme l’Arabie saoudite, c'est un peu le règne de l'alcool. Et la jeunesse camerounaise s'y donne à cœur joie.
L'ambiance y est vraiment, dans tous les cas. Les baffles diffusent de la musique assourdissante, les tubes du moment, et de temps en temps sur une table, un ou une "enjaillé(e)" monte pour esquisser des pas de danse qui suscitent des applaudissements de ses confrères. "J'ai envie de... hummm... envie de... hummm". Et le jeune homme de mimer le coup de rein qui permettra d'étancher la soif de Coco Argentée.
Pourquoi les seules chansons de bikutsi que l'opinion veut bien rendre populaires sont sauvages heyy, pourquoi, oh why, why.... Bon, pas de digression.

J'ai rapidement eu l'occasion de constater que la chasse était vraiment ouverte et qu'elle était facile, surtout que les proies ne se mettaient pas à couvert. Je ne sais pas où en est la loi sur les DVD (dos et ventre dehors) mais Samedi soir à Ange Raphael, elle n'existait pas. Les arguments étaient mis en évidence, les guirlandes et les peintures de Noël étaient bien en place. Sassayéééé!
Aaaaah pourquoi faire ma mauvaise langue et refuser de laisser ces jeunes filles exprimer leur potentiel! Changes, Ex, changes...Bref.
Et puis les JCD étaient là, certains avec même leur anneau scintillant à l'annulaire hein. Il y a quoi, ça ne pose pas de problème à Marlène X. Quand je passe, je sens les regards braqués sur moi, mais ce n'est pas parce que je suis trop belle hein, chaque fille qui passe fait l'objet d'un examen détaillé. Et si le produit te convient, tu te rapproches pour savoir d'où elle vient et tu essaies d'échanger une ou deux phrases avec elle. Juste de quoi lui dire en fait, "salut, moi c'est marc, je suis cadre à AES Sonel, toi tu es étudiante où?". Cadre + Une grosse boite de la place = un salaire régulier = un pointeur potentiel. Bon candidat.
Je marchais avec cinq gars, trois devant et deux derrière, mais il y a quand même un petit plaisantin qui m'a touché le bras "bonsoir beauté". Ça m'a fait rire. Il devait être en seconde quand j'obtenais mon diplôme de bac+5. La fougue de la jeunesse. Il s'est fait bousculé la seconde qui a suivi par la personne juste derrière moi. La vie n'est pas facile hein.
La bouffe aussi est au rendez vous : poisson, brochettes, et consort. J'ai essayé des brochettes de porc faites par une étudiantes, elles étaient excellentes. En les mangeant, j'ai quand même fait une courte prière, parce qu'à la radio durant toute la semaine j'ai entendu parler des cas de diarrhée au cours de ces jeux... Bon, à ce jour, mon ventre va bien donc ma prière a été exaucée!
Après les brochettes, un petit tour de campus. Il y avait un concert pour lequel nous sommes malheureusement arrivés à la fin, des concours de danse, et puis le clou du spectacle : de la fornication en plein air.
Oui, vous avez bien lu.
Alors, au cours des jeux universitaires, quand la bière a déjà coulé à flot et que les atomes crochus se sont déjà crochetés, il est parfois humainement impossible  pour les nouveaux tourtereaux de trouver le chemin d'une chambre ou d'un hôtel. Le gazon, les bosquets et les fourrés font l'affaire. Sodome et Gomorrhe dans leur splendeur. Un bon plaisantin pourrait se munir d'une torche et d'un appareil photo pour immortaliser ces moments. Moi je n'en ai pas eu le courage. M'aventurer comme ça sur des scènes de crime, j'ai quand même un reste de pudeur hein...
Et puis à un moment j'ai quand même voulu sortir mon appareil photo dont je ne me sépare jamais pour immortaliser une affiche qui m'a choquée : sur le sol d'une université, on écrit et on affiche le mot revAndiquer... Mais à peine je l'avais sorti que dix mètres plus loin,pas moins de dix gars ont plongé en même temps sur un individu que je n'ai pas bien vu, quelqu'un qui apparemment s'amusait à faire les poches et les sacs. Les pick pockets sont toujours au rendez vous donc je me suis dit que c'était préférable que je range cet appareil et que je tienne bien mon sac, surtout que j'ai déjà perdu un appareil photo dans des conditions suspectes.

Finalement, après deux heures et demi sur place, nous sommes partis pour de nouveaux horizons. L'expérience était intéressante. J'ai senti l'esprit festif, et j'ai apprécié le fait que dans l'océan de doléances et de complaintes qui font le lot quotidien de nos étudiants, il y ait des évènements de ce type pour les divertir. Quelqu'un a dit que c'était pour mieux les endormir. C'est possible mais c'est une action positive.
Pour ce qui est des péchés (lol), j'ai confirmé qu'au Cameroun comme à l'étranger, ce genre d'évènements tourne autour des mêmes choses. Sport, fête, alcool, débauche. Bonnet blanc, blanc bonnet. J'avoue avoir préféré l'ambiance du pays. Nous avons des danseurs ici hein... Moi je préfère regarder un jeune camerounais danser pala pala qu'un jeune français qui dit qu'il danse David Guetta.

Si j'ai quand même un petit bémol à apporter, ce serait du point de vue de la sécurité. Tout était très touffu, avec des fils électriques de tous les cotés pour alimenter les stands. Un incendie se serait déclaré qu'on aurait certainement fini à CNN et Euronews avec des centaines de morts parce que la promiscuité et la foule se prêtaient bien au drame. Heureusement, ça ne s'est pas passé, mais les organisateurs devraient être plus rigoureux sur l'agencement des stands et les branchements électriques. On n'attend pas qu'un drame se produise pour tirer des leçons...

DSC_00060Je regrette de ne pas avoir vu les mascottes, le porc de Dschang ou le mouton de Ngaoundéré, les épreuves sportives et les fans clubs en journée. Surtout que la fête reviendra à Douala dans je ne sais combien d'années.Il est donc fort peu probable que j'assiste encore à cet évènement un jour. Mais je peux dire que ça en valait quand même la peine.
Bref...
Voilà pour mon expérience aux JU.
A plus
Ciao

2 commentaires:

  1. J'étais aux JU de Douala en 2002 et ceux de Yaoundé en 2003. C'est vrai que c'est une belle parenthèse pour les étudiants galériens du Cameroun que nous étions et bien plus intéressants que les jeux des grandes écoles que j'ai vu ici. Le plus intéressant pour moi c'était de voir la créativité de certains étudiants, des talents inexploités qui exprimaient leurs idées à travers l'organisation et la mise en place des différents fans club. Celui de Yaoundé 1 (la bombe atomique) étant le plus populaire et le plus emblématique. J'ai passé d’excellents jeux et j'en garde toujours de très bon souvenirs.
    Mais mon souvenir le plus wandayant reste Douala 2002: un petit gamin (à qui j'aurais donné 12 ans au plus) m'a accosté avec insistance. Heureusement que j'étais aussi accompagné de gros bras. J'étais tellement étonné de cette approche mais le gamin avant de partir découragé m'a répondu "parceque quoi? Si je mets ça ne va pas entrer?". Purééeeeee, j'ai eu un choc!!!!!

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  2. C'est toujours captivant une nouvelle expérience....

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